Alibaba prend le contrôle de Lazada : cap vers l’international
Alibaba se projette à l’international en prenant le contrôle de Lazada, qui exploite des sites marchands dans six pays d’Asie du Sud-Est.
Gros deal dans le secteur du e-commerce en Asie.
Le groupe Alibaba, poids lourd sur le marché chinois, s’ouvre une nouvelle fenêtre vers l’international en prenant le contrôle de Lazada.
Cette start-up de la galaxie Rocket Internet* exploite des sites marchands en Indonésie, en Malaisie, aux Philippines, en Thaïlande, à Singapour et au Vietnam.
En l’état actuel, ces six pays représentent un vivier de 200 millions d’internautes, soit environ un tiers de la population.
Le potentiel de croissance est d’autant plus important que seulement 3 % des ventes dans cette zone sont aujourd’hui réalisées en ligne, selon Bloomberg. Surtout que dans le même temps, l’adoption des smartphones s’accélère – le « point faible » restant les infrastructures de paiement.
Aux termes de l’accord passé avec Lazada, Alibaba pourra détenir jusqu’à deux tiers du capital en cas d’exercice de certaines modalités négociées avec les actionnaires.
Pour le moment, le groupe dirigé par Jack Ma investit 500 millions de dollars en nouvelles actions et débloque une somme comparable pour acquérir des titres existants auprès d’actionnaires parmi lesquels Rocket Internet.
La holding allemande revend 9,1 % du capital pour 137 millions de dollars. Elle conserve une participation de 8,8 %, qu’elle dit valorisée à « plus de 15 fois » le montant total de ses investissements dans Lazada (en l’occurrence, 21 millions de dollars). Ce qui signifie que la start-up serait valorisée à 1,5 milliard de dollars.
Alibaba n’avait encore jamais investi une telle somme hors de ses bases. Mais Jack Ma a défini la stratégie : réaliser, à terme, la moitié du chiffre d’affaires hors de Chine, contre 14 % sur le 4e trimestre 2015.
Pour li Yujie, analyste au RHB Research Institute de Hong Kong, Alibaba a choisi la bonne option : se développer à l’étranger en partant de zéro demanderait un énorme investissement en logistique. En sachant toutefois que sur ses deux derniers exercices annuels, Lazada n’est pas rentable : l’Ebitda est négatif en 2013 (- 58,5 millions de dollars) comme en 2014 (- 146,7 millions de dollars).
* Cotée en Bourse depuis fin 2014, la holding allemande Rocket Internet se positionne à mi-chemin entre le capital-risque et l’incubateur de start-up. Elle a fait émerger des dizaines d’entreprises dans l’Internet marchand comme Zalando (vente de chaussures en ligne), eDarling (rencontres), Linio (« l’Amazon du Brésil »), Lamoda (mode, Russie), Paymill (e-paiement, Europe) ou Food Panda (distribution d’alimentation en ligne, Asie).
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