Accès Internet par satellite : SES absorbe O3b Networks (mais quelle saga)
L’opérateur de satellites SES s’empare du réseau O3b Networks (accès haut débit par satellite). Comment ce projet, d’abord poussé en mode start-up, a basculé du côté européen…
La semaine dernière, SES, le deuxième opérateur mondial de satellites basé au Luxembourg, a bouclé un financement de 908,8 millions d’euros via la Bourse.
L’objectif de cette augmentation du capital est de s’approprier intégralement le réseau satellitaire O3b Networks dédié à la connectivité très haut débit. Jusqu’ici, SES ne disposait que de 50,5% du capital.
Une portion de 730 millions de dollars sera utilisée pour finaliser la transaction. Le reste servira à rembourser des emprunts contractés par O3b (contraction de « Other 3 billion » c’est-à-dire la population qui ne dispose pas d’accès Internet, un fossé qui était censé être comblé par le réseau satellite). L’acquisition par SES devant être bouclée dans le courant du deuxième semestre 2016.
Derrière le projet O3b se cache une constellation de satellites dédiés à l’accès Internet très haut débit. O3b dispose déjà une flotte de douze satellites et compte en lancer huit autres dans la période 2018 – 2019.
L’opérateur revendique désormais 40 clients opérateurs dans plus d’une trentaine de pays, dont Digicel Pacific, Royal Caribbean Cruise Lines, American Samoa Telecom, Speedcast, Rignet, Bharti International (Airtel), Timor Telecom, CNT Ecuador et Entel Chile. En rythme de croisière, chaque satellite de la constellation est censé générer entre 32 et 36 millions de dollars de revenus par an, selon le communiqué SES.
En attendant, le groupe acquéreur, qui reste détenu à hauteur de 40% par le Grand Duché, s’attend à ce qu’O3b génère plus de 100 millions de dollars de revenus pour l’année 2016 (X2 par rapport à 2015).
Les marchés financiers ont moyennent apprécié les conditions dans lesquelles s’effectue le resserrement des liens avec O3b. Aujourd’hui (30 mai), SES a rebondi de 2,28% à 20,395 euros après avoir perdu plus de 10% vendredi, selon Reuters.
Un projet ambitieux mais coûteux
Une vraie saga…Initialement, le projet initial avait démarré sous l’impulsion de Greg Wyler. On en trouve des traces d’O3b Networks Limited à partir de…2007 avec des investisseurs principalement américains au départ.
Qui apporte son soutien dans la période 2008-2104 (le temps que le démarrage commercial soit amorçé) ? Le pool des investisseurs est impressionnant : Google, HSBC, Allen & Company, Liberty Global (John Malone), SES, Northbridge Venture Partners, Development Bank of Southern Africa, Sofina, Satya Capital et Luxempart.
C’est un projet d’accès Internet par satellite coûteux et qui demande des investissements conséquents.
Le montant cumulé injecté dans la société basée à Jersey est impressionnant : 1,77 milliard de dollars en 10 tours de table selon CrunchBase. La dernière levée de fonds remontait à décembre 2015 : 460 millions de dollars.
Finalement, Greg Wyler se rapproche…d’Airbus
Entretemps, le fondateur Greg Wyler a quitté l’aventure O3b Networks courant 2013. Il a collaboré de manière éphémère avec Google pour l’aider à monter son propre projet d’accès Internet pour tous.
En septembre 2014, il décide de quitter la firme de Mountain View pour rejoindre…Elon Musk du côté du SpaceX, qui conçoit, fabrique et lance des engins spatiaux. Mais le partenariat tourne court également (néanmoins Elon Musk a toujours un projet d’accès Internet par satellite en tête).
Lorsque Greg Wyler reprend son indépendance, il fonde OneWeb (ex-WorldVu Satellites). En janvier 2015, un premier tour de financement (pour un montant non dévoilé) est annoncé avec Richard Branson et Qualcomm.
La vision reste la même : conquérir le marché de l’Internet haut débit pour les zones mal desservis mais cette fois-ci avec l’appui d’un réseau de 648 micro-satellites.
Le projet devient plus concret en 2016. Selon Les Echos, OneWeb s’est associé à Airbus pour créer une co-entreprise (OneWeb Satellites) à travers laquelle les deux parties comptent investir 85 millions de dollars pour concevoir une chaîne robotisée de satellites à bas coûts.
En rythme de croisière, on devrait aboutir à la production d’une quinzaine de micro-satellites par semaine. Arianespace aura pour mission de lancer les appareils avec le lanceur Soyouz à partir de 2018.