Cette semaine, l’actualité d’Apple n’est pas seulement marquée par le lancement, dans douze pays dont la France, de l’iPhone SE et de l’iPad Pro 9,7 pouces.
On pourrait évoquer les tensions entre la firme et Bruxelles sur les questions fiscales, la confrontation avec le FBI dans le dossier San Bernardino ou encore l’affrontement qui se profile contre Samsung sur le marché du paiement mobile en Chine.
Mais ce serait oublier que la première capitalisation boursière mondiale – à environ 600 milliards de dollars – a soufflé sa quarantième bougie ce vendredi.
Le 1er avril 1976, les dénommés Steven P. Jobs, Stephen G. Wozniak et Ronald G. Wayne signaient les statuts portant création de la société.
Le choix de la dénomination « Apple » est sujet à controverse. Dans un interview accordée en 1984 au magazine spécialisé Byte, Steve Wozniak attribue la paternité du nom à Steve Jobs, qui travaillait parfois dans les vergers de son Oregon natif.
Dans son livre « West of Eden : The End of Innocence at Apple Computer » publié en 1989, Frank Rose apporte une précision : Steve Jobs affectionnait « l’image parfaite » de ce fruit, que ce soit pour ses apports nutritionnels, son apparence ou sa durabilité…
Steve Jobs avait eu l’occasion de côtoyer Steve Wozniak chez Atari. Les deux hommes avaient contribué au développement du jeu Breakout, d’abord exploité au format arcade.
C’est au Homebrew Computer Club – qui se réunissait dans un garage de Menlo Park pour parler micro-informatique – que le premier ordinateur d’Apple prend véritablement forme dans l’esprit de Steve Wozniak.
Alors employé chez Hewlett-Packard, ce bidouilleur de 26 ans est séduit par l’Altair 8800, que le constructeur américain MITS vend en kit. Il décide de produire une machine sur le même modèle, mais utilisable avec tout téléviseur et pouvant être agrémentée d’un clavier. L’idée germe dans son esprit depuis quelque temps déjà : il a notamment développé des compilateurs fortran et des interpréteurs basic.
L’Apple I prend forme sous son impulsion, avec le concours de Jobs, dans le garage des parents de ce dernier selon certains… ou dans la chambre de « Woz », au 11 161, Crist Drive à Los Altos, selon d’autres.
Livrée sans boîtier ni clavier, la machine est basée sur un processeur MOS 6502 à 1,023 MHz, vendu sept fois moins cher que l’Intel 8080 dont la plupart des ordinateurs sont équipés à l’époque. Elle dispose de 4 Ko de mémoire vive, capacité extensible officiellement à 8 Ko… et officieusement jusqu’à 65 Ko.
S’y ajoute 1 Ko de mémoire vidéo permettant un affichage sur 24 lignes de 40 caractères, à 60 Hz (standard NTSC). Steve Wozniak prend en charge la conception hardware et le langage basic intégré ; Wayne, la rédaction du manuel d’utilisation ; Jobs, le marketing, avec un prix fixé à 666 dollars.
La première présentation de l’Apple I a lieu en mai 1976 au Hardware Computer Club. Un distributeur local, le Byte Shop de Mountain View, manifeste son intérêt pour en acquérir 50 unités à 500 dollars. Pour honorer cette commande, Apple doit se procurer des composants.
Atari ne fait aucune fleur à ses anciens collaborateurs, qui essuient par ailleurs le refus de plusieurs banques pour un prêt. Biographe de Steve Jobs, Walter Isaacson affirme que le deal s’est joué chez le fournisseur local Cramer Electronics. Steve Jobs est parvenu à convaincre le dirigeant Paul Terrell de contacter le responsable du Byte Shop, qui lui a confirmé avoir passé commande. Apple obtient alors des composants et dispose de 30 jours pour les payer.
Face à ce risque, Ron Wayne quitte le navire, comme il l’a reconnu en 2013 dans une interview à NextShark. Associé à hauteur de 10 % du capital, il revend, pour 500 dollars, une participation qui vaudrait aujourd’hui plus de 60 milliards de dollars.
Le jour J, la commande est honorée, mais n’arrive pas dans l’état espéré par le Byte Shop, qui doit, pour tester la marchandise, se procurer des adaptateurs secteur (5 et 12 volts), ajouter claviers et moniteurs, tout en composant avec le fait que le basic n’était ni intégré en ROM, ni fourni sur un support de stockage externe.
L’unique connecteur d’extension sera rapidement mis à profit pour brancher une interface cassette et l’utiliser pour charger le basic. La réalisation du boîtier est confiée à un fabricant local.
Sur la côte Est des États-Unis, le premier revendeur à s’équiper est Computer Mart. Il popularise l’Apple I en l’intégrant dans un attaché-casé avec un écran 9 pouces.
À la fin de sa commercialisation en septembre 1977, l’ordinateur s’est écoulé à environ 200 exemplaires. Ceux encore en circulation valent aujourd’hui une fortune. L’un d’entre eux s’est vendu aux enchères pour près d’un million de dollars, en 2014.
