Le nouveau collège de la Commission européenne, qui a pris ses fonctions en novembre 2014 sous la présidence de Jean-Claude Juncker, n’a pas su cerner la position concurrentielle de Google dans le commerce en ligne.
C’est, en substance, le propos tenu par John Donahoe. Le CEO d’eBay estime que Bruxelles se fourvoie dans son enquête antitrust lancée à l’encontre du groupe Internet de Mountain View, à défaut d’une approche pertinente sur la question des comparateurs de prix.
La procédure s’était accélérée le 15 avril dernier : quatre ans et demi après l’ouverture des investigations, la Commission européenne avait officiellement accusé Google d’abus de position dominante sur le marché de la recherche en ligne.
Point central du dossier : la multinationale favoriserait systématiquement son propre comparateur de prix (Google Shopping) dans les pages de résultats de son moteur de recherche général – lequel dispose d’une part de marché de 92,3 % en Europe au 1er trimestre 2015. Elle détournerait ainsi artificiellement le trafic des autres portails de type shopbot développés par des sociétés tierces.
A compter du 15 avril 2015, Google dispose de 10 semaines pour répondre aux griefs de Bruxelles et solliciter une audience formelle.
Dans sa défense, la firme évoque les zones grises qui existent aujourd’hui en matière de classification des acteurs du e-commerce. Elle se considère en l’occurrence comme une concurrente d’Amazon et d’eBay, dont les services respectifs concentrent « bien plus d’audience » (ComScore a relevé plus de 100 millions de visiteurs uniques sur les deux sites en Europe au mois de février, contre 13 millions sur Google Shopping).
Une position confirmée par certains analystes : ce n’est pas sur Google, mais plutôt directement sur Amazon ou eBay que les internautes formulent leurs requêtes pour des biens et services. Plus encore depuis que les deux portails américains ont fait évoluer leurs modèles respectifs pour toucher à la place de marché.
Pour John Donahoe, qui s’est confié au Financial Times, Google et eBay sont effectivement des « concurrents directs », contrairement à ce que prétendent les comparateurs de prix qui soutiennent l’action de la Commission européenne.
En tête de liste, le Britannique Foundem avait émis une alerte dès 2009. De l’avis de ses dirigeants, les sites marchands comme Amazon et eBay sont des plates-formes « autosuffisantes » sur lesquelles on peut finaliser des transactions ; alors que Google Shopping joue simplement un rôle d’intermédiaire encaissant une commission pour rediriger les internautes. Une différence qui exclurait toute concurrence directe entre les deux modèles.
Autre distinction évoquée par Foundem : alors que les moteurs de type Google Shopping listent des annonces de plates-formes concurrents, ce n’est pas le cas d’Amazon, eBay et consorts.
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