AOL France lance avec le soutien du câblo-opérateur NC-Numéricâble (filiale de Canal+) un service d’accès Internet à haut débit. Déjà commercialisée à Nice et dans 68 communes du Nord Pas-de-Calais, l’offre est disponible depuis le 17 janvier 2000 dans une vingtaine de villes des Hauts-de-Seine, sans oublier l’agglomération de Lyon. Du côté des tarifs, l’offre semble se révéler moins onéreuse que l’accès ADSL. Ici, il faut payer 325 francs TTC par mois pour profiter d’un débit en réception de 512 Kbits/s (128 Kbits/s en émission). Pour mémoire, l’ADSL coûte environ 440 francs TTC par mois (voir édition du 4 novembre 1999). La location du modem câble est incluse, mais ce prix ne comprend pas l’installation (700 francs environ). Bref, l’ADSL est un peu plus cher pour un débit similaire en réception, avec un coût d’installation proche. Pour en finir avec les tarifs, il faut aussi savoir que l’offre AOL NC-Numéricâble est plus avantageuse pour les abonnés aux services de télévision câblée de l’opérateur ou à l’abonnement AOL standard. Pour ces clients « fidèles », il faudra acquitter 299 francs TTC par mois. Attention, tous ces prix n’incluent pas la facture du service de télévision.
Intéressé ? Avant de répondre, sachez qu’il y a une ombre au tableau. AOL et NC-Numéricâble ont décidé de limiter le volume de données que chacun pourra transférer sur son ordinateur. Et ça c’est une première ! Le total en émission et en réception ne doit pas dépasser 1,5 Go par mois. Sinon, il faudra payer 20 francs TTC par tranche de 20 Mo supplémentaire ! Bref, gare aux gros téléchargements de fichiers vidéo ou de musique. Sachant qu’un film vidéo d’une heure compressé en MPEG 1 occupe environ 600 Mo, cette limitation est dommageable car l’Internet à haut débit est par nature indissociable du téléchargement de fichiers volumineux. AOL propose une alternative avec un forfait professionnel à 600 francs par mois pour un maximum de 4 Go de données par mois. C’est mieux mais il faut payer cher pour toujours être limité ! De son côté, l’ADSL n’impose aucune restriction en volume, en téléchargement comme en émission de données.
« La limite dépasse largement les besoins de la plupart des internautes », défend Corinne Lejbowicz, directrice des études et de la stratégie chez AOL France. « Durant nos phases d’expérimentation, nous avons remarqué que le volume moyen était de 350 Mo en émission et en réception. Evidemment, une minorité d’internautes peut télécharger de façon intensive. Mais si nous n’imposons pas de limite, nous risquons d’avoir 10% des utilisateurs qui saturent le réseau » et pénalisent l’ensemble des internautes, poursuit la responsable. C’est donc pour éviter les déboires de Cybercâble qu’AOL bride son accès câblé. On s’en souvient, le câblo-opérateur a divisé par quatre la bande passante de son service après s’être plaint des excès de certains internautes. Cette mesure de restriction a d’ailleurs déclenché la colère des abonnés, si bien qu’une procédure juridique suit son cours depuis plusieurs semaines (voir édition du 22 décembre).
Qu’en penseront les internautes de seconde génération ? Quelques petits calculs montrent qu’un habitué du Net à haut débit peut atteindre sans peine la limite de 1,5 Go. Imaginons un utilisateur lambda attiré par la musique, les jeux et la vidéo. En se connectant souvent sur les programmes d’une station radio branchée diffusant des vidéo-clips, un débit de 128 Kbits/s l’amène à grappiller plus de 200 Mo en quatre heures ! Ajoutez à cela le téléchargement rapide de bandes-annonces de cinéma ou de jeux en version démo, et le compteur grimpe d’autant. Sans oublier les nouveaux services qui profitent justement des hauts débits. Ainsi, regarder un film ou une vidéoconférence de deux heures en streaming consommera plus de 200 Mo. La naissance de nouvelles discothèques en ligne comme MP3.com (voir édition du 13 janvier 2000) ou plus tard Discosite (voir édition du 4 janvier 2000) promet même d’augmenter la consommation de hauts débits. « La limite évoluera peut-être dans le temps », tient à rassurer Corinne Lejbowicz.
Quoi qu’il en soit, les gourmands en téléchargement risquent de se tourner vers l’ADSL s’il est disponible dans leur commune. Malgré ses déboires techniques, le service concurrent Cybercâble de l’opérateur Lyonnaise Câble apparaît moins contraignante. Et encore… L’offre, qui sera de nouveau commercialisée d’ici deux mois, permet de télécharger autant de Mo que l’on veut. Mais il existe bien une limite en émission, à 125 Mo par mois. Elle pourrait même être associée à une deuxième restriction, ne donnant droit qu’à quelques Mo en émission par jour ! Cybercâble assure en effet que certains de ses clients ont monopolisé la bande passante en transformant leur PC en serveur, pour diffuser massivement des données. Conclusion : confrontés à ce type de restrictions, les internautes devront faire le tri pour surfer confortablement à haut débit…
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