C’est avec l’Apple II que la dynamique commerciale s’enclenche véritablement. Présentée en avril 1977 à la West Coast Computer Faire, la machine conserve le processeur MOS 6502, mais monte jusqu’à 64 Ko de RAM, propose un affichage couleur (6 couleurs en 280 x 192 ou 16 couleurs en 40 x 48) et embarque 8 connecteurs d’extension.
Du support cassette, la mémoire de masse passe rapidement aux disquettes 5,25 pouces avec l’interface Disk II – que le podcast « old school » Open Apple évoque à de nombreuses reprises.
Premier micro-ordinateur à trouver sa place dans certaines grandes surfaces, l’Apple II est d’abord vendu à partir de 1 298 dollars en 1978. Il est paré du logo qu’Apple utilisera jusqu’en 1998 : la « pomme arc-en-ciel ».
L’année suivante, une version à 1195 dollars apparaît, dotée de l’Applesoft BASIC, pour lequel Microsoft a pris une licence de 8 ans auprès de Microsoft (montant du contrat : 21 000 dollars). Le succès est au rendez-vous : de 7,8 millions de dollars en 1978, le chiffre d’affaires passe à 117 millions de dollars en 1980, année où Apple entre en Bourse.
La firme mise beaucoup sur les ventes en gros, avec un focus sur le marché de l’éducation. Elle accorde une importance particulière au logiciel avec, en tête de gondole, le tableur VisiCalc, considéré comme l’un des programmes qui ont introduit la micro-informatique en entreprise. La famille Apple II vivra jusqu’au cœur des années 1990 avec l’Apple IIe Platinum.
Tous modèles confondus, il s’en vendra entre 5 et 6 millions (Winnie Forster, « The encyclopedia of consoles, handhelds & home computers », 2005). Entretemps, de nombreux clones auront émergé, notamment en Union soviétique.
En 1983, le projet Lisa lancé cinq ans plus tôt aboutit avec l’ordinateur du même nom, pour « Local integrated software architecture ». Inspiré des stations de travail Xerox, il est l’un des premiers à posséder une interface graphique exploitant la souris comme principal dispositif de contrôle.
À 9 995 dollars avec son processeur Motorola 68000 à 5 MHz, son mégaoctet de RAM, ses deux lecteurs de disquettes 871 Ko, son disque dur externe de 5 Mo et son multitâche coopératif, le Lisa (premier du nom ; il y eut une deuxième version) n’est commercialisé que pendant un an, jusqu’à la présentation, le 24 janvier 1984, du Macintosh.
La publicité « 1984 », réalisée par Ridley Scott et dans laquelle Apple affiche une image d’anticonformisme, est restée dans les mémoires. Elle a même été réutilisée par des partisans de Barack Obama pour les élections présidentielles américaines de 2004. Par rapport au Lisa, on reste sur du 68000, mais le prix est divisé par quatre (2 495 dollars) et le format… réduit, avec un écran 9 pouces de 512 x 342 pixels en noir et blanc (1 bit).
Le Macintosh évoluera successivement avec 512 Ko de RAM (Macintosh 512k, en 1984), l’interface SCSI (Macintosh Plus, en 1986) ou encore un connecteur d’extension interne (Macintosh SE, 1987). Entretemps, de nombreux périphériques voient le jour, des imprimantes (LaserWriter, ImageWriter, Dot Matrix Printer, Letter Quality Printer, Scribe Printer) aux interfaces réseau (LocalTalk) en passant par la mémoire de masse, dont ce Hard Disk 20 qui se branchait sur le même port que les lecteurs de disquettes ou l’AppleCD SC, lecteur optique 1x (150 Kbit/s).
À la fin des années 1980, c’est la première véritable offensive dans le poste de travail « nomade » avec le Macintosh Portable et ses 7,2 kg. Une machine vendue plus de 6 000 dollars avec son écran LCD à matrice active et sa batterie à acide offrant 10 heures d’autonomie.
Quelques mois avant la fin de sa commercialisation, elle est mise à niveau avec notamment un trackball. Fin 1991 lui succède la série des PowerBook 100, composée de trois modèles qui reprennent globalement le même hardware, mais dans un format beaucoup plus compact (environ 2 kg) et un disque dur de série (20 ou 40 Mo ; plus de détails dans l’épisode 369 du podcast Retro Mac Cast).
Dans le même temps, Apple décline sa gamme desktop, tout particulièrement avec la famille LC / Performa, au format « pizza box ». 1994 marque le passage aux puces PowerPC, avec le Power Mac G3. Tout cela se fait sans Steve Jobs, qui a quitté le navire en 1985.
L’intéressé a toujours dit avoir été écarté par le conseil d’administration, à l’initiative de John Sculley, qu’il avait débauché en 1983 chez Pepsi-Cola pour prendre la tête d’Apple, après le départ de Steve Wozniak.
