Levée de fonds : Reach five active le levier IT for Equity
Le premier tour de table de Reach five (social marketing) s’est déroulé pour partie sous forme d’IT for Equity. Retour sur cette opération et ses modalités.
Ouvrir son capital à un partenaire en échange de ressources pour développer un produit et accélérer sa mise sur le marché : c’est le principe de l’IT for Equity.
Reach five a recouru à ce mode de financement dans le cadre de son premier tour de table.
La start-up basée à La Défense (Hauts-de-Seine) a levé 450 000 euros dans le cadre de cette opération à laquelle a contribué Takara Capital, un club luxembourgeois d’investisseurs en capital-innovation.
Cet apport va lui permettre d’accélérer – avec un focus sur l’Europe – le déploiement de sa plate-forme cloud de « social data marketing » que des références comme Arte, Skoda et Boulanger exploitent actuellement pour bénéficier d’une vision complète de leurs clients, retenir leur attention, les convertir et les fidéliser.
« Social data »…
Pour Reach five, l’aventure débute en 2013 à Arcueil (Val-de-Marne). Jérémy Dallois et Bahaaldine Azarmi, qui se sont rencontrés chez Talend, montent un projet de réseau social facilitant la prise de décision en y associant des amis.
Les investissements requis pour créer une communauté convainquent les deux associés de rediriger leur activité vers le BtoB, tout en restant orientés sur la dimension des réseaux sociaux à travers l’exploitation de données.
Facebook, Twitter, Google+, LinkedIn, Instagram… Autant de plates-formes aujourd’hui centrales dans l’offre de Reach five, via l’outil Social Identity Management, avec lequel les marques peuvent proposer aux internautes de se connecter à leurs applications via des profils sociaux.
En plus d’augmenter les taux d’inscription et de diminuer les taux d’abandon de paniers, ce dispositif permet de collecter des données qualitatives.
Plusieurs leviers sont exploitables. On citera les « Snap Polls », ces sondages auxquels sont associées diverses « récompenses » – comme une remise préférentielle – en échange desquelles l’internaute devra accepter de partager certaines informations.
Ces dernières alimentent une stratégie de ciblage et plus particulièrement un moteur de recommandation destiné à personnaliser l’expérience utilisateur (le fameux « Pousser le bon contenu à la bonne personne au bon moment »).
… et marketing
La connexion aux API des réseaux sociaux susmentionnés élargit les capacités de la plate-forme de Reach five, par exemple via le Social Graph de Facebook pour aller explorer les cercles d’amis.
Les données associées à chaque interaction peuvent aussi être mises en relation avec des CRM comme Salesforce pour améliorer le profilage et augmenter la puissance des campagnes.
Le tout est commercialisé sur le modèle de l’abonnement annuel. « On part généralement sur des projets d’au moins deux ans », nous confie Jérémy Dallois.
Contacté par téléphone, le président-cofondateur de Reach five revient sur son choix de l’IT for Equity. « En 2014, on ‘éprouvait’ notre modèle économique et on s’est aperçu qu’il manquait une corde à notre arc : de quoi analyser les données non structurées collectées auprès des utilisateurs pour les mettre à disposition des clients ».
Jérémy Dallois se demande alors s’il existe déjà un éditeur avec lequel un partenariat pourrait être envisagé. Il part en prospection sur le marché et prend contact, en juillet 2014, avec Graphinium. Cette jeune pousse incubée à l’ESSEC est spécialisée dans le « social commerce » et le « social CRM ». Ses solutions SaaS permettent aux marques de mieux connaître leur communauté de fans sur les réseaux sociaux.
En septembre 2014, une offre commune est créée et un premier contrat est signé avec Boulanger. « Par la suite, on a décidé de s’associer pour que l’offre soit portée par une seule entreprise : Reach five [qui s’est appelé Reach5 jusqu’en début d’année 2015, ndlr] », explique Jérémy Dallois. Et d’ajouter : « Graphinium a apporté sa propriété intellectuelle et ses technologies de big data social. C’est un peu comme si on avait les avions et qu’on y associait les aéroports ».
Recherche CTO
Difficile, à première vue, de s’imaginer que Reach five ait connu une telle dynamique : sur son site Internet, le siège est encore signalé dans le Val-de-Marne et le numéro de téléphone dans la rubrique « Contact » n’est plus attribué.
Un élément attire toutefois l’attention : Bahaaldine Azarmi n’occupe plus le poste de directeur technique. Il a quitté ses fonctions au mois de mai, direction Elastic, un spécialiste de l’extraction, de la recherche, de l’analyse et de la visualisation de données.
À en croire Jérémy Dallois, son ex-associé a « souhaité de lui-même quitter l’aventure ». Nous n’obtiendrons pas plus de précisions sur ce point. Mais on prendra soin de relever le fait que Nabil Benzira, CTO et cofondateur de Graphinium, est désormais titulaire au même poste chez Reach five.
« On nommera bientôt un CTO », assure Jérémy Dallois, qui précise rester, après cette levée de fonds, associé majoritaire de son entreprise.
Quant à Graphinium, il ne s’agit pas d’un concurrent, tout du moins dans l’état actuel : la start-up s’est focalisée sur une solution d’onboarding CRM baptisée CRM4D et destinée à enrichir les bases clients en important, sous forme numérique, des données issues de sources par nature hors ligne : achats en magasin, service client par téléphone…
Passé par l’incubateur Télécom ParisTech et lauréat 2015 du concours Tremplin Entreprises coorganisé en février par l’Essec et le Sénat, Reach five mise sur les briques technologiques AngularJS, Polymer, Node.js, Couchbase et Elasticsearch pour conquérir le marché européen.
« Nos principaux concurrents, l’Israélien Gigya et l’Américain Janrain, sont surtout présents aux États-Unis », nous glisse Jérémy Dallois. Mais il va falloir faire vite. Le partenariat avec Graphinium s’inscrit dans cette logique.
A voir en complément, l’interview – réalisée en juin 2014 – de Jimi Fontaine, qui présente la société Graphinium, dont il est fondateur.
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