Le 15 avril 2015, la Commission européenne adressait à Google une « communication des griefs » l’accusant d’avoir abusé de sa position dominante sur la recherche en ligne.
Cette plainte formelle pour infraction à la loi antitrust en vigueur dans l’Espace économique européen est une première depuis l’ouverture de l’enquête contre le groupe Internet américain en novembre 2010.
Pour constituer ce dossier, Bruxelles s’est appuyé sur les doléances communiquées par un certain nombre d’entreprises du numérique. Dans l’état actuel, elles sont une trentaine à avoir publiquement dénoncé l’emprise de Google. Mais on ignore qui s’est officiellement porté plaignant.
Reuters, qui s’appuie sur des sources dites « proches de l’affaire », évoque une vingtaine de sociétés dont les activités sont localisées entre l’Europe et les Etats-Unis.
Sur la liste figureraient des structures dont le business n’est pas directement impacté par le comparateur de prix Google Shopping, principal objet des investigations de la Commission européenne. Ce qui pourrait favoriser une extension de l’enquête, plus particulièrement à l’heure où les projecteurs sont braqués, en parallèle, sur le système d’exploitation Android.
Au moins deux groupes d’origine française auraient déposé une plainte formelle. En premier lieu, le « guide shopping » Twenga, qui était à la base un comparateur de prix… et qui avait déjà attaqué Google devant la Commission européenne en 2011 au motif d’une « concurrence déloyale » induite entre autres par l’algorithme de référencement Panda appliqué au moteur de recherche.
Autre Frenchie à avoir vraisemblablement rejoint le cercle des plaignants : 1plusV, fournisseur d’une technologie de recherche hybride (VSearch) et éditeur de portails verticaux aujourd’hui disparus comme E-musicpro.com ou Eguides.fr.
1plusV s’est déjà distingué à plusieurs reprises, y compris devant la justice française, en réclamant à Google une compensation financière au titre de « la ruine de ses activités ». Des procédures ont également été lancées au niveau européen, avec comme principal grief une « stratégie d’étouffement des moteurs de recherche verticaux ».
Outre ces deux entreprises de l’Hexagone, plusieurs comparateurs de prix figureraient sur la liste des plaignants : le Britannique Foundem, l’Américain Nextag et Visual-Meta, rattaché au groupe allemand Axel Springer.
Le site américain de services de proximité Yelp aurait également rejoint la boucle, tout comme les groupes médias allemands VDZ (Verband Deutscher Zeitschriftenverleger) et BVDZ (Bundesversband Deutscher Zeitungsverleger), mais aussi des agences de voyages en ligne (Expedia, Odigeo, TripAdvisor).
On s’agiterait par ailleurs dans l’univers de la cartographie avec Euro-Cities, Hot-map et Streetmap. C’est sans compter l’agrégateur italien nnpt.it, le site néerlandais Elfvoetbal (actualité du football)… et Microsoft, à la fois en son propre nom et en tant que membre du groupe de pression ICOMP.
Selon Reuters, 1plusV, Euro-Cities, Expedia, Foundem, Hot-map, ICOMP et Yelp sont les sept entités à avoir confirmé leur statut officiel de plaignant. Ils auront accès aux propositions formulées par Google et pourront défendre leur position si la multinationale – qui encourt une amende pouvant atteindre un montant de 6 milliards de dollars – sollicite une audience.
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