Blockchain et FinTech: les entremetteuses de la transformation digitale des banques
La FinTech et la blockchain secouent les secteurs « banque, assurance et finance », selon un rapport du cabinet conseil Investance.
La blockchain et la FinTech occupent une part prépondérante dans ce document synthétique et intéressant à lire pour bien comprendre les enjeux de transformation digitale qui secouent le monde des banques, des assurances et plus globalement des marchés financiers.
Le cabinet conseil Investance Partners (stratégie et gestion du changement de l’industrie financière) vient de publier son nouveau rapport annuel « Year Ahead » sur les secousses subies par la banque, la finance et l’assurance.
Trois univers qui doivent appréhender une accélération de l’innovation technologique. Une tendance à rapprocher avec des paramètres connexes : réglementation & conformité, évolution des usages de services bancaires, et une concurrence accrue avec des start-up FinTech qui profitent de leur agilité pour bousculer les mammouths du secteur financier.
Ce rapport permet de balayer un certain nombre de thèmes porteurs : transformation des groupes, cyber-sécurité, blockchain, big data, robo-advisor et assurance-vie, évolution des métiers avec le méli-mélo des CDO (Chief Data Officer vs Chief Digital Officer*)…
Pour enrichir son rapport Year Ahead sur les tendances perçues dans les univers de prédilection couverts par Investance Partners, le cabinet conseil parisien s’appuie cinq laboratoires thématiques*, des experts pour accompagner les clients (200 collaborateurs pour une quarantaine actifs) répartis sur 7 pôles d’activités.
Lors d’un déjeuner presse organisé le 16 mars, nous retrouvons Franck Dahan, Président d’Investance Partners, que nous avions interviewé en vidéo un an plus tôt dans le cadre de la dernière session Le Meilleur Dev’ de France.
Il a précisé les objectifs de développement de sa structure pour devenir le leader dans son domaine à l’horizon 2020.
L’effectif de sa société devrait doubler à cette échéance (400 collaborateurs), tout comme le nombre de clients actifs (80) en pariant sur une vision à l’international (entre Londres, New York, Hong Kong et Singapour).
Mais Franck Dahan a surtout laissé la parole à un pool d’experts de son cabinet conseils pour évoquer 7 thèmes du rapport Year Ahead perçus comme les grands changements sectoriels à suivre dans la banque, la finance et l’assurance.
FinTech : elle grignote partout par segments
Ali Esmaili (Partner Assurance) a évoqué la montée en puissance des robo-advisors dans le monde de l’assurance, qui devrait permettre de « démocratiser l’accès à des produits d’assurance vie via des start-up et des conseillers automatisés ».
On peut citer le cas de Yomoni (qui a récemment levé 5 millions d’euros auprès de Crédit Mutuel Arkea). Mais cette évolution vers « une démocratisation » s’accompagnera d’un durcissement de la règlementation, notamment en termes de « traçabilité des produits conseillés » et de « l’archivage ».
Pour sa part, Pierre Guérin (Manager Retail Banking) a évoqué la digitalisation des réseaux physiques, qui se concrétisent par de multiples programmes stratégiques enclenchés par des groupes bancaires comme BNP Paribas ou BPCE.
Cette semaine, Société Générale a annoncé son intention d’investir 250 millions d’euros supplémentaires sur un an pour accélérer la transformation des réseaux en France.
Une transformation qui comprend une réduction des parcs d’agences déployées au niveau national et un déplacement des investissements vers des offres 100% digitales.
Pierre Guérin a aussi évoqué l’effervescence FinTech qui aboutit à des passerelles entre start-up et banques mais aussi entre start-up pour développer des approches neo-banques (partenariat entre N26 et TransferWise par exemple).
On recense 350 FinTech en France dans des segments comme les domaines des moyens de paiement, des plateformes de prêts et de financement participatif et la gestion de compte.
