Antitrust – Europe : Google détournerait le trafic Internet vers ses propres services
L’enquête officielle visant Google se poursuit mais Joaquin Almunia, commissaire européen à la Concurrence, évoque un risque d’abus de position dominante. Le moteur devra procéder à des modifications.
Si Google s’extirpe en douceur du dossier antitrust à son encontre aux Etats-Unis, la partie risque d’être plus compliquée en Europe.
Une prochaine prise de position officielle de la Commission européenne ne saurait guère étonnante après une enquête qui a duré deux ans.
« La décision de la FTC n’est ni un obstacle pour la Commission européenne ni un avantage pour Google », déclare Joaquin Almunia.
L’état du marché de la recherche sur Internet est différent des deux côtés de l’Atlantique. Aux Etats-Unis, Google dispose d’une part de marché de 67%. En Europe, elle tourne autour de 90%.
Dans un entretien accordé au Financial Times (accès restreint), le commissaire européen à la Concurrence considère que le groupe Internet américain devra procéder à des modifications pour afficher les pages de résultats de recherche.
Au risque de se voir infligé une sanction pour abus de position dominante.
« L’enquête se poursuit, mais je suis convaincu que Google détourne le trafic vers ses propres services », déclare Joaquin Almunia. Ce qui constituerait une forme de concurrence déloyale.
« Ils monétisent ce type de service, la position forte qu’ils ont sur le marché général de la recherche et je crains que ce soit non seulement une position dominante mais aussi un abus de cette position dominante. »
Le 18 décembre, l’UE a donné à Google deux mois pour présenter des propositions détaillées et ré-équilibrer le fonctionnement de son moteur.
Joaquin Almunia reconnaît que les discussions avec Google « ne sont pas faciles » au regard de son profil de société « cible mouvante » (« moving target »).
D’un point de vue technique, il est difficile d’avoir une présentation synthétique : Google change son algorithme « 500 fois par an » et la présentation des résultats de recherche varie en fonction des pays.
Par rapport au cas antitrust de Microsoft qui fait figure de référence (et il existe encore des soubresauts), Joaquin Almunia estime que Google cherche à se « distinguer d’un point de vue tactique ».
Cela va-t-il suffire pour passer entre les mailles du filet de la Commission européenne ?
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