L’édition 2015 du Consumer Electronics Show, c’est bouclé.
Cette semaine, Las Vegas aura été une vitrine d’innovation de tous horizons… mais aussi une foire d’empoigne entre grands noms de la high-tech mais aussi entre start-up qui relèvent le challenge de l’agilité.
ITespresso.fr vous propose une compilation des tendances observées.
Difficile d’envisager une rétrospective sans s’attarder sur les objets connectés (tendance montante en 2014) devenus aujourd’hui une véritable lame de fond. L’attrait de ce secteur s’est ressenti dans le discours de Samsung, qui a choisi de débloquer 100 millions de dollars pour accompagner les initiatives des développeurs.
Le premier fabricant mondial de smartphones a également annoncé qu’à l’horizon 2020, tous ses produits seront connectés et basés sur un système « complètement ouvert » qui facilitera l’interaction avec les appareils d’autres constructeurs.
Des initiatives naissent aussi dans l’industrie des semi-conducteurs. En tête de liste, Nvidia, qui s’est un peu plus écarté de son coeur d’activité (en l’occurrence le jeu vidéo) pour accentuer sa conquête des objets connectés avec la puce Tegra X1. Succédant au Tegra K1 lancé lors de l’édition précédente du CES, ce SoC 64 bits sera mis à contribution dans l’univers automobile à travers les plates-formes Nvidia Drive CX et Drive PX.
La première aura pour rôle de gérer l’électronique dans l’habitacle (écrans, systèmes de navigation, aide à la conduite). La seconde analysera les données capturées par les caméras (couleur des feux, niveau de vigilance des piétons, marquages au sol…) et prendra des décisions en conséquence.
Intel a également avancé ses pions avec une nouvelle génération de puces basse consommation Quark visant plus particulièrement l’électronique à porter sur soi. Le SoC Quark SE s’assortit d’une plate-forme de développement baptisée Curie et présentée sous la forme d’un module de la taille d’un bouton.
Du côté des éditeurs, BlackBerry s’est signalé en dévoilant une préversion de son application de messagerie instantanée BBM pour les montres connectées et autres appareils équipés d’Android Wear. Une première mouture stable supportant le contrôle vocal pourrait être lancée dans les prochaines semaines.
Sur le volet des montres connectées, la tension est montée d’un cran, avec en toile de fond le lancement imminent de l’Apple Watch (on évoque le mois de mars, sans confirmation de la part de la firme de Cupertino).
Peu de nouveautés à relever chez les acteurs dont les positions sur ce marché sont déjà bien établies. Néanmoins, Sony a présenté une version de sa SmartWatch 3 dotée d’un bracelet en acier. Et d’autres initiatives ont été compilées dans une synthèse ITespresso avec galerie photos.
Pour le reste, ce sont surtout les outsiders qui ont fourbi leurs armes. Illustration chez Alcatel One Touch (groupe TCL), dont la WATCH – rappelant la Moto 360 de Motorola – exploite un OS propriétaire.
Le Français Withings s’est aussi démarqué en présentant l’Activité Pop, trois fois moins chère que sa première montre connectée.
Cette profusion d’objets connectés a suscité l’engouement, mais elle a aussi soulevé des craintes synthétisées dans l’intervention de la Federal Trade Commission (FTC). Le régulateur des marchés aux Etats-Unis a appelé tous les industriels a renforcer la sécurité de leurs produits et des données qu’ils collectent, afin d’éviter que le doute ne naisse dans l’esprit des consommateurs.
Sa présidente Edith Ramirez a formulé plusieurs recommandations. En premier lieu, intégrer la notion de sécurité dans la conception des produits, avec des tests de confidentialité, une attention particulière apportée à la configuration par défaut et une réflexion sur le chiffrement pour le stockage et le transfert de toute information sensible.
La FTC invite aussi les fabricants d’objets connectés à en assurer le support technique tout au long de leur cycle de vie et à ne collecter de données – si possible anonymisées – qu’en cas d’absolue nécessité.
La France, justement, aura été bien représentée pour cette édition 2015. Avec 120 entreprises innovantes dont 66 start-up, c’était la première délégation européenne et la cinquième mondiale.
De quoi faire valoir son potentiel d’innovation dans le domaine des objets connectés, qui font partie des 34 plans de la Nouvelle France industrielle élaborés par l’ancien ministre de l’Économie Arnaud Montebourg.
Parrot et Withings auront emmené une armada tricolore dans laquelle figuraient aussi Sigfox (réseau cellulaire bas débit dédié à l’Internet des objets), Cityzen Sciences (textiles connectés), Slow Control (dispositifs de suivi du comportement alimentaire) ou encore GlaGla International et Emiota (chaussures et accessoires de mode connectés).
Le groupe La Poste a également fait le déplacement. Pour sa première participation au CES, il a présenté un hub numérique dédiée au pilotage de l’ensemble des services et objets « intelligents » de la maison.
Au-delà des objets connectés et du financement participatif, CES 2015 aura été le théâtre d’une bataille… entre systèmes d’exploitation.
