Airbnb intéresse aussi les services de renseignement.
On le mesure mieux avec la publication du premier « rapport de transparence » de l’entreprise américaine, qui exploite une plate-forme en ligne de mise en relation pour la location de logements*.
Ce rapport sera réactualisé au minimum tous les ans. La première édition, qui couvre la période du 1er janvier au 30 juin 2016, fournit quelques indicateurs chiffrés concernant les « tierces parties » ayant réclamé l’accès à des données d’utilisateurs.
Comment interpréter cette notion de tierce partie ? Airbnb n’entre pas dans les détails. Tout au plus est-il question des « forces de l’ordre ».
En consultant les conditions d’utilisation du service, on constate que le champ est large : il peut s’agir de demandes émanant d’autorités judiciaires comme d’organes administratifs ou gouvernementaux. Et au-delà des considérations de sécurité nationale figurent la prévention de la fraude ou encore l’évaluation du risque.
Au global, c’est en France qu’Airbnb a enregistré le plus de demandes au cours du 1er semestre 2016 : 42, contre 31 aux États-Unis, 25 en Allemagne, 23 au Royaume-Uni et 20 en Espagne.
Toutes ces sollicitations n’ont pas nécessairement donné lieu à la communication de données. En France, Airbnb s’est exécuté dans 22 cas, fournissant des informations relatives à 25 comptes d’utilisateurs. Un taux supérieur à la moyenne mondiale, qui s’établit à 43,6 % (82 réponses sur 188 demandes).
On reste loin des 19 235 requêtes enregistrées par Facebook au 2e semestre 2015 et des 40 677 recensées par Google. Notamment parce que les informations potentiellement accessibles aux forces de l’ordre sont d’un autre ordre : on ne parle pas de photos ou de messages instantanés, mais plutôt de géolocalisation, d’adresses IP et de codes postaux.
Les « requêtes d’urgence », faites dans des situations qui pourraient impliquer un danger de mort ou de blessure physique importante, sont placées dans une catégorie à part : elles ne sont que 5, toutes validées, dont deux aux États-Unis.
Au-delà des obligations légales, Airbnb se réserve, dans sa politique de confidentialité dont la version en date a été établie le 29 mars 2016, le droit de dévoiler des informations « s’il y a une bonne raison de croire que c’est nécessaire pour protéger les droits, la propriété ou la sécurité de l’entreprise et de ses utilisateurs.
Ces derniers ne sont pas systématiquement avertis des contrôles opérés sur leurs données, que ce soit en vertu d’ordres judiciaires ou pour éviter des situations à risques.
Le « rapport de transparence » d’Airbnb s’inscrit dans une initiative baptisée Community Compact et qui implique par ailleurs la création de services au niveau local, la publication régulière de bilans d’activité sur les principaux marchés et la consultation avec des experts de la vie privée.
Uber s’était lancé, au printemps, dans une démarche similaire. La société dirigée par Travis Kalanick présente un panorama plus vaste des demandes qui lui sont faites, en mentionnant par exemple les autorités régulatrices du secteur des transports.
* Airbnb, que les analystes valorisent à 30 milliards de dollars (soit près de trois fois le poids d’un groupe comme AccorHotels), revendique une présence dans 191 pays avec plus de 2 millions de logements, dans 35 000 villes. Ses techniques d’optimisation fiscale font jaser, y compris pour la fiscale française. Bercy, qui scrute le comportement des multinationales en la matière, a-t-il plus ou moins indirectement, sa place dans le « rapport de transparence » pour ce qui est du suivi des particuliers ?
Crédit photo : Airbnb
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