« La méthode agile Scrum nous permet de proposer 3 versions d’un produit par an. Avec la méthode par projet, cela nous prenait deux ans », souligne Jean-Michel Bérard, Président et fondateur d’Esker, du nom d’un éditeur lyonnais spécialisé dans la dématérialisation des factures.
Le 28 juin, il a présenté une session « d’une entreprise agile où il fait bon travailler et qui recrute ». Esker est également partenaire de la Cloud Week qui se déroule cette semaine.
Répondre aux besoins des clients au bon moment et avec le bon produit suppose une transformation radicale du management des entreprises. La méthode classique par projet repose sur un chef de projet informatique qui encadre hiérarchiquement une équipe de développeurs chargés de la production de code, des tests, de l’architecture des solutions.
Avec la méthode agile Scrum exploitée en interne depuis 2011, tous les développeurs réalisent ces tâches en autonomie et de manière transparente.
La mise en œuvre réussie d’un projet complexe informatique ne peut être planifiée à long terme sans itérations fréquentes. Esker applique les bases de la méthode scrum, un « product owner » récapitule les besoins du client et les transmet à une équipe de 9 à 10 personnes assistées par un « scrum master », coopté par ses pairs. Cette équipe exécute alors un « scrum sprint », soit un cycle itératif de 15 jours de traitement des tâches découpées selon leur priorité.
Chaque jour, l’équipe se réunit durant une heure pour répondre à trois questions: qu’ai-je réalisé depuis hier ? ai-je des difficultés ? que vais-je faire jusqu’à la prochaine réunion ? Toutes les 2 semaines, un « sprint review » et une rétrospective comparent les résultats obtenus par l’équipe avec le planning initial avec la possibilité de le modifier.
Le temps global des réunions est plus important qu’avec la méthode classique par projet mais au bénéfice d’une meilleure réactivité des solutions et de la possibilité de corriger des problèmes ou d’ajouter des demandes clients au fil du développement.
« 80% de salariés d’Esker sont satisfaits de travailler avec des méthodes agiles qui suppriment beaucoup de niveaux hiérarchiques mais 20 % des personnes interrogées préfèrent avoir un chef », admet Jean-Michel Bérard.
Esker a supprimé les primes individuelles qui sont un obstacle à l’agilité des équipes et à leur cohésion. A la place, un intéressement global de l’ordre de 7000 euros par an et par personne récompense les performances du collectif. Esker a été placé à la 3ème place du classement Happy at Work des meilleures PME pour démarrer sa carrière.
Tirant les enseignements de la méthode scrum appliquée à la R&D, Esker l’a étendue aux ressources humaines et au support client France et monde. Côté RH, l’objectif était d’accroître le nombre des candidatures et l’adéquation des profils aux postes proposés.
Sur 2016, la société lyonnaise, qui comprend 380 salariés, compte recruter 50 personnes soit 40 profils d’informaticiens, le reste des offres concerne la vente, le marketing, la production et certains pôles administratifs.
Une étude d’avril 2016 d’EY sur la filière numérique région en Auvergne-Rhône-Alpes montre que, pour 60% des entreprises, le principal frein à leur développement est la pénurie de développeurs qualifiés. D’où l’importance de bien réussir le recrutement des futurs collaborateurs.
Esker a établi le contenu des offres d’emploi en fonction des résultats des différents services de l’entreprise après des « sprints » de la méthode agile, coordonnés par Camille Combier, Scrum master RH.
« Il est apparu que les termes de l’annonce sont essentiels. On peut notamment s’adresser à une cible de développeurs des jeunes générations avec des expressions comme le côté obscur de la force qui sont leur culture naturelle », précise Jean-Jacques Bérard, Vice-Président R&D.
L’autre axe de recrutement repose sur une prime de 2000 euros attribuée à tout collaborateur qui permettrait l’embauche d’un collaborateur après sa période d’essai réussie. Ce vecteur de recrutement faisant appel à des arguments sonnants et trébuchants se révèle très efficace comme le confirme Annick Challancin, Directrice des ressources humaines d’Esker.
Du côté des services supports monde et France, le recours aux méthodes agiles a permis de réduire le nombre d’incidents et la durée de traitement des problèmes, classés selon un coefficient pondérateur. Les fonctions support sont étroitement liées à la recherche et développement pour améliorer les produits.
La fonction de « scrum master » doit tenir compte des grandes lignes du management de l’entreprise. « Il arrive parfois que nous nous séparions de collaborateurs qui n’ont pas pu ou su s’adapter à la méthode agile Scrum qui exclut les positions classiques d’autorité », confie Samuel Path, scrum master du support France.
Pour autant, les méthodes agiles ne sont que des outils au service d’une vision claire du marché et des capacités d’anticipation, sans lesquelles aucune entreprise ne peut réussir.
(Crédit photo : Compte Twitter Esker)
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