C’est à un véritable chamboulement du marché français du haut débit La semaine dernière, l’Autorité de régulation des télécommunications (ART) avait donné le ton en consacrant un point presse à « l’explosion du haut débit » (voir édition du 15 octobre 2004). La France va en effet compter six millions d’abonnements haut débit d’ici la fin de l’année, soit une progression de 66 % en un an. Un seuil critique qui permet à l’ART d’affirmer qu’il y aura très prochainement plus d’internautes en haut débit qu’en RTC sur le territoire. Le mouvement du dégroupage est enclenché : l’ART recense un million de lignes dégroupées (pour la plupart partiellement en l’état actuel) permettant de développer des offres télécoms alternatives à celles de France Télécom.
Autre motif de satisfaction : la France est en deuxième position européenne du point de vue du nombre de lignes DSL (6e au rang mondial). D’ici la fin 2007, France Télécom assure qu’il couvrira 96 % de la population en accès DSL. En revanche, en termes de taux de pénétration du haut débit dans les foyers en Europe, la France se situe en huitième position, légèrement en dessous de la moyenne si l’on en croit une étude Ipsos réalisée sur l’année 2004 pour le compte de la Commission européenne.
Extension de la zone d’éligibilité avec l’option « re-ADSL »
La technologie ADSL 2 + va permettre de franchir les 10 Mbit/s car elle double le débit maximal pour les lignes situées dans les zones d’éligibilité. Pour la population qui reste en dehors du champ « 2+ », l’ART met en avant l’option « re-ADSL » à 1 Mbit/s maximum qui a le mérite d’allonger la distance minimale entre le répartiteur et le client final (au delà de cinq kilomètres). Plus avant-gardiste : l’ART parie sur un développement d’offres VDSL (Very high speed Digital Subscriber Line) voire d’offres Fiber To The Home (FTTH) à 100 Mbit/s pour les entreprises et les nouvelles zones résidentielles.
Cette diversification des moyens de connexion haut débit, filaires ou sans fil, n’a quasiment pas de limite si l’on prend en compte les services des cablo-opérateurs comme Noos qui promet du 30 Mbits/s en 2005 ou des opérateurs satellites. En dehors des offres des opérateurs télécoms traditionnels, les collectivités pourraient prendre le relais en poussant des projets alternatifs d’infrastructures locales comme celles développées à Pau (Pyrénées-Atlantiques) ou à Castres-Mazamet (Tarn).
« Le plus haut débit possible »
Dans le cadre de ses futures offres ADSL 2+, France Télécom s’engage à proposer « le plus haut débit possible » à ses abonnés en fonction de leur localisation. En dehors de la question de l’éligibilité à un accès ADSL, le consommateur sera également en droit de savoir le niveau optimal de haut débit auquel il peut prétendre. Cette tendance au « plus haut degré de haut débit personnalisé » est significative : à l’avenir, il sera de plus en plus difficile de dresser un réel état des lieux de la cartographie du haut débit en France compte tenu de ses plafonds variables sur une même zone territoriale donnée.
A l’occasion du dernier Comité interministériel pour l’aménagement et le développement du territoire qui s’est tenu mi-septembre (voir édition du 15 septembre 2004), le gouvernement a demandé qu’un recensement des réseaux haut débit en France soit effectué. C’est déjà un premier pas pour appréhender les bouleversements numériques qui nous attendent.
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