Algorithmes et intelligence artificielle : la CNIL ouvre le débat public
Dans la lignée du lancement de la stratégie nationale sur l’intelligence artificielle, la CNIL ouvre un cycle de débats publics sur les algorithmes.
« […] Que nos concitoyens n’aient pas peur de ces technologies pour qu’elles puissent se développer avec tout leur potentiel » : ce souhait, Axelle Lemaire l’a émis vendredi dans le cadre du lancement officiel de la stratégie nationale France IA*.
« 65 % des Français ont peur de l’intelligence artificielle. Aux États-Unis, ce chiffre est de 22 % », a souligné la secrétaire d’État chargée du Numérique et de l’Innovation, concluant à « un enjeu d’appropriation par tous ».
La CNIL établit le même constat sur une problématique plus large : celle des algorithmes.
L’autorité administrative a retenu cette thématique pour lancer, conformément à la mission de réflexion éthique et sociétale dont l’investit la loi « pour une République numérique » du 7 octobre 2016, un premier cycle de débats publics.
Le « processus de discussion collectif » avec entreprises, institutions publiques et membres de la société civile a été amorcé ce lundi 23 janvier dans les locaux de la CNIL, où se sont tenues deux tables rondes (« Des algorithmes et des hommes » et « Loyauté, transparence, pluralité »).
@CNIL #AlgoEthique pic.twitter.com/tnW1jvdIXJ
— Eni Papadopoulou (@eni_papa) 23 janvier 2017
Vers un « pacte social »
L’échéance de l’automne 2017 est prévue pour rendre publique la synthèse des échanges et des contributions, dans l’optique d’élaborer un « pacte social » autour de l’utilisation des algorithmes à l’heure de l’intelligence artificielle. Entre-temps auront eu lieu des « manifestations multiformes » dont la CNIL « assurera la cohérence ».
Les ministères de la Culture et de l’Éducation nationale ont manifesté leur intention de prendre part au débat, tout comme la Ligue de l’Enseignement, ainsi que Sciences Po Paris et Sciences Po Lille.
Genotoul Societal (plate-forme sur les enjeux sociétaux des biotechnologies) est également dans la boucle, au même titre que la Société française et francophone d’éthique médicale, la Fédération nationale des familles rurales et l’Union nationale des associations familiales. Sans oublier le monde de la recherche, réuni entre autres au sein de l’Association française pour l’intelligence artificielle.
L’important dans les algorithmes : savoir ce qui entre et ce qui sort. Les Data qui le nourrissent et ses objectifs @Karmacoma #algoethique — Andréa Fradin (@FradiFrad) 23 janvier 2017
Craintes et fascination
Pour donner quelques repères aux parties intéressées (qui peuvent utiliser le formulaire mis à leur disposition pour contacter l’équipe de la mission « éthique et numérique »), la CNIL liste plusieurs ouvrages sur le sujet. Parmi eux, « À quoi rêvent les algorithmes ? » de Dominique Cardon et « La Vie algorithmique » d’Éric Sadin.
Un sondage Ifop – document PDF, 14 pages – vient appuyer le propos. Réalisé entre le 9 et le 11 janvier 2017 auprès de 1 001 personnes, il laisse entrevoir que la confiance à l’égard des algorithmes s’élève à mesure que le niveau de connaissance augmente.
En la matière, il y a encore des progrès à faire : si 83 % des sondés disent avoir entendu parler des algorithmes, ils sont 52 % à admettre ne pas « savoir précisément ce que c’est ».
Après rappel de la définition, 8 sur 10 considèrent que lesdits algorithmes sont « assez présents » ou « très présents » dans le quotidien. Et 65 % pensent qu’ils vont gagner en influence (72 % y percevant « plutôt » ou « tout à fait » un enjeu de société).
Reste que 64 % des interrogés y voient une menace en raison d’une accumulation de données personnelles, quand 53 % évoquent « une source d’erreur ». Ils sont par ailleurs 57 % à redouter une limitation des choix proposés aux individus, du fait que les algorithmes se basent principalement sur les expériences et les comportements passés.
Les CSP+ sont dits « mieux informés » ; les jeunes, « plus réceptifs à la nouveauté ».
Ma cervelle a beaucoup de mal à faire la jonction entre #algoethique sur la transparence des algorithmes et les résultats de la primaire PS.
— Laurent Chemla (@laurentchemla) 23 janvier 2017
* Une stratégie marquée par la constitution de 7 groupes de travail qui ont chacun pour première mission de proposer, d’ici au 14 mars, un plan d’action en rapport avec sa thématique de réflexion :