Vous souvenez-vous de l’IFI ? Réclamé depuis l’été 2000 par un certain nombre de fournisseurs d’accès, AOL en tête (voir édition du 28 février 2001), l’Interconnexion Forfaitaire Illimité est censée offrir l’accès illimité au Net en bas débit pour moins de 200 francs par mois (voir édition du 9 avril 2001). Malgré ce tarif trop élevé, les pouvoirs publics, Lionel Jospin en tête (voir édition du 2 mars 2001), avaient promis l’IFI pour la rentrée 2001. Délai incompressible pour que France Télécom mette à niveau son réseau.
Mais la rentrée 2001 ne change rien à la situation. Jugés trop élevés, les tarifs de l’opérateur historique rebutent les FAI (voir édition du 2 juillet 2001). Et malgré la validation par l’Autorité de régulation des télécom (ART) du catalogue 2002 de France Télécom, qui présente jusqu’à 30 % de réductions, (voir édition du 3 décembre 2001), l’IFI n’est toujours pas en vue. Si les FAI poursuivent leur travail sur des offres illimités, « deux éléments éloignent pour l’instant toute perspective d’innovation majeure », écrit Jean-Christophe Le Toquin, délégué général de l’Association des FAI français (AFA). Une façon polie de dire que l’IFI n’est pas pour demain.
Connexion à la minute et service universel
Deux raisons à cela. Jusqu’alors facturés à la minute de communication, les FAI et, surtout, leurs opérateurs, ont désormais la possibilité d’acheter des accès indépendants du mode de consommation à la durée. C’est l’interconnexion à la « capacité ». Or, la nouvelle offre technique de France Télécom ne permet plus aux FAI de basculer, en cas de besoin, d’une interconnexion à la « capacité » vers une interconnexion à la « minute ». Pour bénéficier d’un tel service, « il faut souscrire à une offre avec débordement plus coûteuse d’environ… 30 %« , indique l’AFA. La seconde raison tient au financement du service universel, lequel permet d’assurer à tout un chacun l’accès au téléphone et aux services de base comme les numéros d’urgence ou les cabines téléphoniques. Ce service universel n’est pas financé par l’Etat mais par l’ensemble des opérateurs. « Cette contribution disproportionnée a un impact direct sur la structure des coûts des FAI », écrit l’AFA qui « estime ainsi que la contribution au service universel représente aujourd’hui jusqu’à 15 % des coûts de collecte du trafic Internet pour les FAI offrant un accès en bas débit. » Un coût que les opérateurs veulent renégocier d’autant que France Télécom tire des avantages, ? estimé à 550 millions de francs en 1999 par l’ART ? de la fourniture du service universel.
Une renégociation qui risque de durer des mois et qui viennent contredire les propos que Lionel Jospin tient dans le Le Nouvel Hebdo. Il y déclare notamment que « les actions visant à réduire le fossé numérique, notamment dans sa dimension territoriale, doivent être renforcées [et que] l’essor de l’accès forfaitaire et du haut débit constitue à mes yeux une priorité. Il faut donc aller plus vite et plus loin dans ce sens ». Dommage que M. Jospin ne soit pas président… de France Télécom !
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