« Nous ne savons toujours pas comment organiser des dédicaces virtuelles ! », a déclaré Jeff Bezos, PDG d’Amazon.com, lors de la conférence de presse organisée lundi pour le lancement de la commercialisation de son livre électronique baptisé Kindle. Au-delà de la plaisanterie, la transformation de la technologie du livre est réelle. Le Kindle pourrait en effet bien être l’innovation majeure que le livre attendait, cinq siècles après sa création.
L’idée de lire des livres sur un écran électronique n’est pas nouvelle, mais Kindle est véritablement le premier à rendre cela possible. Pour 399 dollars (272 euros), Amazon propose un lecteur de livres électroniques, ou « e-books », équipé d’une technologie sans fil. Réalisant en effet que le Wi-Fi n’était pas accessible partout sur le territoire américain, Amazon a mis au point Whispernet, un réseau pour téléphones mobiles utilisé aux Etats-Unis, depuis lequel Kindle peut accéder au rayon Livres d’Amazon.com. « Whispernet, le service EV-DO qui permet de surfer sur le web, vérifier vos e-mails et de télécharger des livres électroniques: ce service est bien gratuit. », précise le site gadgets IT Gizmodo qui suit le sujet de près.
Chaque utilisateur du Kindle peut donc télécharger ses livres électroniques depuis l’endroit où il se trouve. Pas besoin de chercher un endroit précis pour se connecter. Cela s’avère extrêmement pratique si l’on part en voyage. Autre aspect : la longévité de l’appareil hors tension. Une fois chargé, le Kindle peut rester allumer pendant trente heures, selon ses fabricants. Autre détail technique qui fait la fierté d’Amazon : le poids du lecteur évalué à 300 grammes. L’équivalent du poids d’un livre à couverture souple.
200 e-books dans le Kindle
Il n’est pas nécessaire d’avoir un ordinateur ou un logiciel spécifique à installer pour synchroniser le terminal Kindle avec la librairie en ligne d’Amazon.com. Il n’existe pas non plus de notion d’abonnement pour accéder au catalogue. « Au lieu de faire des achats depuis votre PC, vous pouvez achetez directement depuis le lecteur. La boutique de livres se trouve à l’intérieur », a déclaré Jeff Bezos. Selon les premiers tests, le téléchargement d’un livre prend moins d’une minute. Le Kindle (qui signifie « allumer, enflammer » en anglais) peut contenir jusqu’à 200 e-books. Au-delà de ce quota, le reste peut être stocké sur une carte mémoire.
Quelque 90 000 livres sont accessibles en téléchargement dans la boutique d’Amazon pour Kindle « dont les best sellers du New York Times », souligne la firme Internet dans un communiqué de presse. Chaque e-book coûte 9,99 dollars (6,8 euros), soit l’équivalent d’un livre de poche neuf. Comme un certain nombre de terminaux électroniques, le partage des oeuvres numériques n’est pas son fort. Un détenteur d’un Kindle ne peut pas partager ses e-books avec d’autres personnes.
Ce nouvel usage peut en décourager plus d’un, comme le fait de lire un livre sur un écran. Amazon tente de répondre à cette appréhension en ayant recours à une « encre électronique » spéciale, dont l’apparence « se rapproche plus de celle du papier que de celle d’un écran d’ordinateur », précise Amazon dans une vidéo démo explicative.
Autres bémols flagrants : l’écran du Kindle n’est pas rétro-éclairé, comme c’est le cas des ordinateurs ou des téléphones mobiles à écran LCD. La technologie utilisée par Amazon ne permet en outre pas un affichage en couleur, mais uniquement en noir et blanc.
La presse mise à contribution
Outre le téléchargement de livres électroniques, le Kindle permet aussi de consulter des magazines, des journaux et des blogs accessibles sur Internet. Dans ce cas, le modèle retenu est l’abonnement sous forme de podcasting. Ainsi, pour 15 dollars par mois (un peu plus de 10 euros), Kindle télécharge automatiquement le quotidien Le Monde, ce qui représente une économie de six euros par rapport à la version imprimée du journal.
Pour moins de 2,50 euros par mois, les magazines Times, Forbes ou Salon seront également accessibles en téléchargement automatique. Idem pour une série les blogs, où chaque détenteur d’un Kindle peut choisir parmi 300 d’entre eux, pour une somme modique. On trouve par exemple TechCrunch, BoingBoing, The Onion, The Huffington Post, et de nombreux blogs sportifs.
De plus, Kindle est fourni avec un dictionnaire électronique et un accès à Wikipedia. Chaque lecteur dispose également d’une adresse mail personnelle, afin de pouvoir recevoir des documents Word, dont l’affichage reste basique.
Amazon applique aux livres la recette élaborée par Apple pour la musique. iTunes a en effet révolutionné la distribution et la commercialisation de musique en ligne par le biais de son iTunes Store et de l’iPod. Amazon s’attaque de la même façon au marché des livres qui ne semble pas si différent. A priori.
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