Google fait cause commune avec les médias sur la question du blocage de la publicité en ligne.
Le groupe Internet réaffirme son soutien apporté aux éditeurs dans le cadre de la Digital News Initiative, lancée en début d’année, axée sur la collaboration technologique et tout juste assortie d’un fonds d’investissement à destination des start-up de la presse européenne.
Président aux relations stratégiques pour la zone EMEA (Europe – Moyen-Orient – Afrique), Carlo d’Asaro Biondo s’est montré incisif dans le cadre d’une conférence organisée ce jeudi à Munich : l’adblocking « est un ennemi commun pour Google et pour les médias », qui doivent « faire plus » pour épargner aux internautes les publicités intrusives.
Pour le dirigeant, la situation actuelle n’est pas tenable (« Cela revient à jeter le bébé avec l’eau du bain », mais elle se débloquera à condition que se constitue une alliance forte entre les acteurs de l’industrie, pour élaborer de « meilleurs standards de publicité digitale ».
Un discours qui rejoint celui de l’Interactive Advertising Bureau. L’organisation professionnelle, qui fédère les acteurs de la publicité sur Internet, a récemment pris l’initiative pour enrayer la montée en puissance des adblockers. Elle appelle en l’occurrence à « restaurer l’équilibre entre contenu, commerce et technologie ».
C’est dans cet esprit que s’inscrit le lancement du programme L.E.A.N, pour « Light, Encrypted, Ad choice supported, Non-invasive ads ». Objectif : proposer des publicités légères (consommation limitée de ressources), sécurisées (avec SSL), personnalisées (qui prennent en compte le droit à la vie privée) et non intrusives.
Cette résolution doit servir de base dans la définition des prochaines normes technologiques pour l’industrie de la publicité digitale. Mais du côté des éditeurs, on n’a pas attendu un consensus.
Si bien que les réactions se font en ordre dispersé. Quand certains affichent un message demandant à l’internaute de désactiver son bloqueur de pub, d’autres limitent le nombre d’articles accessibles.
Le groupe média allemand Axel Springer est allé plus loin : à moins de payer ou de désactiver son Adblock, il n’est plus possible d’accéder à aucun contenu sur le site Web du quotidien Bild.
Selon une étude Adobe parue en août 2015, près de 200 millions d’installations actives de bloqueurs de publicité sont recensées dans le monde. Un manque à gagner de plus de 20 millions d’euros, soit l’équivalent des deux tiers du marché européen (30 millions d’euros en 2014, comme le note Reuters).
En raison des enjeux associés à l’exploitation de la publicité sur Internet, le débat se durcit. En l’état actuel, la balle est dans le camp des utilisateurs, nombreux à se plaindre, y compris en France : 78 % des personnes sondées par Mozoo (entité du groupe Surikate spécialisée dans le marketing) évoquent une « nuisance ».
Le dossier est d’autant plus délicat que les exploitants d’infrastructures prennent eux aussi position. Illustration avec Digicel. L’opérateur mobile, actif dans la zone Pacifique sud, menace de bloquer la pub en ligne si les acteurs de l’industrie ne partagent pas leurs revenus – ce qui doit permettre de « dégager un budget pour investir dans la construction du réseau ».
Ce blocage s’effectuerait au niveau du réseau. Il s’appliquerait donc à tous les clients, que ces derniers aient ou non installé, sur leur mobile, une solution de type Adblock.
Crédit photo : Syda Productions – Shutterstock.com
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