Trente mois de prison avec sursis assortis d’une mise à l’épreuve de trois ans avec obligation d’exercer une activité professionnelle et d’établir sa résidence en un lieu déterminé. C’est le jugement qu’à rendu le Tribunal de grande instance de Paris, le 6 avril dernier, à l’encontre de Stéphane Morin, PDG de Shark Micro. Cette officine de vente de matériel informatique avait, dans un premier temps, défrayé la chronique en proposant des produits très performants à des prix exceptionnels. Puis, dans un second temps, Shark (« requin » en français) s’était illustré par son redressement judiciaire et, surtout, le matériel jamais livré aux clients. Pour offrir des prix défiant toute concurrence, Stéphane Morin annonçait la couleur au consommateur : payer comptant pour être livré 20 jours plus tard. L’argent qui travaillait entre-temps était censé compenser l’absence de marges. Seulement le système n’a pas tenu et nombre de clients n’ont jamais été livrés.
« Notre association représente 152 personnes et 1,36 million de francs perdus », explique Jean-Luc Paluzack, président de Rémora (nom du petit poisson qui évolue en permanence aux côtés du requin), l’association des victimes de Shark. « Mais plusieurs milliers de personnes ont été flouées », poursuit-il, « le chiffre de 20 millions de francs a été évoqué. » L’UFC-Que choisir, partie civile, confirme globalement ce chiffre. « On sait qu’entre cent et plusieurs milliers de consommateurs se sont fait avoir », déclare Anne-Priscille Vlasto, chargée du dossier, « toutes les victimes ne se sont pas manifestées. »Les victimes ne seront pas dédommagées
Stéphane Morin est donc condamné. Mais les représentants des victimes ne sont pas satisfaits pour autant. Aucun consommateur ne sera effectivement remboursé et encore moins dédommagé. Si les associations sont déçues, elle ne sont pas surprises. « On s’en doutait un peu car Shark ayant été mis en liquidation judiciaire, la société n’est plus solvable », explique-t-on du côté d’UFC-Que Choisir. « Honnêtement, nous n’avons plus d’espoir », déclare avec fatalité Jean-Luc Paluzack, « d’autant que le bonhomme s’est débrouillé pour ne pas être solvable. » Les consommateurs ont-il pour autant été victimes d’une escroquerie ? « C’est ce qui est difficile à déterminer », estime le président de Rémora, « ce qui est sûr, c’est que Stéphane Morin a tardé à réagir entre le début des ennuis et la faillite. »
Si Jean-Luc Paluzack se dit échaudé par cette expérience, cela ne l’empêche pas de faire confiance aux enseignes installées et d’acheter à distance, en ligne notamment. De son côté, Anne-Priscille Vlasto recommande de n’acheter que ce qu’on voit, d’essayer de se renseigner sur le sérieux du commerçant et de ne pas payer d’avance l’intégralité de la facture. Des conseils de bon sens qu’on a tendance à oublier lorsque l’on croit tenir l’affaire du siècle.
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