C’est officiel : Deutsche Telekom et Telecom Italia ont annoncé un plan de fusion qui, s’il est approuvé par les autorités de régulation, fera du nouveau groupe le deuxième opérateur télécom de la planète. Dans une conférence de presse commune à Londres jeudi matin, Ron Sommer, le Pdg de Deutsche Telekom et Franco Bernabe, son homologue chez Telecom Italia, ont dévoilé les termes de leur alliance.
Après la fusion qui devra être achevée au plus tard en mars 2000, les actionnaires de Deutsche Telekom possèderont 56% du nouveau groupe et ceux de Telecom Italia détiendront les 44% restants. Dans un premier temps, les deux Pdg actuels dirigeraient ensemble le nouveau groupe, puis, après une ou deux années, Ron Sommer dirigerait seul tandis que Franco Bernabe prendrait la tête du conseil de surveillance. Sur ce point délicat, les deux opérateurs ont indiqué que la direction du groupe serait assurée de manière paritaire.
Le nouveau groupe dont le nom est resté secret emploiera plus de 300000 personnes. Les deux opérateurs ont indiqué que la nouvelle entité se classerait au deuxième rang mondial des opérateurs avec un chiffre d’affaires de 59,2 milliards d’euros juste derrière le japonais NTT. Sur le plan boursier, le nouveau groupe arrivera même en tête avec une capitalisation d’environ 162 milliards d’euros. « Deutsche Telekom ambitionne depuis longtemps de devenir un acteur mondial de premier plan », a commenté Ron Sommer, le Pdg de Deutsche Telekom.
Reste que le chemin à parcourir pour mener à bien la fusion est semé de nombreuses embûches. Les deux groupes devront avoir le soutien de leur gouvernement respectif et de la Commission européenne. Telecom Italia devra aussi se défendre d’une OPA hostile que le groupe italien Olivetti a toujours l’intention de mener contre lui en début de semaine prochaine. En prenant une part suffisante du capital de Telecom Italia, Olivetti pourrait carrément s’opposer à la fusion.
Enfin les deux opérateurs devront dissiper de nombreux « malentendus » avec leurs partenaires européens qui voient d’un très mauvais oeil ce revirement stratégique. En France, l’opérateur public a indiqué dans un communiqué laconique que « la prise de contrôle de Telecom Italia par Deutsche Telekom, réalisée sans la moindre concertation préalable avec France Télécom, était une violation explicite des accords » établis entre les deux opérateurs. Il a toutefois assuré que sa position n’était pas « significativement affectée » par la fusion. Ron Sommer avait pour sa part déclaré qu’il avait prévenu Michel Bon de ses projets et qu’il souhaiter continuer sa coopération avec France Télécom notamment au sein de Global One.
De son côté, l’Autorité de régulation des télécommunications (ART) a fait savoir qu’elle allait réexaminer la licence téléphonique accordée à 9 Télécom en cas de fusion. L’opérateur de téléphonie fixe détenu à 15% par le groupe Bouygues est une filiale à 85% de Telecom Italia et la fusion devrait modifier les conditions qui prévalaient au moment de l’attribution du préfixe 9.
D’une manière plus générale, les analystes prédisent déjà une recomposition complète et rapide du paysage des télécoms européennes dans les mois à venir. Pour John Moroney, consultant au cabinet d’études Ovum, le rapprochement italo-allemand « devrait provoquer une vague de fusions et d’acquisitions dans les mois à venir. Elle place British Telecom et France Télécom dans une position intenable et il est vraisemblable que les deux opérateurs fusionnent à leur tour. »
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