Blockchain : des process de banque ciblés
De son côté, Christophe Lancelot monte d’un cran en mode disruptif avec la blockchain. Une technologie qui va monter en puissance avec des investissements croissants : de 600 millions de dollars en 2016 à un milliard de dollars à l’horizon 2020. Elle aura un impact sur des volets comme les business models, la réduction des risques et les coûts de fonctionnement.
Et elle touchera des process ciblés comme les règlements-livraisons, l’onboarding client (KYC ou la manière d’apprendre son client), la gestion du collatéral, la gestion des reporting règlementaires, le trade finance et la gestion des paiements, évoque dans sa contribution dans le rapport « Year Ahead ».
Au cours du déjeuner, l’expert souligne aussi quelques limites de la Blockchain en termes de performance, de sécurité et de flou juridique.
L’angle cyberattaque est abordé par Laurence Barroin (Associate Partner Finance-Risques-Conformité). Les banques sont très exposées à ces risques, au regard de l’appât de l’argent qui attire les cybercriminels.
Le préjudice global de la cybercriminalité, tous pans d’activités confondus, est évalué à 400 milliards de dollars par an. Alors que les services financiers et d’assurance concentraient 10% des attaques en 2015 (source rapport M-Trends).
Les groupes financiers n’ont pas le choix : ils doivent augmenter leur investissement dans la sécurité IT face à des pirates qui ont appris à industrialiser leur process d’attaques entre massification (phishing visant les clients des banques) et personnalisation par assaut ciblé (spearphishing visant plutôt un collaborateur spécifique).
Laurence Barroin a également évoqué l’apport de la règlementation européenne (directive NIS) et française (loi pour le numérique d’Axelle Lemaire qui renforce les pouvoirs de la CNIL en termes de sanctions face à des manquements dans la protection des données personnelles) pour renforcer la sécurité IT.
RPA : la vague du robot logiciel touche aussi la banque
Autre lame de fond évoqué par la senior consultant Claire Tessier : la robotic process automation (RPA), ces robots logiciels qui prennent de plus en plus d’importance sous forme d’assistants virtuels dans les apps.
Lors de son intervention, l’experte a notamment mis l’accent sur cette innovation pour dynamiser les services financiers. Mais aussi sur l’impact lié à la généralisation de la robotique. Selon une étude de l’OCDE de juin 2016, 9% des emplois seraient automatisables.
On trouve une illustration de cette vague d’agents conversationnels dans l’actu du jour : Société Générale annonce un partenariat avec le chatbot Jam disponible sur Facebook Messenger pour expérimenter des réponses et conseils à la génération Millenium (financement des études et projets, solutions de paiement, préparation d’un voyage à l’international…).
Sur le front de l’assurance, Christophe Berland a évoque l’exploitation big data du secteur à des fins de « modulation prédictive ». Les groupes concernés pourront traiter en volume leurs données pour mieux les disséquer en vue de mieux prévoir la survenance des événements et d’affiner au final les offres d’assurances par segment de clients. Mais, là aussi, la règlementation sera plus encadrée en termes de qualité et de contrôle des données.
Quant à Sylvie Monthorin-Racapé, elle a évoque la règlementation MIFID2 (applicable en 2018) portant sur la transparence en matière de frais appliqués et de rénumération des promoteurs de produits financiers (banques, asset managers…).
Un sujet sur lequel des start-up comme Grisbee, WeSave ou Yomoni surfent pour capter une clientèle qui voudrait se détourner des offres traditionnelles pour adopter des modèles d’assurance low cost.
Pour disposer le rapport « Year Ahead » (25 tribunes d’Investance Partners avec la participation de l’ACPR, d’Amundi, des FinTech LemonWay, Lingua Custodia, Unilend et du pôle de compétitivité mondial Finance Innovation), rendez-vous sur le site Internet d’Investance Partners en suivant directement ce lien et remplissez le formulaire en ligne pour recevoir un exemplaire.
*5 labs thématiques : Fintech, Robotic Process Automation (RPA), blockchain, transformation digitale, data
(Crédits photos : N26 via Instagram + Investance via Twitter)