Alibaba prend le contrôle du « YouTube chinois »
3,6 milliards de dollars. C’est la somme qu’Alibaba compte débourser pour acquérir la plate-forme vidéo chinoise Youku Tudou, à mi-chemin entre YouTube et Netflix.
Les ambitions d’Alibaba dans la vidéo en ligne ne font plus de doute.
Le groupe Internet chinois compte mettre 3,6 milliards de dollars sur la table – intégralement en numéraire – pour acquérir Youku Tudou.
Il possédait déjà une participation de 18,3 % au capital de cette plate-forme positionnée sur le créneau de YouTube, après un investissement de 1,22 milliard de dollars réalisé au printemps 2014.
Actuellement valorisé à 3,8 milliards de dollars sur le New York Stock Exchange (ligne de cotation : YOKU), Youku Tudou quittera les marchés publics à son passage dans le giron d’Alibaba. À l’issue de l’opération, le CEO Victor Koo conservera le poste qu’il occupe depuis la fusion, en 2012, de Youku et Tudou.
L’un des principaux objectifs de ce rapprochement était la réduction des dépenses d’exploitation. Il a globalement été atteint, mais les finances du nouvel ensemble restent dans le rouge : 55,2 millions de dollars de perte nette au 2e trimestre 2015, malgré un chiffre d’affaires en hausse de 57 % d’une année sur l’autre, à 259,6 millions de dollars.
Pour autant, Alibaba est prêt à débourser 26,60 dollars par action. Soit une prime de 30 % par rapport au cours de clôture de ce jeudi. Youku Tudou en ressortirait valorisé à 4,2 milliards de dollars.
Il faut dire que la plate-forme possède un atout : elle allie le modèle économique de YouTube à une expérience utilisateur proche de celle proposée par l’Américain Netflix. Elle affirme par ailleurs atteindre plus des deux tiers des internautes chinois, soit environ 400 millions de personnes. Un nombre en constante augmentation avec le développement du très haut débit mobile (réseaux 4G).
Depuis quelques années, Alibaba accélère la diversification de ses activités* au-delà du e-commerce et de la publicité. L’industrie des médias est l’une de ses priorités, face à d’autres « géants du Web » comme Tencent et Baidu, qui montent en puissance sur les jeux, les réseaux sociaux, la messagerie instantanée ou encore la recherche en ligne.
L’exploitation du format vidéo pourrait rendre plus attractifs certains services de l’écosystème Alibaba. Mais tout dépendra dans quelle mesure Pékin imposera des restrictions en matière de contenu. Le gouvernement cherche effectivement à serrer la vis comme il l’a déjà fait sur les chaînes de télévision.
* Aliyun pour le cloud, Alibaba Pictures pour les films, Tmall Box Office pour la vidéo à la demande, Sina Weibo pour le micro-blogging (prise de participation)…
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