Claviers détachables à connecteur magnétique, écrans pivotant à 360 degrés, systèmes de charnière centrale articulée… Le convertible prend toutes les formes chez Acer.
Le PC reste au coeur du discours tenu par le groupe taïwanais, qui soufflera l’année prochaine sa 40e bougie. Pour l’instant, on déroule le tapis pour les 25 ans d’Acer France.
Difficile d’éclipser la réalité d’un segment de marché bousculé tout autant par le contexte économique que l’émergence de nouvelles catégories de produits qui font leur entrée jusque dans le monde de l’entreprise.
Cette évolution se ressent sur l’activité d’Acer, encore 4e constructeur mondial de PC au dernier baromètre trimestriel d’IDC avec environ 4,33 millions de machines écoulées, mais dont le chiffre d’affaires a baissé entre 2013 (12,02 milliards de dollars) et 2014 (10,39 milliards de dollars). Sachant que la situation est particulièrement compliquée en Europe.
L’essentiel du budget R&D du groupe reste dirigé vers le PC, qui représente 80 % du CA. Une dépendance assumée et perçue comme un avantage concurrentiel. « Nous devons maintenir notre position d’innovation [en misant notamment sur] le 2-en-1 », assure Emmanuel Fromont.
Cet ancien d’IBM était arrivé chez Acer en 2008, après le rachat de son entreprise Packard Bell, où il occupait le poste de vice-président EMEA (Europe, Moyen-Orient, Afrique). Trois ans plus tard, il avait pris les mêmes fonctions, mais dans la division Acer Pan America.
Depuis début 2015, le voilà relocalisé à Paris, au poste de président d’Acer pour la zone EMEA.
A ses côtés ce lundi soir pour célébrer les 25 ans d’Acer en France : Massimo D’Angelo. Le président d’Acer France, également responsable de 6 pays en région Europe du Sud, a mis l’accent sur ce « retour à la profitabilité » constaté depuis un an et demi, dans la lignée de la restructuration amorcée par Jason Chen, arrivé fin 2013 en provenance de TSMC pour remplacer J.T. Wang au poste de CEO.
Il est secondé dans son propos par Angelo d’Ambrosio, Directeur général d’Acer France depuis le 1er janvier, en remplacement de Daniel Trachino, qui a pris la gestion des activités au Moyen-Orient.
Une équipe dirigeante renouvelée et confrontée à de nombreux défis, dont celui de composer avec l’allongement du cycle de vie des terminaux informatiques, pointé du doigt par de nombreux cabinets d’études de marché.
Emmanuel Fromont le reconnaît : « Le PC devient comme le frigo ou la machine à laver : tant qu’il fonctionne on n’en change pas ». Une logique qui vaut tout autant pour le grand public que les entreprises.
La fin de vie de Windows XP, au printemps 2014, avait redonné un élan passager au marché, porté par une vague de renouvellements des équipements informatiques.
Acer compte reproduire ce schéma avec Windows 10 et son positionnement en tant que plate-forme unique, des smartphones aux ordinateurs.
Le nouvel OS de Microsoft dispose entre autres d’une fonction Continuum qui adapte l’interface à l’appareil utilisé. Cette propriété sera mise à profit pour esquisser le « poste de travail de demain », à travers un smartphone associé à une station d’accueil permettant de recréer un environnement de productivité.
Le concept a fait l’objet d’une démonstration voilà quelques semaines dans le cadre du Salon de l’Électronique de Berlin (IFA). Néanmoins, il ne faudra pas espérer un lancement commercial avant 2016.
En l’état actuel, c’est bien sur les hybrides qu’Acer parie. Du côté de Massimo D’Angelo, on n’attend pas une « croissance phénoménale » des volumes de ventes sur les prochaines années. Mais on y entrevoit l’avenir du PC, avec le grand public en tête de gondole.
« Les entreprises affichent toujours du retard quand il s’agit d’adopter un nouveau système d’exploitation, concède Angelo d’Ambrosio. […] Mais sur les trois dernières années, le marché commercial a crû plus rapidement que le segment consumer ».
Quelle place pour l’Europe dans cette stratégie ? En 2014, le Vieux Continent a concentré 40 % du chiffre d’affaires d’Acer, avec 10 millions de PC vendus, pour 2 millions de moniteurs, 1,5 million de tablettes et autant de smartphones.
Le Chromebook* constituera un axe majeur d’offensive sur le court terme. Tout particulièrement en France, dans la cadre du « plan numérique » qui vise à équiper les classes de 5e et certaines sections en primaire.
Des pilotes vont être lancés dans certains académies avant une éventuelle extension à la rentrée 2016. « Cette échéance est très importante », confie Angelo d’Ambrosio. Il poursuit : « C’est pour nous un potentiel de 800 000 élèves ».
Sans compter le corps enseignant, lui aussi dans le collimateur d’Acer, avec des solutions plus avancées, jusqu’à l’Aspire R13, annoncé pour le mois d’octobre à partir de 1 499 euros TTC.
Qu’importe le hardware, Acer veut associer à ses produits des contenus et les intégrer dans une expérience éducative. « Les établissements resteront libres de choisir leur environnement de travail », explique l’équipe dirigeante.
