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Anthony Levandowski : le pivot du conflit Google – Uber sur le véhicule autonome

Anthony Levandowski a-t-il, en parallèle de son activité chez Google dans le domaine des véhicules à conduite autonome, travaillé sur des projets concurrents et tenté de débaucher des collègues ?

C’est ce que prétend la firme américaine au sujet de celui qui fut son employé pendant près de dix ans… jusqu’à mettre brusquement les voiles en janvier 2016.

La publication, ce lundi, d’une demande d’arbitrage datée du 28 octobre dernier, a laissé entrevoir les accusations portées à l’encontre de l’intéressé.

À l’origine de cette procédure ouverte auprès des tribunaux de Californie, Google vise aussi un autre de ses anciens collaborateurs. Son identité n’est pas dévoilée, mais il s’agit probablement, au vu des éléments de contexte, de Lior Ron, avec lequel Anthony Levandowski s’est associé pour fonder Otto.

Cette start-up spécialisée dans les camions à conduite autonome est passée dans le giron d’Uber l’été dernier, pour près de 700 millions de dollars. Elle est aujourd’hui, au même titre que la plate-forme VTC, poursuivie par Google, pour usage illégal de secrets d’affaires et infractions à l’exploitation de brevets sur des technologies de télédétection par laser (lidar).

Droit constitutionnel

Il s’agit là d’une autre procédure que celle lancée contre Anthony Levandowski. Mais les deux dossiers sont étroitement liés.

L’ancien responsable du projet Google Self-Driving Car est effectivement le personnage central de cette saga. Notamment parce qu’il aurait téléchargé, avant de quitter son poste sans préavis, l’équivalent de 9,7 Go de documents confidentiels incluant des designs de cartes de circuits imprimés pour capteurs.

Uber, qui a rendez-vous au tribunal le mois prochain pour aborder cette question, estime que Google devrait plutôt se tourner directement vers Anthony Levandowski.

Problème : celui-ci s’est réfugié, sur recommandation d’un avocat criminaliste sollicité pour l’occasion, derrière l’un des droits que garantit le 5e amendement de la Constitution des États-Unis. En l’occurrence, la possibilité, pour une personne, de ne pas témoigner contre elle-même.

En conséquence, Google accentue la pression sur Uber pour produire en justice les documents qu’Anthony Levandowski aurait apportés avec lui.

La firme de Mountain View estime que 14 000 de ces documents lui ont été dérobés ; or, Uber en a produit moins d’un millier.  Ce qui lui fait dire que la société dirigée par Travis Kalanick n’a « pas fait tout son possible » et qu’elle « cherche à gagner du temps », alors qu’Anthony Levandowski reste, aux dernière nouvelles, responsable de l’activité conduite autonome.

De start-up en start-up

Dans sa demande d’arbitrage, Google remonte jusqu’en août 2012, date de dépôt des statuts d’Odin Wave. Cette start-up est basée au 2201, Dwight Way, à Berkeley. Une adresse associée… à Anthony Levandowski.

Les radars s’étaient véritablement braqués sur Odin Wave en juillet 2013. Constatant que la start-up avait commandé des pièces « sur mesure » très proches d’un modèle déjà fourni à Google, un fournisseur avait fait remonter l’information.

Questionné sur ce point, Anthony Levandowski a nié toute implication.

En février 2014, Odin Wave s’était rapproché de Tyto Lidar. À la tête de cette autre start-up positionnée sur le marché du véhicule autonome, on trouve le dénommé Ognen Stojanovski, un ami d’Anthony Levandowski.

Intéressé par Tyto, Google a pris contact avait pris contact avec la jeune pousse au printemps 2015. Sollicité à cette occasion, Anthony Levandowski n’avait pas fait part de sa proximité avec Ognen Stojanovski.

En mai 2016, Tyto était finalement passé dans le giron d’Otto, dont Anthony Levandowski et Lior Ron auraient posé les jalons dès l’automne 2015, d’abord sous la marque 280 Systems.

Dans ce cadre, les deux associés auraient multiplié les réunions avec des collègues chez Google pour tenter de les convaincre de rejoindre l’aventure Otto… au mépris des clauses inscrites à leur contrat de travail concernant les conflits d’intérêts. Ils auraient, pour rendre leurs propositions plus attractives, récupéré des données confidentielles relatives aux salaires et autres gratifications de leurs cibles.

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