Alerte aux « blockchains fictives » : Bercy épingle des ICO sans les nommer

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La cellule Tracfin évoque, dans un rapport sur les risques de blanchiment, des opérations de financement frauduleuses portant sur des « blockchains fictives ».

Les blockchains, un nouveau champ d’application pour la fraude et l’escroquerie ?

Tracfin l’affirme dans son dernier rapport sur les risques de blanchiment de capitaux et de financement du terrorisme.

La cellule de renseignement rattachée au ministère de l’Économie et des Finances distingue deux « cas récurrents » : les escroqueries pyramidales de type Ponzi et les opérations de manipulation de cours.

Sur ce dernier point, elle donne l’exemple d’une blockchain dont les concepteurs ont modifié la méthode de validation des transactions.

À l’origine était implémenté un consensus par preuve de travail. La validation des blocs s’effectuait, comme pour Bitcoin, par une mise en concurrence des nœuds pour la résolution d’un problème mathématique.

Les porteurs du projet ont capté, par ce biais, 80 % des unités de valeur émises.

Ils ont alors basculé sur de la preuve d’enjeu, où la validation des transactions est pondérée par la quantité de crypto-monnaie possédée. Ce qui leur a permis d’orchestrer des manipulations de cours.

La capitalisation des actifs circulant sur cette blockchain est montée jusqu’à 32 millions de dollars. En vendant au bon moment, les escrocs ont pu obtenir – et convertir, grâce à des cartes prépayées – une contrevaleur estimée à 20 millions de dollars.

Des blockchains vraiment virtuelles

Concernant les escroqueries pyramidales, Tracfin dit avoir eu connaissance de plusieurs sites Internet « proposant des blockchains fictives ».

Celle prise pour exemple a fait l’objet de plusieurs déclarations de soupçons. Elle a donné lieu à une opération de financement assimilable à une ICO, quand bien même Tracfin n’emploie pas le terme.

Les créateurs de la blockchain en question « proposaient aux investisseurs d’acheter sur internet des unités de valeur en monnaie virtuelle ».

La prétendue monnaie virtuelle était commercialisée par une société « domiciliée dans le golfe Persique » et détenant des comptes bancaires dans un État membre de l’UE.

Plusieurs dizaines de millions de dollars ont été collectés dans le monde pour cette blockchain promue par « une personnalité politiquement exposée d’un pays membre de l’Union européenne »… mais qui n’avait « aucune existence réelle », selon Tracfin : il ne s’agissait que d’un site Internet.

En octobre dernier, à l’ouverture d’une consultation publique sur le sujet, l’Autorité des marchés financiers avait souligné l’implication de certaines de ces opérations dans des activités de blanchiment.

Référence avait été faite à un rapport sur les monnaies virtuelles publié par Tracfin en juillet 2014. Le document ne fait pas mention des ICO, mais il aborde le cas des sites e-commerce fictifs.

Tracfin dit avoir reçu, l’an dernier, 178 déclarations de soupçon directement liées à des transactions en monnaie virtuelle, pour un total de près de 5 millions d’euros.

Les phénomènes les plus régulièrement recensés par les déclarants sont des cas d’intermédiation ou d’exercice illégal d’une profession réglementée (en l’occurrence, celle d’intermédiaire en opération de banque et de service de paiement).

Crédit photo : wuestenigel via Visualhunt.com / CC BY

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