Notamment sur le segment de la télévision connectée. Dans la continuité du boîtier Google TV, Sony a annoncé que tous ses prochains téléviseurs 4K Ultra HD fonctionneront sous Android TV. Sharp et Philips ont choisi le même OS.
Chez Samsung, les Smart TV génération 2015 seront propulsées par Tizen, qui proposera des services exclusifs en lien avec les smartphones et tablettes de la marque.
Du côté de Panasonic, on s’appuie sur Firefox OS à travers la gamme Life+ Screen 4K Ultra HD, annoncée pour le printemps et qui permettra d’utiliser des applications développées à partir des technologies du Web (HTML5, CSS3, JavaScript).
LG mise pour sa part sur Web OS, dont le code et la propriété intellectuelle ont été rachetés à HP début 2013.
Dans le cadre du CES, le système d’exploitation passe en version 2.0. Il équipera, dans un premier temps, 7 modèles de TV OLED 4K de 55 à 77 pouces. Mais on pourrait aussi le retrouver dans l’univers des montres connectées, sur une version de la G Watch R développée par le tandem LG – Audi et doté d’un emplacement pour carte SIM.
Pour autant, c’est bien Android qui domine dans l’offre de smartwatches… tout comme sur les smartphones. En la matière, on retiendra les quelques phablettes annoncées par des constructeurs qui ont surtout apporté des améliorations à des modèles déjà existants.
LG a présenté le G Flex 2, qui succède au G Flex lancé à l’automne 2013, avec la confirmation d’un SoC Snapdragon 810 de Qualcomm à l’intérieur. Asus complète sa gamme ZenFone avec le ZenFone 2 et ses 4 Go de RAM. ZTE enrichit son Grand X Max avec une version Grand X Max Plus qui dispose, entre autres, d’une connectivité 4G.
La domination d’Android sur les tablettes est moins évidente au regard de l’offre présentée au CES. Windows aura été à l’honneur, par exemple chez Toshiba, avec les ardoises Encore 2 Write (8 et 10 pouces), optimisées pour une utilisation avec un stylet Wacom à technologie active.
Pour la deuxième année consécutive, l’impression 3D avait son espace dédié, avec cette fois 55 exposants (ils étaient 28 en 2014). On a pu découvrir quelques nouvelles imprimantes, portées essentiellement par de jeunes entreprises comme Ultimaker.
Du côté des grands groupes, on réfléchit plutôt à la meilleure stratégie pour intégrer l’impression 3D dans la vie quotidienne, en exploitant la dimension de personnalisation et de rapprochement usine-consommateur.
Pour sa 6e année de présence au Consumer Electronics Show, MakerBot s’est engagé un peu plus dans la course aux nouveaux matériaux en complément sa gamme de consommables avec des filaments à base de plastique d’amidon capables d’imiter différentes matières (bronze, bois d’érable, pierre calcaire, etc.).
Son concurrent 3DSystems se concentre sur le secteur de la restauration avec l’imprimante CocoJet pour créer des motifs en chocolat et la ChefJet pour des nappages, glaçages, sucreries et autres décorations.
On aura également pu découvrir des dispositifs d’acquisition de modèles 3D, comme ce scanner développé par Fuel3D pour numériser des objets en « un dixième de seconde » avec une précision à 350 microns.
Les constructeurs de PC commencent aussi à exploiter les webcams grâce à la technologie RealSense mise à leur disposition par Intel pour mesurer des objets et analyser les profondeurs de champ.
Dans l’ombre des grands groupes high-tech, les start-up auront profité de l’aura internationale du CES. Parmi ces jeunes pousses, certaines ont surfé sur la vague du crowdfunding, qui leur a permis de financer leur(s) projet(s) en faisant appel aux internautes.
L’une d’entre elles a bénéficié d’un écho médiatique retentissant. Son nom : PonoMusic. Son fondateur : le chanteur et guitariste canadien Neil Young. Son produit : un baladeur audio capable de restituer le son « tel qu’il a été enregistré en studio ».
Ce projet a été financé sur la plate-forme américaine Kickstarter. Mais son compatriote et concurrent Indiegogo n’était pas en reste.
Présent sur le salon, il avait réuni, dans un espace dédié, des start-up qui ont recouru à ses services.
Par exemple BossPhone (phablette Android optimisée pour un usage avec le réseau d’anonymisation Tor), Carbon Flyer (drone tout en fibre de carbone), LH-Labs (convertisseur DAC doublé d’un amplificateur casque) et TouchPico (pico-projecteur transformant toute surface en écran tactile).
Petit focus sur les casques à réalité virtuelle. Après la révélation Oculus rachetée par Facebook (une première version vraiment grand public est attendue à court terme), des challengers tentent de prendre position comme Glyph d’Avegant.
Ce casque a initialement été financé via la plate-forme de crowdfunding Kickstarter (1,51 million de dollars récupérés par ce biais). Une version plus aboutie était présentée au CES.
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Crédit photo : Sergey Nivens – Shutterstock.com (pour la galerie, 3DSystems, Alcatel One Touch, Asus, Intel, LG, Nvidia, PonoMusic, Sony, Toshiba, Withings, XYZprinting et ZTE)
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