Accès musique et films sur le Net : la gratuité plus forte que l’illicite malgré le lien évident

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Etude Hadopi : les internautes multiplient « les stratégies d’accès » aux contenus convoités. Et cela dépasse souvent le cadre licite.

Alors que la justice française vient de décider de bloquer une série de sites illégaux de diffusion de vidéos en streaming, la Hadopi a diffusé les résultats d’une étude sur « les stratégies par les internautes pour accéder à la musique, aux films et aux séries TV sur Internet ». « Notamment illicites », précise l’organe de régulation en charge de la lutte contre le piratage numérique dans l’intitulé du rapport.

Mais, au-delà de la consultation de sites de nature illégale ou non, c’est la dimension de la gratuité aurait la primeur.

« Pour l’ensemble des consommateurs (licites et illicites), c’est est de loin le premier critère de choix d’un site quel que soit le bien, suivie de la légalité, toutefois plus en retrait auprès des 15-24 ans et des consommateurs illicites », peut-on lire dans la synthèse de l’étude Hadopi. Pour trouver ce qu’ils cherchent et pour consommer les oeuvres, pourquoi changer les habitudes ? Les internautes se rendent le plus souvent sur leur site habituel d’accès aux œuvres, notamment pour la musique (51% des consommateurs, vs. 39% pour les séries TV et 34% pour les films).

Après la phase de la recherche, comment accéder au contenu convoité ? Selon l’étude Hadopi, la majorité des interviewés (50 à 55% selon le bien consommé) dit passer par des sites préalablement identifiés et ensuite par les moteurs de recherche (fourchette 30 – 35% des sondés).

L’influence des sites illicites sur lesquels on a pris l’habitude de se rendre demeure prégnante : 74% des consommateurs illicites déclarent préférer aller toujours sur les mêmes sites illicites qu’ils connaissent. C’est même parfois plus vicieux que cela : « entre 25% à 35% des consommateurs illicites déclarent se rendre au moins une fois par semaine d’abord sur un site licite pour trouver des idées de biens à consommer ensuite de manière illicite », selon l’étude Hadopi.

Après, dans les grands schémas conducteurs des « stratégies d’accès » sous le prisme de l’organisme contre le piratage numérique, on recenserait l’émergence de plusieurs techniques de contournement (par conséquent adoptées par les consommateurs illicites) : accès par les forums et newsgroups (vieille pratique qui survit), accès à partir d’un lien illicite trouvé sur les réseaux sociaux,  utilisation d’un débrideur (des sites ou des logiciels qui permettent de faire sauter la limite de temps des vidéos streaming) pour consommer des musique/ films/ séries et le recours à un proxy pour télécharger des contenus en mode camouflage.

Le partage via les réseaux P2P/ torrent a encore ses adeptes (23% des consommateurs illicites). Tout comme la bonne vieille technique de partage par clé USB ou externe reste ancrée dans les usages : 65% des consommateurs (licites comme illicites) utilisent ce procédé d’échanges de fichiers.

Avec l’essor des smartphones et des tablettes  associé à la montée en débit (3G – 4G), la Hadopi perçoit une montée en puissance de la consommation streaming en mobilité.
« Cette consommation d’œuvres récentes étant particulièrement marquée auprès des consommateurs illicites, notamment pour les séries TV : 71% d’entre eux déclarent consommer le plus souvent des séries TV de moins de 6 mois (69% pour la musique, 60% pour les films). »

Sans parler des usages spécifiques dans les transports en commun : pour les longs trajets en RER, on voit fréquemment des personnes qui démarrent leur soirée TV devant leurs smartphones en visionnant des contenus vidéos téléchargées ou basculées sur leurs cartes amovibles de stockage…

Précisions méthodologiques de l’étude HADOPI par l’institut CSA
Pour préciser ces stratégies d’accès et en comprendre l’usage, cette étude confiée à l’institut CSA s’appuie sur une série d’entretiens individuels semi-directifs in situ avec des consommateurs ayant des pratiques illicites majoritaires ou exclusives (« Phase qualitative ») et sur un échantillon représentatif des consommateurs (licites et illicites) de biens culturels dématérialisés de 15 ans et plus, avec un focus (sur-échantillon) sur les consommateurs ayant déclaré des pratiques illicites. (« Phase quantitative »).

 

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(Credit photo : Shutterstock.com –  Copyright: eldeiv)

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