Des zones grises entourent l’un des brevets qu’Apple a récemment ajoutés à son portefeuille technologique.
Au coeur du débat, une méthode de désactivation, à distance, d’un iPhone.
L’envoi d’un signal depuis un serveur central couperait certaines fonctionnalités ou bloquerait tout simplement le terminal en le plongeant dans un état de léthargie passagère.
A la lumière des atomes crochus qu’Apple est soupçonné d’entretenir avec les autorités américaines (affaire des identifiants UDID prétendument communiqués au FBI), les défenseurs des droits civils crient au scandale.
Leurs inquiétudes tournent autour de l’appareil photo et des interfaces de communication sans fil (Wi-Fi, Bluetooth, GPS), avec des doutes quant à la façon dont Apple compte en restreindre l’usage.
La firme de Cupertino évoque un souci de préservation de la confidentialité, dans certains lieux où l’usage d’un smartphone est malvenu : centres d’examen, salles de cinéma (violation du droit d’auteur), grandes entreprises, etc.
Le Daily Mail relève toutefois que ce brevet, référencé 8,254,902 dans les registres américains, décrit une méthode de désactivation d’un appareil connecté « pouvant nécessiter d’appliquer un blocage sans préavis dans certaines situations« .
Rien d’explicite dans ces grandes lignes, mais d’aucuns estiment déjà qu’il s’agit d’empêcher formellement l’utilisation de l’appareil photo et de couper l’accès aux réseaux sans fil dans les manifestations et autres rassemblements populaires impliquant les forces de police.
Ces dernières doivent désormais surveiller leurs moindres faits et gestes alors que leurs interventions sont systématiquement retranscrites, en photos ou en vidéo, désormais que tout badaud est en mesure de sortir de sa poche un téléphone équipé d’un capteur d’images.
Ce concept du « journalisme citoyen » ou « journalisme de rue », couplé à la puissance des réseaux sociaux, a révélé au monde de nombreux témoignages des atrocités qui ont émaillé des révolutions comme le Printemps arabe.
C’est en ce sens que Nick Pickles, du groupe de défense des libertés civiles Big Brother Watch, marque son indignation.
« Les téléphones mobiles modernes sont déjà des machines à espionner les consommateurs. Si un agence gouvernementale se met à les désactiver à loisir, cela devient contraire aux principes démocratiques« , explique-t-il.
Et d’ajouter : « Il y a quelque chose d’effrayant dans ce comportement, intolérable dans un pays de l’Ouest. […] Cela ne va pas aider à renforcer la confiance du grand public envers les autorités« .
Il est difficile de trouver un équilibre entre les enjeux de sécurité nationale et les abus préjudiciables au citoyen lambda.
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