Apple au centre du choix entre .Net et Java

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La course au contrôle du Web passe par un bras de fer entre Microsoft et sa stratégie .NET et une nébuleuse de sociétés animées par Sun autour de composants Java. La stratégie produit de Microsoft doit balayer le marché de Java. Apple se retrouve courtisée par l’un et draguée par les autres.

La guerre est déclarée entre Microsoft et le reste du monde : la firme de Redmond entend imposer son architecture .Net par tous les moyens et s’est engagée dans des opérations d’étranglement de sa concurrence tous azimuts. Sa concurrence ? Le couple Unix/Java qui est en train de s’orienter vers un front commun pour imposer J2EE (Java 2 Enterprise Edition) comme base des prochains services Web, grâce sa capacité à être utilisé sur tous les supports possibles. La dernière implémentation de la machine virtuelle Java présentée par Sun à JavaOne la semaine dernière doit être dix fois plus performante que sa version précédente sur les outils électroniques mobiles, tels que les assistants numériques ou les téléphones portables. Mais sans doute pas assez rapide pour endiguer la stratégie .Net : Sun est en train d’évaluer du code Java développé par Apple pour sa machine virtuelle. « Apple a développé des améliorations de la machine virtuelle qu’elle a rendues disponibles à Sun », a indiqué Kenneth Tallman, le responsable du programme Java de Sun à nos confrères d’Infoworld. Les améliorations réalisées par Apple permettent aux programmes Java d’être lancés plus rapidement sous Mac OS X. Cette amélioration souligne un des gros problèmes de Java : l’impression de lenteur qui s’en dégage. « Cela a toujours été un problème parce que Java, en tant que couche supplémentaire sur l’OS, a toujours souffert des problèmes de performances », confirme Alan Denison, le responsable Java d’Apple. Les efforts d’amélioration de Java et son rôle de standard reconnu doivent permettre de lui faciliter l’accès au marché en dehors de toute technologie propriétaire, pari que fait en revanche Microsoft en s’appuyant sur sa domination du marché des ordinateurs pour aboutir à un contrôle d’une partie significative des services Web par le biais de .Net.

Les entreprises regroupées derrière Java seront-elles assez rapides pour offrir des alternatives ? Déjà Microsoft tente de discréditer Unix dans une campagne organisée en collaboration avec Unisys, tout autant pour imposer son logiciel professionnel Windows dans le domaine des serveurs que pour sabrer le système sur lequel Sun et ses partenaires s’appuient pour imposer Java. Selon Microsoft, Unix est trop compliqué à gérer et demande trop de personnel qualifié. Bizarrement, la campagne du géant de Redmond, expliquée sur wehavethewayout.com tourne sur FreeBSD, un Unix libre (voir télégramme du 2 avril 2002). Mais Java semble une telle épine dans le pied de Microsoft que sa stratégie d’étouffement ne s’arrête pas là : elle est agrémentée d’outils permettant aux développeurs Java de sauter à pieds joints dans .Net, grâce à JUMP (Java User Migration Path to .NET), un assistant de conversion du langage Java permettant de préserver les codages Java pour les adapter à .Net. L’éditeur s’est en même temps emparé du code de Java pour le tourner à sa sauce et ne demander qu’un effort minime d’adaptation des développeurs pour qu’ils puissent embrasser sa stratégie plus facilement. Les principales batailles pour imposer Java et J2EE ou .Net sont déjà engagées : du côté de Microsoft, il s’agissait de couper l’herbe sous le pied de Java en ne l’implémentant pas dans Windows XP. Les possesseurs de PC équipés de XP n’ont donc pas accès d’emblée au potentiel de Java. Il leur faut télécharger la machine virtuelle disponible sur Internet. Un frein évident destiné à assurer la domination de .Net. Côté Java, les centaines d’acteurs du marché se sont trouvés prisonniers de l’attitude de Microsoft avec XP. « Personnellement, j’ai vraiment lu la licence XP et j’ai décidé que je ne pourrais pas la signer. Donc je suis passé au Mac », soupire le créateur de Java, James Gosling, un des dirigeants de Sun Microsystems.

Mac OS X fer de lance de l’anti .Net ?

Du coup, Mac OS X – dont Sun considère que l’implémentation de Java est la meilleure (voir édition du 28 mars 2002) – se retrouve très demandé par les spécialistes du domaine. Le langage lancé par Sun et sa version 2 destinée aux entreprises y sont fortement ancrés et optimisés. « Apple livre Java Web Start en standard dans Mac OS X 10.1. Cela leur donne un avantage gigantesque pour les entreprises », a souligné Bill Pataky, responsable produit chez Sun auprès d’OSOpinion. « Mac OS X dispose d’un environnement de runtime rapide comme l’éclair. On ressent vraiment la vitesse, grâce à l’accélération matérielle fournie par les boîtes à outil graphiques et à OpenGL. » L’avancée d’Apple dans le domaine est compréhensible : proposer le meilleur Java pour les informaticiens, c’est disposer d’une arme redoutable braquée sur .Net. Avec .Net appliqué partout, Windows finirait par devenir indispensable à tous les utilisateurs et aucun effort de Microsoft pour l’implémentation de .Net sur Mac ne permet de dire que l’éditeur entend mettre la plate-forme d’Apple sur un pied d’égalité avec Windows XP. Kevin Browne, le patron de la Mac BU de Microsoft, devrait intervenir sur le sujet le 10 avril 2002 à Mountain View, à quelques kilomètres de Cupertino. Il y a fort à parier qu’il dévoilera la stratégie .Net de Microsoft pour le Mac, histoire d’entretenir l’idylle qui l’unit à Apple (voir édition du 2 avril 2002). La plate-forme de celle-ci est donc devenue la nouvelle partie de bras de fer entre Java et .NET. La firme de Cupertino, qui entend poursuivre sa stratégie Java, s’est dite prête à évaluer une implémentation .Net. Et Microsoft sait désormais que s’il y a un ver dans sa stratégie, celui-ci a sans doute la forme d’une pomme !