Adopte le Digital : comment embarquer les TPE dans la transition numérique ?

« Aujourd’hui, on avance tous ensemble sous le même nom, avec la même méthode et la philosophie du premier pas. »

Mounir Mahjoubi a ces mots à propos de l’initiative France Num, lancée en octobre dernier pour assister les TPE / PME dans leur transformation numérique.

Parmi les piliers sur lesquels repose la démarche figure un réseau d’accompagnants : les « activateurs ». Ils sont, au dernier pointage, environ 1 200.

La société Adopte le Digital est l’un d’entre eux. Sa fondatrice Lalée Pinoncély était présente ce lundi à Station F, sous le patronage du secrétaire d’État chargé du numérique, pour faire le point sur son « tour des régions » qui débutera ce 15 janvier 2019.

La transformation par l’exemple

Première étape : l’Auvergne-Rhône-Alpes, avec 9 dates, du Groupama Stadium de Lyon à Limonest, dans les locaux de PME Centrale.

Celle-ci dit réunir « plus de 10 000 entreprises » autour de sa centrale d’achats collaborative. Elle est l’un des six partenaires pour l’heure annoncés par Adopte le Digital, aux côtés de Facebook, de la Caisse d’Épargne, d’Allianz, de Troops (digitalisation RH) et de JobStation (réseau d’agences d’emploi).

Un bus aux couleurs de l’initiative fera les déplacements en région, pour marquer la volonté d’aller rencontrer les TPE / PME « sur le terrain ». L’idée étant de fournir gratuitement à leurs dirigeants des contenus « courts, pédagogiques, ponctués d’exemples et de solutions ».

« Si vous êtes un boulanger de proximité, on va vous parler de ce que les autres boulangers de proximité ont fait pour se numériser », explique à cet égard Mounir Mahjoubi.

« On ne va pas dire tout de suite [aux TPE / PME] de faire de la blockchain et d’exporter vers la Chine », ajoute le secrétaire d’État en référence à la fameuse « philosophie du premier pas ».

Le client d’abord

À en croire Lalée Pinoncély et les représentants des partenaires d’Adopte le Digital présents à Station F, ce premier pas se fait généralement dans le domaine de la relation client. À raison, au démarrage, de « quelques heures et quelques centaines d’euros ».

« Ce n’était pas la même situation il y a 5 ans, [voire] il y a 2 ans », affirme Mounir Mahjoubi au sujet de l’accessibilité des outils digitaux. Tout en se gardant néanmoins d’aborder le sujet sensible de la couverture numérique du territoire. Le représentant de la Caisse d’Épargne s’en sera chargé quelques minutes après le départ du secrétaire d’État.

Ce dernier était président du Conseil national du numérique au moment du lancement de la mission qui avait abouti à la publication, en mars 2017, du rapport « Croissance connectée : les PME contre-attaquent ».

Ledit rapport dresse, en matière de transformation numérique, un portrait peu flatteur des entreprises concernées. Il y est fait état d’un « retard de numérisation » porteur d’un « risque de décrochage […] face aux entreprises d’autres pays européens ». Le classement de Bruxelles relatif à l’économie et à la société numériques va dans le même sens – la France y est 16^e.

« Activer » 150 000 entreprises

Constituer un réseau d’accompagnants était l’une des pistes prioritaires suggérées par le Conseil national du numérique. Lequel posait aussi les bases de ce qui est devenu France Num (succédant au portail Transition Numérique).

La prise de contact avec les « activateurs » n’est qu’une étape du parcours que les TPE / PME sont censées réaliser sur ce « guichet unique ». Il leur est ensuite proposé de rechercher les offres de financement disponibles (notamment en région), puis de consulter les outils et services adaptés à leurs besoins.

« Pour la première fois, on a mis […] d’accord tous les acteurs », insiste Mounir Mahjoubi, questionné quant à la pertinence de cet « énième » dispositif. Et de pointer la croissance du taux d’équipement de la population en smartphones : 99 % chez les 18-25 ans ; 92 % chez les 25-39 ans, selon le baromètre 2017 du secrétariat d’État au numérique.

L’action d’Adopte le Digital en Auvergne-Rhône-Alpes est soutenue par le Grand Lyon, la CCI Lyon Métropole et la CPME régionale. Une centaine d’entreprises s’y sont pour le moment inscrites, 300 places étant disponibles.

France Num compte, avec l’ensemble de ses leviers dont le réseau des experts-comptables, toucher 100 000 à 150 000 entreprises en 2019. Un autre objectif est visé d’ici à la fin de l’année : atteindre le cap des 5 000 « activateurs ».

Photo d’illustration : Lalée Pinoncély