Airbnb, une menace pour la sécurité publique ?
La Hotel Association of New York City, qui dit représenter 280 établissements employant environ 50 000 personnes, a retenu cet angle d’attaque contre la plate-forme de location d’hébergements.
En association avec le syndicat UNITE HERE, qui représente entre autres les intérêts du secteur de l’hôtellerie, elle diffuse, depuis ce lundi, une annonce publicitaire intitulée « Who’s in Your Building ? » (« Qui est dans votre immeuble ? »).
Le parallèle y est fait avec les attentats de Manchester, dont l’auteur – le dénommé Salman Abedi – logeait dans un appartement loué par l’intermédiaire d’une plate-forme de réservation en ligne.
Affirmant, sur la base du témoignage d’un ancien commissaire de police, que New York reste la première cible du terrorisme au monde, les auteurs de la publicité regrettent qu’Airbnb « autorise les annonces illégales sur son site » et « refuse de communiquer les adresses des logements aux forces de l’ordre », alors que des villes comme San Francisco et Chicago ont « pris l’initiative ».
Du côté d’Airbnb, on affirme au New York Daily News ne pas avoir été impliqué dans la location à Manchester. On dénonce surtout « une outrageuse technique d’intimidation », non sans rappeler être « l’une des seules sociétés du secteur a vérifier le profil de tous les résidents américains, loueurs et voyageurs ».
Et de poursuivre : « Les dirigeants d’hôtels ont la responsabilité de nous expliquer pourquoi ils ne font pas de même et continuent à financer ce genre de publicité cynique et méprisable ». Tout en mentionnant, par les exemples du 11-Septembre aux États-Unis et du 13 novembre 2015 à Paris, que lesdits hôtels ont « une longue tradition d’hébergement d’individus qui ont commis des actes terroristes ».
Airbnb allume aussi un contre-feu en l’objet d’une autre publicité assortie d’un budget de diffusion d’un demi-million de dollars.
Nommée « Scare Tactics » (« Techniques d’intimidation »), elle met en scène un hôte de Bedford-Stuyvesant (quartier de Brooklyn). Y sont cités des extraits d’articles de presse respectivement attribuables à Bloomberg Businessweek et à SFGATE : « L’argent des hôtels finance des opérations anti-Airbnb » (12 juillet 2017) et « […] une publicité d’un collectif d’hôtels associant faussement [Airbnb] à l’activité terroriste » (31 juillet 2017).
En France aussi, les hôteliers se sont dressés face au phénomène Airbnb. L’un de leurs leviers fait l’actualité cette semaine : l’optimisation fiscale. Le groupe américain aurait en l’occurrence payé moins de 100 000 euros d’impôts en 2016 au titre de son activité dans l’Hexagone.
Début 2017, l’AhTop (Association pour un hébergement et un tourisme professionnels) et le collectif Padhocmi (Pas d’hôtel clandestin dans mon immeuble) ont ouvert une nouvelle voie en incitant les propriétaires victimes de nuisances liées aux locations de courte durée à attaquer en justice.
Quelques semaines auparavant, les professionnels de l’hôtellerie, en association avec ceux de l’immobilier, avaient porté plainte devant le parquet de Paris contre Airbnb et les autres plates-formes numériques de réservation.
Cette procédure fait suite à une première action enclenchée en novembre 2015 sous la houlette de l’AhTop, au nom d’une concurrence déloyale. Parmi les griefs, la non-détention d’une carte professionnelle, l’absence d’immatriculation sur un registre public et l’offre de garanties financières sans possession du statut d’assureur.
Crédit photo : compte Instagram @airbnb
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