L’agence Getty Images a obtenu ce qu’elle avait réclamé à la Commission européenne : le statut de « partie intéressée »* dans le cadre de l’enquête antitrust actuellement menée contre Google sur le marché de la recherche en ligne.
Le groupe Internet américain est accusé d’abuser de sa position dominante pour favoriser ses propres services au détriment de ceux de ses rivaux, créant ainsi un déséquilibre concurrentiel.
Le 15 avril 2015, soit près de cinq ans après l’ouverture officielle du dossier, Bruxelles avait fini par adresser à Google une « communication des griefs ». En d’autres termes, une plainte formelle pour infraction aux lois antitrust en vigueur dans l’Espace économique européen.
Le comparateur de prix Google Shopping est le principal objet des investigations supervisées par Margrete Vestager.
La commissaire européenne à la Concurrence craint que le service soit « systématiquement mis en avant » dans les résultats de recherche générale (Google Search). Ce qui entraverait la concurrence tout en portant préjudice aux consommateurs, qui ne verraient pas nécessairement les contenus les plus pertinents en réponse à leurs requêtes.
Pour Getty Images, la même réflexion doit être appliquée à Google Images, dont les résultats, intégrés dans Google Search depuis 2007, ont gagné en visibilité il y a deux ans 2013 avec l’apparition de vignettes.
L’agence de photographie fondée il y a 20 ans par Jonathan Klein et Mark Getty s’inquiète de la manière dont le service – qui concentre « plus de 90 % des recherches d’images sur Internet en Europe » – est exploité. Elle estime que Google le met à profit pour rediriger le trafic vers son propre écosystème, « en s’assurant que ledit trafic n’aboutisse presque jamais sur les sites sources des contenus ».
Plusieurs pratiques seraient mises en oeuvre à cet effet. Notamment en matière de référencement : les liens vers la plate-forme Getty Images sera « placés très bas dans les résultats », voire fréquemment au-delà de la première page.
L’agence évoque également des problèmes de droit d’auteur : pour rediriger les internautes vers son propre moteur vertical de recherche d’images, Google utiliserait – et modifierait – du contenu sur lequel Getty Images a la propriété et/ou les droit de distribution. Par ailleurs, l’option permettant d’ouvrir les vignettes en plus grande taille favoriserait le piratage, les crédits étant de surcroît mal attribués.
Ultime grief : cet « environnement captif » permettrait à Google d’obtenir davantage d’informations sur les internautes susceptibles d’être un jour les clients de ses concurrents. Une « stratégie d’exclusion » qui toucherait indirectement « plus de 200 000 photographes et illustrateurs ».
* Aux termes du référentiel ISO 14001, une « partie intéressée » est un individu ou un groupe concerné ou affecté par la performance environnementale d’un organisme. Cela ne signifie pas qu’il y a dépôt de plainte de la part de Getty Images.
Crédit photo : rvlsoft – Shutterstock.com
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