Interview Pierre-Mayeul de Nicolay – Bring4You : « Nous voulons uberiser le marché du colis »

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Pierre-Mayeul de Nicolay

Co-fondateur et DG de Bring4You, Pierre-Mayeul de Nicolay entend « uberiser le marché du colis » et bousculer quelques grands noms de la logistique (La Poste, DHL, UPS ou encore FedEx).

ITespresso.fr : Bring4you veut « uberiser » le marché du colis. Quelle est la taille de ce marché ? Quelles sont vos ambitions pour 2020 ?

Pierre-Mayeul de Nicolay : Effectivement, nous voulons « uberiser » le marché du colis. Cette volonté découle de plusieurs observations de la vie quotidienne.

D’une part, l’économie collaborative a changé radicalement la façon dont nous vivons et voyageons. Bon marché, simple et efficace, nous sommes des millions de consommateurs a avoir expérimenté et adopté ce nouveau mode de commerce.

D’autre part, surpris par le manque de souplesse des industries de livraison, que ce soit en terme de prix ou de délai, nous constatons que les hommes voyagent aujourd’hui plus vite et plus facilement que leurs colis. Il y a donc clairement une opportunité d’uberisation.

C’est en plus un énorme marché! On estime à plus de 300 millions le nombre de colis envoyés par an, rien qu’en France. Ce n’est pas un hasard si Roadie, une start-up qui s’est lancé sur ce créneau aux Etats-Unis, a récemment levé 10 millions de dollars.

Nos ambitions pour 2020: offrir aux particuliers du monde entier la meilleure expérience de livraison qui soit.

Notre objectif est de permettre aux particuliers non seulement de se faire livrer leurs biens partout dans le monde mais aussi de faire acheter et livrer les biens qu’ils n’ont pas dans leur pays.

ITespresso.fr : Pourquoi se limiter au marché des colis et ne pas entrer – comme d’autres jeunes pousses françaises ou allemandes – sur le segment très proche de la restauration à domicile ?

Pierre-Mayeul de Nicolay : Le marché de la restauration à domicile est effectivement très en vogue en ce moment. On peut voir à Paris à quel point ce marché est devenu ultra-concurrentiel.

Nous sommes novateurs sur notre marché et nous pensons que le marché de la livraison de colis est potentiellement bien plus gros que celui de la restauration à domicile.

Nous n’avons aucun doute sur le fait que d’ici quelques années, il y a aura un géant de la livraison de colis version économie collaborative !

ITespresso.fr : Justement, des géants comme Amazon ou Uber se pré-positionnent également sur ce segment. Peut-on uberiser…UBER ?

Pierre-Mayeul de Nicolay : Nous ne sommes pas vraiment sur le même marché. Uber se positionne sur les courtes distances où la livraison a lieu le jour même comme la livraison de plats à domicile à Paris avec “Uber Eats”.

Notre solution s’adresse aux personnes ayant des difficultés à transporter des objets sur de plus longues distances. Avec Bring4You le transport d’objets ne se limite également pas qu’à la voiture.

ITespresso.fr : Le crowdsourcing des livreurs (co-livraison) n’est elle pas également menacée par la robotisation et les drones ? 

Pierre-Mayeul de Nicolay : Nous voyons plutôt cela comme une opportunité à long terme car la guerre des drones ne fait que commencer. Leur capacité de livraison étant limitée, ils interviendraient en complément de l’offre.

Même si un service à la Star Wars peut paraître sympathique et efficace, l’expérience collaborative nous semble irremplaçable.

ITespresso.fr : Axelle Lemaire était comme vous au Web Summit pour soutenir la French Tech. Selon vous, les pouvoirs publics vont-ils encourager des services disruptifs comme le vôtre ou au contraire, céder aux pressions corporatistes de groupes établis (La Poste…) ?

Pierre-Mayeul de Nicolay :La France favorise l’écosystème des start-up et veut voir de belles réussites comme Blablacar.

En ce qui nous concerne, nous répondons à une demande qui n’a actuellement pas de solution optimale. La Poste n’offre pas de réelle solution pour transporter des objets encombrants. Qui a déjà envoyé une chaise par la Poste ? C’est une réponse spécifique à une demande spécifique, à laquelle les pouvoirs publiques seront très certainement favorables.

Par ailleurs, la Poste est consciente de ses limites. Elle a récemment pris une participation de 20 % dans Stuart, une entreprise française spécialisée dans la course urbaine urgente. Une collaboration n’est donc pas à exclure. Dans tous les cas, n’attendez pas la prochaine grève de la Poste pour tester notre plateforme !

equipe brings4you

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