Faudra-t-il bientôt, pour entrer sur le territoire américain, dévoiler aux douanes ses comptes de réseaux sociaux ?
Plusieurs propositions de loi ont été émises dans ce sens.
L’une d’entre elles, baptisée « Social Media Screening For Terrorists Act », va plus loin.
Son dépositaire, le sénateur républicain de Floride Vern Buchanan, veut imposer au département de la Sécurité intérieure un contrôle systématique des informations publiques disponibles sur le Net à propos des individus qui souhaitent séjourner aux États-Unis.
L’ensemble des ressortissants étrangers seraient concernés, y compris ceux qui peuvent bénéficier du programme d’exemption de visa.
Michael McCaul, président de la commission à la Sécurité intérieure au sein du Parlement U.S., avait donné, au mois de février, un avis favorable à l’égard de cette proposition qui reprend globalement celle faite par John McCain, sénateur républicain de l’Arizona.
Du côté du gouvernement, on a retenu une option moins stricte : la déclaration des comptes de réseaux sociaux serait facultative. Elle ferait l’objet d’un champ dédié sur le formulaire que les visiteurs remplissent à leur arrivée.
Les Services des douanes et de la protection des frontières y voient « un outil supplémentaire » dans leurs démarches de veille antiterroriste. Et une suite « logique » à la loi votée l’année passée par le Congrès pour ajouter des restrictions au programme d’exemption de visa, en réponse aux attentats du 13 novembre à Paris.
La rédaction du texte s’est accélérée avec les événements dramatiques survenus en décembre à San Bernardino. Le couple à l’origine de la tuerie – considérée comme la plus importante attaque terroriste sur le sol américain depuis le 11-Septembre – avait échangé des messages en ligne pour discuter de leur allégeance au djihad.
Pour Vern Buchanan, une déclaration facultative des comptes de réseaux sociaux « ne protégera personne ». « C’est une blague », estime l’élu, considérant que « les seuls qui partageront l’information seront ceux qui n’ont rien à cacher ».
Et de rappeler les propos d’un agent du contre-terrorisme : « Ils sont sur Facebook. Ils sont sur YouTube. Près de 90 000 comptes Twitter sont affiliés ou sympathisants de l’État islamique, avec pour certains près de 50 000 abonnés ».
Du côté du département de la Sécurité intérieure, on assure qu’il existe d’ores et déjà « plusieurs dizaines de cas » où les données publiques disponibles sur la Toile à propos d’individus peuvent être examinées sans avertissement, note le New York Times.
Au regard du canal de propagande qu’ils représentent pour les groupes islamistes fondamentalistes, les grands groupes Internet sont sollicités pour contribuer à la lutte contre le djihadisme et les incitations au terrorisme.
L’administration Obama les a réunis à plusieurs reprises pour mettre en œuvre des actions concrètes allant de la fermeture de comptes à la diffusion d’un contre-discours visant à discréditer la parole extrémiste.
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