31 milliards de dollars de chiffre d’affaires, pour 22 milliards de bénéfices : c’est ce qu’aurait rapporté Android depuis le début de son exploitation commerciale, en septembre 2008.
À l’origine de ces révélations, la dénommée Annette Hurst, avocate d’Oracle. Elle a fourni ces éléments le 14 janvier dernier, dans le cadre d’une audience à San Francisco.
L’information n’est pas confirmée par Google, qui évoque des « suppositions » basées sur documents financiers confidentiels. Bloomberg, qui s’appuie sur le témoignage d’une source dite « proche du dossier », affirme que l’intéressée n’a pas précisé sa méthodologie.
Énième pièce constitutive d’un procès de fond* relatif à l’implémentation de la technologie Java au sein d’Android, la retranscription de l’audience était disponible sous forme électronique, auprès du palais de justice de San Francisco.
Google a demandé, ce 20 janvier, sa mise sous scellé, arguant que certains extraits – dont, on peut le supposer, ces indicateurs financiers relatifs à son OS mobile – contenaient des « informations extrêmement sensibles » qui n’auraient dû être « accessibles qu’aux avocats ».
Quelques heures après cette requête, le document avait disparu, comme le souligne Reuters.
Pour mieux saisir les enjeux de cette bataille entre les deux éditeurs, il faut remonter à l’été 2010.
Oracle déposait plainte contre Google aux États-Unis, l’accusant de violer, en développant Android, plusieurs brevets associés à la technologie Java. Au cœur du débat, la machine virtuelle DalvikVM, sur laquelle repose le système d’exploitation, et qui utilise Java et JVL, langages appartenant à Oracle depuis l’acquisition de Sun Microsystems.
La firme alors dirigée par Larry Ellison réclamait plusieurs milliards de dollars.
En 2012, le vent avait tourné en faveur de Google, la cour de district de San Francisco estimant que le groupe Internet n’avait pas violé de brevet : Java étant un produit open source, il est permis d’en créer librement un dérivé.
Pour Oracle, c’est plus subtil : si le cœur de Java est effectivement ouvert, ses API ne le sont pas. Un argument qui avait permis de renversé, en mai 2014, le jugement de premier instance : la justice avait estimé que certains éléments de code étaient effectivement couverts par la réglementation copyright.
Considérant qu’un tel état de fait pouvait affecter la liberté d’innover dans l’édition logicielle et mettre des freins à l’émergence de standards, Google s’était pourvu devant la Cour suprême, qui avait refusé d’attaquer le fond de l’affaire.
On en est donc de retour à San Francisco. Entretemps, Oracle a étendu sa plainte aux nouvelles versions d’Android. Du côté de Google, on peut encore se battre pour minimiser le montant des dommages et intérêts, ainsi que des royalties qui pourraient être demandées pour accéder aux API Java.
* Référence du dossier : Oracle America Inc. v. Google Inc., 10-cv-03561, U.S. District Court, Northern District of California (San Francisco).
Crédit photo : Asif Islam – Shutterstock.com
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