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2004, année de la télévision sur la ligne téléphonique

« Aujourd’hui à Lyon, nous inaugurons avec TPS une nouvelle manière de regarder la télévision ». Comme prévu (voir édition du 17 décembre 2003), Thierry Breton, le président de France Télécom, a inauguré le lancement officiel de MaLigne TV, service innovant de distribution de programmes télévisés sur la ligne téléphonique. Cette offre basée sur « la puissance de l’ADSL et de la compression numérique associées à une architecture de réseau sécurisée (via le cryptage Viaccess qui assure l’identification du décodeur et de la ligne, ndlr) illustre notre volonté d’innover dans une logique de partenariat », a commenté Thierry Breton. Le partenaire en question est, pour l’heure, TPS L, la version en ligne du bouquet satellite TPS. MaLigne TV est proposé à 16 euros par mois. Ce prix comprend le décodeur des programmes TV et le modem propriétaire à France Télécom mais pas l’accès aux dits programmes. TPS L, qui fournit notamment TPS Star (chaîne premium qui fournit un cocktail de cinéma et d’événements sportifs) ainsi que six chaînes cinéma (TPS Cinema, Cinestar…), des chaînes familiales (documentaires, dessins animés, séries…) et les chaînes nationales, est proposé à 21 euros. Enfin, MaLigne TV est complété par une série de programmes à la carte (cinéma et autre) facturés entre 0,5 et 7 euros l’émission.

Mais TPS L ne devrait pas rester le partenaire exclusif de MaLigne TV. Si Patrick Lelay, PDG de TPS a choisi de travailler exclusivement avec France Télécom sur ce nouveau mode de distribution, son concurrent le plus direct, Canal +/Canal Satellite finalise un accord de distribution avec l’opérateur historique. Contrairement à TPS, le groupe Canal + ne souhaite pas limiter son réseau de diffusion à MaLigne TV et a également signé avec LDCom et Cegetel pour une offre attendue en février 2004. Une stratégie qui permettra aux spectateurs d’une même ville de choisir indifféremment LDCom, Cegetel ou France Télécom comme opérateur de fournisseur d’accès. TPS L ne sera accessible qu’à travers l’offre de France Télécom qui, d’une certaine manière, « ferme » son réseau par l’intermédiaire de son modem propriétaire. Celui-ci permettra de simultanément regarder la télévision et exploiter les services interactifs liés, surfer sur Internet (sous réserve de bénéficier d’un abonnement auprès d’un FAI non dégroupé) et téléphoner. De leur côté, LDCom et Cegetel promettent de rester compatibles avec les équipements ADSL actuels ce qui théoriquement permettra à un abonnés de souscrire à leur offre audiovisuelle sans avoir à changer à son accès haut débit.

10 millions de foyers en 2005

Un esprit d’ouverture indispensable si les deux principaux opérateurs alternatifs du dégroupage veulent s’imposer sur ce nouveau marché. Car si leur réseau est développé (11 000 kilomètres pour LDCom, 20 000 pour Cegetel), il est loin d’égaler les capacités d’acheminement de France Télécom. Rappelons que ces services de télévision sur ligne téléphonique sont inhérents à l’ADSL, lequel se déploie sur le réseau de France Télécom ou sur celui des opérateurs alternatifs à travers le dégroupage (plus lent à se mettre en place). Les opérateurs alternatifs ne peuvent s’appuyer pour le moment que sur quelques centaines de milliers de lignes dégroupés (230 138 lignes au 1er décembre 2003). La direction de Free nous confiait son objectif d’atteindre le million d’abonné (haut débit et bas débit confondus) pour fin 2005 (voir édition du 24 juillet 2003). LDCom, de son côté, vise les 500 000 lignes dégroupées pour fin 2004 (voir édition du 30 septembre 2003). On est très loin des 10 millions de foyers couverts d’ici 2005-2006 escomptés par l’opérateur dominant.

Après le service de Free lancé le 1er décembre(voir édition du 27 novembre 2003), celui de France Télécom aujourd’hui et bientôt ceux de LDCom et Cegetel, l’année 2004 marquera le véritable départ de la télévision sur l’ADSL. Impensable il y a encore quelques années, ce service innovant pourrait réussir là où la câble peine à s’imposer. Notamment dans l’offre de la télévision à la demande qui n’est rien d’autre qu’une forme de vidéo club à domicile. Si, pour Free, la diffusion de programmes audiovisuels sur son réseau est perçu comme un produit d’appel à son forfait haut débit (la direction déclare notamment ne pas gagner d’argent sur ce service), c’est également un moyen de remplir les tuyaux des opérateurs, dominants comme alternatifs. Quant aux diffuseurs, l’ADSL élargit leur réseau de diffusion, notamment au coeur des villes où le satellite se heurte à la concurrence du câble.

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