Android et chiffrement : la jonction n’est pas encore évidente
Le Wall Street Journal constate qu’il faudra du temps avec que le chiffrement se généralise sur les téléphones Android. Pour quelles raisons ?
Patience et longueur de temps seront nécessaires pour voir le chiffrement se généraliser sur les smartphones Android.
C’est ce qui ressort d’une enquête menée par le Wall Street Journal.
L’intérêt même du chiffrement fait consensus dans l’industrie, entre Google (éditeur d’Android) et les constructeurs de terminaux mobiles. Mais ça coince au niveau de l’implémentation.
D’un côté, les fabricants craignent que l’utilisation de cette technologie affecte les performances de l’OS, notamment sur les produits d’entrée de gamme. De l’autre, Google n’ose pas mettre trop de pression, de peur que ses quelque 400 partenaires se tournent vers des dérivés d’Android comme CyanogenMod.
Selon les experts interrogés par le quotidien américain, sur 1,4 milliard de téléphones Android en circulation dans le monde, moins de 10 % sont aujourd’hui chiffrés, alors que le taux est de 95 % pour l’iPhone.
Il faut dire que l’environnement est plus « favorable » au chiffrement chez Apple : la firme maîtrise à la fois le matériel et le logiciel, sur l’ensemble des téléphones de son catalogue, qu’elle peut donc plus facilement mettre à jour.
Et cela se ressent : 79 % des iPhone en circulation fonctionnent aujourd’hui sous iOS 9, dernière version du système d’exploitation, sortie en septembre 2015 ; 16 % tournent sous iOS 8, où le chiffrement est également activé par défaut.
Google a lui aussi tenté d’avancer dans le sens d’une activation par défaut. En septembre 2014, quelques semaines avant le lancement d’Android 5.0 « Lollipop », le groupe Internet avait communiqué la consigne aux constructeurs, en s’appuyant sur des tests menés en interne et qui avaient illustré un « impact négligeable » du chiffrement sur les smartphones.
Les expérimentations menées par les fabricants n’avaient pas démontré la même chose, si bien que Google avait fait marche arrière, sauf pour sa gamme Nexus vendue en marque blanche.
Un rétropédalage temporaire, comme en témoigne l’obligation faite aux constructeurs qui comptent exploiter Android 6.0 « Marshmallow » d’implémenter le chiffrement par défaut sur les terminaux haut de gamme.
À mesure que les configurations hardware progresseront (le haut de gamme d’aujourd’hui étant « mécaniquement » amené à devenir le milieu de gamme de demain), Google devrait être en mesure d’élargir le périmètre de cette consigne. Mais il faudra du temps : au dernier pointage officiel, seuls 2,3 % des appareils Android utilisent la dernière version de l’OS, lancée en octobre 2015.
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