Celle-ci donne l’exemple d’une classe équipée en tablettes Android et d’un professeur doté du Chromebook convertible R11 (299 euros) avec son écran tactile pivotant à 360 degrés.
« Cette association fait sens si on considère que les deux environnements pourraient un jour être fusionnés », souligne Emmanuel Fromont. Mais l’offre Windows 10 aura aussi sa place au bahut.
Tout particulièrement via l’offre Cloudbook, du nom de ces ultraportables low cost qui « cohabiteront sans souci avec les Chromebooks », selon Massimo D’Angelo.
La différence se fera au niveau des services. Et le cloud jouera un rôle primordial. Acer exploite sa propre plate-forme avec laquelle il est prévu d’établir des jonctions dans de nombreux domaines, au-delà de la synchronisation de données sur les applications compatibles.
En ligne de mire, l’Internet des objets (IoT), avec un focus sur trois secteurs : la maison, la santé et l’automobile connectées.
Acer se donne 3 à 5 ans pour développer une véritable proposition de valeur. Pour l’heure, l’incursion est timide, avec la deuxième génération des capteurs d’activité du constructeur.
Pas moins de trois modèles au programme, distingués essentiellement par la mesure du rythme cardiaque et du stress (Leap Fit), mais aussi d’un écran incurvé (Leap Curve).
Ces bracelets connectés s’inscrivent dans une stratégie de couverture globale du marché, « du 1 pouce au 100 pouces », matérialisé par une gamme de vidéoprojecteurs courte focale, capables d’afficher sur 2,50 mètres de surface avec un recul de 80 centimètres.
Un segment en concurrence directe avec les téléviseurs et qu’Acer qualifie de « déclencheur de nouveaux achats », tout en précisant qu’il « prend son sens » avec l’expérience multiplateforme de Windows 10.
Cette notion transparaît également dans la fonction AcerEXTEND dont sont pourvus certains smartphones de la marque, comme le Liquid Z630. Le principe : on se connecte sans fil à un ordinateur compatible et on affiche l’écran d’accueil du téléphone.
Le Liquid Z630 embarque le système d’exploitation Android, en version 5.1. Mais pour grignoter des parts sur ce marché dominé par Apple et Samsung, Acer a la volonté de « jouer sur deux écosystèmes ».
Le second n’étant autre que Windows 10, dénominateur commun du « poste du travail du futur » évoqué à plusieurs reprises ce lundi par l’équipe dirigeante de la branche française.
L’évolution du poste de travail se traduira aussi par la disparition de certains périphériques. Typiquement, le lecteur optique, qui pose un véritable dilemme, à en croire Emmanuel Fromont.
« On a tendance à le conserver, surtout en entreprise : il y a toujours un pilote logiciel ou une sauvegarde que l’on n’a que sur CD ou DVD ».
Acer ne se projette généralement pas au-delà de ces problématiques matérielles pour le marché BtoB. La stratégie de distribution est 100 % indirecte. Pour les services, la branche française s’appuie sur un réseau de 600 partenaires certifiés.
Le catalogue reste cependant globalement orienté sur le grand public. Ainsi la plupart des nouveautés se retrouveront-elles a minima chez Fnac et Darty.
Illustration avec les deux modèles constitutifs de la série Switch 10 : l’un à 299 euros (le Switch 10) et l’autre à 429 euros (Switch 10 E), sans compter la station d’accueil optionnelle avec disque dur.
Alors que cette famille Switch 10, sous Intel Atom, vise d’abord les étudiants, l’Aspire R13, à l’autre extrémité de la gamme, se destine plutôt aux dirigeants d’entreprises et à certaines fonctions comme les commerciaux.
En témoigne le ticket d’entrée, fixé à 1 499 euros, sachant que la machine, doté d’un Core i7-6500U et d’un port Thunderbolt 3, est configurable avec deux SSD en RAID 0.
Dans une gamme de prix intermédiaire, on retrouve des produits équipés en puce Core M, avec des configurations en stockage hybride, jusqu’à 4 Go de mémoire vive et des clavier détachables : c’est le cas des Aspire Switch 11V et 12.
On retrouve également une interface Thunderbolt 3 sur l’Aspire V Nitro en version « Black Edition ». L’USB 3.1 Type C est également au rendez-vous sur ce 17 pouces annoncé à 1 199 euros (999 euros en 15 pouces, sans Thunderbolt) avec sa sélection de processeurs Core 6e génération.
Certains produits a priori dirigés vers un usage domestique pourraient trouver leur place en entreprise.
Pas nécessairement les quatre PC et la tablette lancés dans la gamme Predator destinée aux gamers, mais plutôt le mini-ordinateur modulaire Revo Build, auquel on ajoute, via un système de connecteurs magnétiques des composants au format propriétaire : disque dur, carte graphique, bloc audio… Une machine adopté tantôt comme client léger, tantôt comme « hub » pour les salles de réunion.
* Acer est crédité de 36 % du marché mondial des Chromebooks en 2014 au pointage de Gartner. Mais cela ne représente qu’un peu plus de 2 millions d’ordinateurs.
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