John Sculley a une autre version : Steve Jobs s’est volontairement éloigné pour créer NeXT – et racheter, par la suite, Pixar auprès de George Lucas. Il se serait attiré les foudres d’Apple et tentant d’emmener avec lui plusieurs de ses ingénieurs.
Au début des années 1990, Apple affiche encore une santé florissante, avec un chiffre d’affaires sans précédent, porté entre autres par un accord avec Adobe sur la création multimédia. Avance rapide jusqu’au milieu de la décennie, et c’est une autre histoire. La firme de Cupertino est au plus mal tandis que Microsoft – qui avait envisagé le développement collaboratif d’un OS – fait un carton avec Windows 95.
En 1997, Steve Jobs est propulsé à la tête d’Apple, qui a décidé de racheter NeXT. En position d’intérim, il ne redeviendra officiellement CEO qu’en l’an 2000. Ce qui ne l’empêche pas de prendre des initiatives, dont le lancement, en 1998, de l’iMac, qui séduit les nouveaux acheteurs par sa simplicité… et ses coloris, au-delà du premier modèle habillé du bleu azur des plages australiennes de Bondi.
En octobre 2001, changement de style avec l’iPod, énième « gadget » de la firme après les PDA Newton, le PowerCD, le Macintosh TV et la console Pippin. Mais cette fois-ci, la mayonnaise prend : le baladeur, vendu 399 dollars avec sa connectique FireWire et ses 5 Go de mémoire (« 1 000 chansons à 160 Kbit/s », disait Apple à l’époque), est écoulé à 600 000 exemplaires sur l’année 2012.
Le millionième iPod est vendu en juin 2003, année d’ouverture de l’iTunes Store. Le cent millionième trouve acquéreur en avril 2007.
Le 9 janvier de la même année, autre tremblement de terre sur la planète Apple : l’iPhone est dévoilé, après deux ans et demi de développement dans le cadre du projet « Purple 2 », doté d’un budget estimé à 150 millions de dollars.
Lancé le 29 juin 2007 aux États-Unis, l’iPhone se vend à 1,4 million d’unités en trois mois. Le ticket d’entrée est initialement fixé à 499 dollars pour la version 4 Go et 599 dollars en 8 Go.
Élu « invention de l’année » par TIME, il arrive en France au moins de novembre, sous le slogan « Apple réinvente le téléphone ». En tout, 6 millions d’iPhone trouvent acquéreurs. Dès lors, le catalogue est agrémenté, chaque année, d’au moins un nouveau modèle.
L’iPhone 3G est ajouté en 2008 ; il apporte le GPS et la 3G. L’iPhone 3GS suit en 2009 ; le S, signifiant « Speed », illustre l’augmentation des débits de la connectivité cellulaire, à 7,2 Mbit/s. L’année suivante, le voile est levé sur l’iPhone 4, son écran Retina et son multitâche avec iOS 4.
Mais un autre produit fait date : l’iPad, présenté le 27 janvier 2010 et lancé quelques semaines après aux États-Unis en version Wi-Fi (fin mai en France). Cette tablette de 9,7 pouces (1024 x 768 pixels) dotée d’un processeur ARM Cortex-A8 à 1 GHz, de 256 Mo de RAM et de 16, 32 ou 64 Go de mémoire interne est rapidement entrevue par les observateurs comme un concurrent des ordinateurs portables, plus précisément des netbooks. En présentant, début 2011, la deuxième génération de l’iPad, Steve Jobs réalise sa dernière prestation majeure face caméra.
Le 5 octobre de la même année, il succombe, à 56 ans, d’un forme rare du cancer du pancréas dont il avait été diagnostiqué en 2005. Un vibrant hommage lui est rendu par ses condisciples, dont Bill Gates, qui salue l’homme en 2013 sur CBS, sous le signe de la rivalité dans le respect.
Décrit dans les fichiers du FBI comme un manager « brillant », « intègre », à recommander « pour un poste de confiance et de responsabilité », l’emblématique dirigeant avait senti approcher l’échéance, démissionnant, quelques semaines en amont, de son poste de CEO. Tim Cook a pris le relais et guide aujourd’hui encore le navire, qui balance entre guerre des brevets, voiture connectée, publicité et réalité augmentée.
Crédit photo : Viktoria Roy – Shutterstock.com
Equipés de NPU, les PC Copilot+ peuvent déployer des LLM en local. Un argument suffisant…
Que vous soyez un novice dans le domaine informatique, ou avec un profil plus expérimenté,…
Les attaques de phishing utilisant des QR codes frauduleux intégrés dans des documents PDF joints…
Microsoft a amorcé le déploiement de Windows 11 24H2. Passage en revue des nouvelles fonctionnalités…
L'intégration de Copilot dans la suite bureautique s'accélère. Où trouver l'assistant IA et comment l'utiliser…
Microsoft annonce une phase expérimentale pour lancer Recall sur les PC Copilot+. Elle doit commencer…