Eyeo reste indéboulonnable en Allemagne.
Après avoir résisté à RTL Television, ProSiebenSat.1, Axel Springer, Zeit Online ou encore Handelsblatt, l’éditeur d’Adblock Plus a remporté une nouvelle victoire juridique face à un acteur du monde des médias ; en l’occurrence, le Süddeutsche Zeitung.
Le journal septuagénaire, qui revendique un tirage quotidien de près d’un demi-million d’exemplaires, s’était pourvu auprès de la cour régionale de Munich en pointant du doigt le programme « Acceptable Ads ».
Ce dernier consiste en un système de liste blanche permettant de ne pas bloquer les publicités « non gênantes ». Le service est opérationnel par défaut sur chaque installation d’Adblock Plus, mais désactivable par l’utilisateur.
Pour être considérées comme non intrusives, les publicités doivent répondre à un certain nombre de critères définis en 2011 après consultation de la communauté Adblock Plus : être statiques et aisément distinguables, ne pas masquer de contenu ni interrompre la lecture, etc.
Eyeo précise, dans ses CGU, que son appréciation des pubs acceptables évolue « en fonction des changements de l’Internet » et des retours faits via le forum dédié.
Les sites qui pensent satisfaire aux exigences peuvent postuler pour être ajoutés à cette whitelist présentée comme une « solution intermédiaire » (voir notre article « Adblock Plus : cette liste blanche qui pose question »).
Selon Eyeo, 90 % d’entre eux sont intégrés gratuitement ; seuls les poids lourds du secteur (les « entités de grande taille » qui réalisent plus de 10 millions d’impressions publicitaires par mois », comme Amazon, Google, Microsoft ou Taboola) paient pour le service
La plainte du Süddeutsche Zeitung ne portait pas tant sur la forme que sur le fond : pour le quotidien bavarois, Eyeo ne pouvait pas légalement bloquer des publicités tout en proposant aux annonceurs un système de liste blanche.
Le tribunal a rejeté cette plainte, estimant qu’il n’existait pas, entre les éditeurs, du contrat aux termes duquel les utilisateurs « accepteraient », d’une certain manière, de voir toutes les publicités diffusées par lesdits éditeurs ; et pour cause : le blocage est toujours possible.
Officiellement crée en janvier 2006 en tant que projet open source sous la forme d’une extension pour le navigateur Firefox, Adblock Plus revendique aujourd’hui plus de 500 millions de téléchargements et se félicite d’avoir « poussé l’industrie de la publicité à reconsidérer le statu quo ».
Il accompagne la montée en puissance des bloqueurs de pub :au dernier pointage d’Ipsos pour l’International Advertising Bureau, 30 % des internautes français utilisent ce type de logiciel sur au moins un appareil – pour 200 millions de personnes à l’échelle de la planète.
À consulter en complément, une étude Teads (spécialiste de la publicité vidéo) sur la topographie des adblockers en France.
Crédit photo : Christian Mueller – Shutterstock.com
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