Décrit quasi-exclusivement dans les médias de masse sous l’angle de l’enfer des conflits militaires, le Proche-Orient est aussi un paradis pour les nouvelles technologies et la R&D. La démarche de Bootcamp Ventures, qui finance nombre de start-up régionales, mais aussi ailleurs dans le monde, était intéressant à analyser.
Nous avons pu poser trois questions à Esther Loewy, associée fondatrice de Bootcamp Ventures, qui s’exprime sur cette question fondamentale du financement des start-up technologiques au Proche-Orient, principalement en Turquie et en Israël. Ce, quelques jours seulement après l’organisation par Bootcamp Ventures d’un évènement dédié à cette question fondamentale à Istanbul, Turquie.
Esther Loewy a une grande réputation dans la construction de la notoriété des marques et dans l’investissement à l’échelle mondiale pour une grande variété de sociétés dans les domaines de l’Internet, de l’édition, des technologies de l’information avec des sociétés telles que theglobe.com, Power Pape ou encore Alvarion.
Experte du conseil et de la finance, mais aussi de la négociation et de l’image de marque des entreprises technologiques, elle travaille de manière intensive pour cultiver les relations entre les les investisseurs internationaux et les entreprises.
Cette titulaire d’un MBA de la Kellogg School of Management est membre du Experiential Marketing Forum’s international advisory board. Elle a été à de multiples reprises juré de concours internationaux organisés par des grands noms de la high-tech, Intel et IBM en tête, et participe à des groupes d’experts internationaux sur l’entrepreneuriat et l’investissement.
ITespresso.fr : Bootcamp Ventures est un acteur prometteur dans le domaine du capital-risque. Comment peut-on décrire votre activité, votre ambition et votre stratégie, en particulier au Moyen-Orient ?
Esther Loewy : Nous avons créé une plate-forme permettant aux investisseurs internationaux de rencontrer les start-up technologiques. Nous organisons des évènements – tel que notre « Innovation Exchange » dont nous avons aussi développé une version en ligne baptisée Global Innovation Exchange, nous y créons sur le Net un lien efficace entre investisseurs et entreprises.
En termes géographiques, nous avons vraiment une vision mondiale, sommes en connexion avec les USA bien sûr mais en tout plus de 20 pays dans le monde. Nous sommes basés en Israël, mais aussi en Turquie, ainsi que dans d’autres pays. Notre volonté est de concentrer nos efforts sur les business et les domaines de recherche dans les secteurs les plus prometteurs.
ITespresso.fr : Vous avez récemment organisé une conférence à Istanbul en Turquie, dédiée à l’innovation. Quels en étaient les buts ? Et quels furent les résultats tangibles d’un tel grand évènement ?
Esther Loewy : Les buts visés par cet évènement furent de faire venir à Istanbul des investisseurs étrangers dans les technologies en quête de nouveaux investissements de qualité sur un marché émergent en pleine croissance.
Les résultats obtenus ont été fantastiques et ont sans doute dépassé nos prévisions : nous avons eu la visite des investisseurs provenant de nombreux pays, 20 entreprises passionnantes, une couverture média incroyable émanant aussi bien de la presse business que de la presse technique.
La Turquie est un grand pays, très différent d’Israël ou des pays d’Europe occidentale, les sociétés turques sont très intéressantes et très intéressées pour se développer à l’international. Le monde peut s’intéresser à ce qui s’y passe et profiter de sa croissance économique.
ITespresso.fr : Selon vous, qu’est-ce qui explique que le capital-risque, le financement de l’innovation et les start-up soient si forts en Israël ? Comment l’Europe, y compris la France, pourrait s’inspirer de cet exemple ?
Esther Loewy : Je vous ai précisé que nous étions également installés en Turquie et dans la Silicon Valley. Nous ne sommes donc pas une société spécifiquement israélienne. Mais nous estimons que l’ADN d’Israël est quelque chose d’unique, comme s’il s’agissait de quelqu’un qui ne se contente pas d’une seule réponse à une question, qui cherche toujours une façon plus innovante, un meilleur moyen, un meilleur chemin pour faire les choses, qui ne puisse pas se faire à pied et être abandonné.
Les Français vivent dans un contexte très différent, et ont leurs propres caractéristiques uniques. Avec la montée en puissance du « small business » et celle des entrepreneurs dans nos sociétés dont le rôle devient également plus important – pour nous en tant qu’individus et pour l’économie dans sa globalité – de plus en plus de gens se sentent prêts à prendre des risques. La France doit pouvoir encourager ses entrepreneurs et dans ce cas ils réussiront car ils ont les moyens de le faire.
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