AOL et Akamaï veulent changer l’Internet
AOL et Akamaï ont conclu un partenariat stratégique pour partager leurs compétences en matière de diffusion numérique. AOL amène ses clients et ses contenus, Akamaï fournissant pour sa part ses solutions de re-routage et de streaming.
Au moment où Internet commence réellement à intriguer le grand public, paradoxalement les fondements qui ont fait sa popularité sont en train d’être balayés les uns après les autres. Si l’idée du réseau communautaire gratuit et libertaire semble être à ranger aux oubliettes de l’histoire, on le doit principalement à quelques industriels ayant parié sur un Internet véritable médium de diffusion de masse. L’accord entre AOL et Akamaï va dans ce sens. A l’issue de cette alliance, AOL va utiliser les technologies développées par Akamaï en matière de diffusion de contenu multimédia en temps réel (streaming). Cela signifie que les abonnées d’AOL vont bénéficier d’une qualité d’image et de sons que pour l’instant AOL n’était pas capable de leur offrir. Autre apport dans la corbeille de mariage, les technologies qu’Akamaï maîtrise en matière de désengorgement du réseau. De son coté Akamaï accède par cette alliance à l’immense catalogue de contenus du groupe fraîchement créé, AOL-Time-Warner-EMI, ainsi qu’à ses 21 millions d’Internautes de par le monde.
L’acquisition d’Intervu, au début du mois, par Akamaï a du peser un poids certain dans la balance (voir édition du 8 février 2000). Grâce à cette fusion, Akamaï devient un acteur essentiel sur deux marchés complémentaires (streaming et engorgement), avec comme grande force des technologies dont des sociétés comme AOL ont besoin pour imposer leurs vues de l’Internet. Fort de ses 3 000 serveurs de par le monde (dont 1 000 obtenus par l’acquisition d’Intervu) et de clients comme Apple, la chaîne sportive câblée ESPN ou Road Runner (2ème fournisseur d’accès à l’Internet aux Etats Unis), Akamaï s’impose comme le leader du re-routage pour éviter les engorgements du réseaux. De plus avec Intervu, il possède un expert du streaming audio, marché porteur aujourd’hui, et un département recherche et développement bien placé sur le streaming vidéo, un domaine qui décollera en même temps que les liaisons Internet haut débit se généraliseront. Si Akamaï aujourd’hui perd de l’argent, 30 millions de dollars pour les neufs premiers mois de 1999, sa capitalisation boursière atteint déjà 28 milliards de dollars et la valeur attire les investisseurs.
L’idée derrière cette alliance est de baliser le parcours de l’Internaute de telle façon qu’il ne lui est pas nécessaire de sortir du chemin qu’on lui conseille. Un chemin sur lequel il découvrira évidemment du contenu fourni par la même société qui lui a déjà fourni l’accès. Même si l’on a besoin de sortir du chemin pour aller visionner une vidéo d’une autre prestataire, celle-ci étant transmise grâce au procédé technologique d’une société « amie », une trace est tout de même conservée. Finie la toile, bienvenue sur les autoroutes de l’information. Ces deux métaphores parlent d’ailleurs d’elles mêmes : alors que sur une toile on peut passer d’un point à un autre par de multiples chemins, sur une autoroute il n’y en n’a qu’un pour relier deux endroits. Autre détail significatif, une autoroute ce n’est pas gratuit. En général, l’infrastructure appartient à un concessionnaire qui perçoit un droit de péage à chaque fois qu’un usager utilise son « réseau ».
Au moment même où AOL place ses pions stratégiquement, on apprend d’ailleurs que le Netcenter, le portail de Netscape, devrait être converti en salon de démonstration des activité du groupe AOL-Time-Warner. Un super portail en quelque sorte où les utilisateurs (et en particuliers ceux d’AOL) accéderont aux actualité en temps réel (via le site CNN.com), pourront écouter de la musique en ligne (piochée dans le catalogue Warner-EMI) ou encore pourront télécharger des bandes annonces inédites de films (elles aussi provenant des catalogue Warner). On comprend mieux alors l’importance de l’accord passé avec Akamaï, maître d’oeuvre technologique de ce grand projet médiatique. Toujours dans la série synergie, on apprend que Netscape Navigator 6.0 (voir édition du 18 février 2000), qui fait aussi partie du giron AOL, comprendra dans son code des fonctions de messagerie instantanée (ce qui signifie, au choix, AOL Instant Messager ou ICQ, voire les deux) et que désormais on pourra visionner des films au moyen de ces dernières (grâce aux technologies d’Akamaï). Si en apparence, on pense avoir à faire à une palette de services différents, en réalité, on risque de se retrouver avec le même contenu quelle que soit la plate forme de communication.
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