Cela ressemble fort à une tentative de noyer le poisson dans un contexte de campagne présidentielle. A l’occasion d’une rencontre jeudi soir avec les syndicats d’Alcatel-Lucent puis avec la direction du groupe Alcatel-Lucent, Gérard Larcher, ministre délégué à l’Emploi, a proposé la mise en place d’un « groupe de travail sur la place et la stratégie des télécoms en France » . Ce comité regrouperait des représentants de la direction de l’équipementier télécoms, des organisations syndicales et « d’un coordinateur « désigné par les pouvoirs publics.
Une initiative reçue favorablement par la direction d’Alcatel-Lucent qui a engagé un processus de restructuration de ses activités dans le monde accompagné d’un plan de suppression de postes qui touche notamment la France. » Alcatel-Lucent est prêt à participer à cette réflexion aux côtés de tous les autres acteurs économiques du secteur, que ce soient les entreprises (équipementiers et opérateurs) ou les instances nationales et européennes », peut-on lire dans un communiqué de presse diffusé dans la journée de vendredi.
Du côté de l’intersyndicale (CFDT-CGT-CFE/CGC-FO-CFTC), on réserve sa réponse. A en croire les syndicats, le plan de sauvegarde de l’emploi devrait être suspendu pendant les travaux de ce groupe. Une information que Gérard Larcher n’a pas confirmée, selon Reuters qui a contacté le ministère au lendemain de ces deux rencontres séparées (syndicats/direction d’Alcatel Lucent).
Enjeux politiques
L’instauration d’un groupe de travail sur l’avenir des télécoms en France permet en partie d’apaiser les esprits en cette période de campagne présidentielle. Alors que le thème de l’emploi reste sensible pour la majorité mais porteur pour l’opposition politique. Et les mouvement de grèves organisés par les syndicats d’Alcatel-Lucent obligent les différents partis de prendre position.
Illustration mardi dernier avec Ségolène Royal : la candidate socialiste pour l’élection présidentielle a entamé un dialogue avec les salariés des deux sites de Rennes d’Alcatel-Lucent menacés par un plan de licenciement. Selon les syndicats, 206 postes pourraient être supprimés localement dans le cadre d’un plan qui prévoit au total plus de 1400 suppressions d’emplois en France.
Lors de cette rencontre, Ségolène Royal « leur a exprimé sa solidarité et a dénoncé le manque de respect des salariés qui n’ont pas été informés de la décision des dirigeants » . La candidate socialiste a aussi « condamné l’inertie du gouvernement qui laisse partir des milliers d’emplois à forte valeur ajoutée ».
Concertation européenne
En interne, les réunions de concertation se poursuivent également. Dans la journée de vendredi, Alcatel-Lucent a réuni son Comité de groupe européen pour l’information et le dialogue social (Ecid).
La direction a émis la proposition de « renforcer le rôle d’échange et de dialogue du Comité de groupe européen en complément des procédures locales » .
Plusieurs autres réunions sont prévues « afin de poursuivre les échanges avec les représentants des salariés européens sur les enjeux stratégiques ». Un ton diplomatique qui rendrait jaloux le Quai d’Orsay.
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