Abus de position dominante : Google balaie les griefs de l’Europe
Google répond à Bruxelles dans le dossier antitrust sur le segment des moteurs shopping. L’analyse marché serait biaisée et la contribution de Google à l’écosystème mal évaluée.
« Améliorer la qualité n’est pas anti-concurrentiel », dixit Google.
C’est l’argument fort retenu par la firme Internet de Mountain View pour se défendre face à la Commission européenne.
En avril, Bruxelles a accusé formellement Google d’abus de position dominante sur la comparaison des prix des produits sur Internet (tout en ouvrant un autre front relative à l’influence d’Android).
Dans un document d’une centaine de pages, Google a adressé sa réponse aux instances européennes. Ce n’est pas une surprise : l’analyse de marché diverge entre les parties et Google repousse en bloc les accusations d’abus.
Kent Walker, Vice-Président Senior chez Google en charge des affaires juridiques chez Google, explique la position de la firme dans une contribution blog en date du 27 août.
« Nous pensons que les conclusions préliminaires de la communication des griefs sont inexactes aussi bien sur le plan des faits, du droit que des données économiques », souligne Reuters après avoir décortiqué les arguments.
« Des données économiques s’étalant sur plus d’une décennie, un ensemble de documents et de déclarations des sociétés à l’origine des plaintes confirment tous que le marché des moteurs de recherche est fortement concurrentiel. »
A propos des services Internet marchands, Google assure que l’analyse de marché perçue par la Direction de la concurrence de la Commission européenne portant sur Google Shopping est fausse : des acteurs comme Amazon et eBay sont les vrais leaders sur ce segment de marché, estime Kent Walker.
Le porte-parole de Google met en avant la contribution de la firme Internet pour animer cet univers e-marchand : « Nous avons perçu une hausse considérable de trafic en provenance de Google, de nouveaux acteurs variés et de nouveaux canaux ayant fait l’objet d’investissement, ce qui a permis d’accroître le choix des consommateurs. »
Ainsi, Google assure avoir généré plus de 20 milliards de clics gratuits vers les agrégateurs sur les dix dernières années sur les territoires européens concernés par la communication des griefs. Ce qui a abouti à une hausse du trafic de 227%.
Bruxelles tempère et étudie la réponse de Google
De son côté, Ricardo Cardoso, porte-parole de la Commission européenne, a précisé que les réponses de Google seront « examinées avec attention avant de prendre une quelconque décision ». « Nous ne voulons pas présumer du résultat final de l’enquête », précise-t-il.
FairSearch, qui regroupe une partie des sociétés qui protestent contre la présumée hégémonie de Google (Microsoft, Nokia, Expedia, TripAdvisor, Foundem, Twenga…), ne voit rien de nouveau dans les arguments exposés par Google et maintient sa position.
« Google a décimé la concurrence sur ce marché en privilégiant ses propres services de comparaison de produits dans les pages de résultats de son moteur. Les consommateurs ont été lésés au prix fort car Google a déstabilisé ce segment de marché. »
Si l’enquête visant Google confirme les griefs de l’UE, la firme Internet de Mountain View pourrait (reconfigurée en galaxie de services Alphabet) pourrait être sanctionnée financièrement jusqu’à hauteur de 10% de son chiffre d’affaires mondial.
Mais la procédure antitrust risque encore de prendre beaucoup de temps malgré la récente impulsion donnée par Margrethe Vestager, commissaire européenne chargée de la Politique de concurrence, pour débloquer l’examen de ce dossier ouvert en 2009.
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