« Netscape m’a engagé il y a trois ans, AOL me laisse tomber aujourd’hui. […] Dans la foulée, AOL abandonne Netscape. Netscape est mort », écrit Daniel Glazman sur son site personnel en date du 15 juillet 2003. L’homme fait apparemment partie des 50 employés qui viennent d’être licenciés par AOL, l’actuel propriétaire du navigateur racheté fin 1998 à l’entreprise Netscape (voir édition du 24 novembre 1998). Selon notre confrère américain Cnet qui s’appuie sur les propos d’un porte-parole du groupe américain, ces licenciements concernent moins de 10 % des employés de Netscape Communications. Et AOL continuera d’assurer la maintenance des versions actuelles du navigateur (la 7.1 étant la dernière en date) ainsi que du portail Web.
Mais sans la poursuite des développements, le navigateur Netscape est en voie de disparition. Les efforts d’AOL n’ont donc pas suffi à endiguer la domination de Microsoft dont le fureteur Internet Explorer (IE), livré en standard avec Windows, occupe plus de 90 % du marché des navigateurs. Pourtant, l’accord que l’éditeur de Redmond et AOL avaient signé au début du mois de juin 2003 (voir édition du 2 juin 2003) aurait pu laisser une lueur d’espoir à Netscape. Au terme de deux ans de procédure juridique, Microsoft s’engageait à fournir une licence gratuite pour une durée de sept ans qui devait permettre à AOL d’intégrer dans Netscape des technologies d’IE ainsi que des informations techniques liées aux futures versions de Windows. On le voit aujourd’hui, le résultat est à l’opposé de ce qu’il pouvait laisser espérer.
Respect des standards du W3C
La mort de Netscape marque-t-elle pour autant la fin du respect des standards ouverts du Web, définis par le W3C et sur lesquels s’appuyait le premier navigateur commercial ? Sûrement pas, même si la position dominante de Microsoft en la matière lui donne les moyens de les ignorer. En effet, les développements de Netscape s’appuyaient depuis quelque temps sur ceux d’un projet Open source nommé Mozilla, dont le moteur de rendu Gecko est exploité par nombre d’entreprises privées. Par ailleurs, la fondation Mozilla, qui vient de voir le jour, a pour but de rassembler des fonds afin d’assurer le développement du navigateur éponyme (aujourd’hui en version 1.4, voir télégramme du 3 juillet 2003), auquel AOL lui-même contribue à hauteur de 2 millions de dollars. Mitch Kapor, le développeur du tableur Lotus 1-2-3, dirigera la fondation et a généreusement versé 300 000 dollars. Un bon début, mais ces sommes sont minimes pour ce type de projet. Outre AOL, Sun Microsystems et Red Hat s’engagent également à soutenir le projet, dont Microsoft devrait suivre de près les évolutions.
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