Apple dans la course au Tablet PC ?
Grosse critique des observateurs de l’industrie informatique envers Apple : la firme ne s’est pas engagée, à l’instar de la concurrence, dans la course au bloc-notes portable, le fameux Tablet PC. Le concept semblant rencontrer un certain succès, les rumeurs de préparation d’une tablette par Apple renaissent.
Vendredi 28 mars, la société d’étude IDC dévoilait les premiers chiffres de vente des Tablet PC, ces ordinateurs que Microsoft présente comme une évolution naturelle des portables, en proposant notamment la reconnaissance de l’écriture cursive sur un écran tactile (voir édition du 17 septembre 2002). Le concept d’une telle machine avait été développé par John Sculley, alors PDG d’Apple, dans les années 80 (voir édition du 20 novembre 2002). Les ventes de ces ordinateurs – dont quatorze constructeurs ont déjà développé des modèles – se présenteraient bien, avec 72 000 unités écoulées au mois de décembre. Du coup, Apple est pointée du doigt pour ne pas avoir adhéré à cette tendance des constructeurs, ayant même déclaré que 2003 serait l’année du portable. Et de dévoiler les fameux PowerBook 12 et 17 pouces qui, après avoir fait parler d’eux pour leur modèle de conception (voir édition du 9 janvier 2003) ont déclenché les foudres de la clientèle, agacée par les retards de livraison de « Lapzilla » (ainsi qu’est surnommé le plus grand des deux portables, en référence au film Godzilla) et par les problèmes de surchauffe du plus petit PowerBook (Apple s’est vue obligée de rédiger une note technique pour rassurer ses clients). Mais la décision de la firme de rester à l’écart de ce marché émergent n’est pas jugée inquiétante par tous les observateurs, le marché du Tablet PC n’étant pour le moment que très marginal. Surtout, le lancement du Tablet PC, organisé autour d’une version spécifique de Windows XP, s’apparente plus à une tentative de relance de la consommation par l’introduction d’une innovation dont l’utilité même reste discutable !
De ce point de vue, Apple a bien d’autres soucis à régler : sa ligne de Power Mac se doit d’être renouvelée, après plusieurs trimestres de perte de vitesse, afin de redonner à son offre une locomotive digne de ce nom. Ce sont en effet le Power Mac et le PowerBook qui donnent le la aux autres gammes (les nouveaux processeurs apparaissant par exemple en priorité sur ces modèles). Force est de constater que si les portables professionnels se préparent un avenir radieux, leur cousin le Power Mac est plutôt atone ! D’autres chantiers méritent également plus d’intérêt de la part des laboratoires de Cupertino, en raison de l’arrivée sur le marché de l’architecture Centrino d’Intel. Ainsi, toutes ses machines se devraient maintenant d’être équipées au minimum du G4 pour que la clientèle profite à plein des applications multimédias de la firme. Or l’iBook ne l’est pas encore. Le chemin à parcourir s’avère donc une véritable marche forcée : pour maintenir son niveau de différenciation avec la concurrence, il devient nécessaire à Apple d’intégrer rapidement les plus puissants des processeurs à sa disposition dans ses lignes de produits (voir édition du 24 janvier 2003). Du coup, le recours au PowerPC 970 simultanément dans ses Power Mac et PowerBook n’apparaît plus comme une utopie, mais comme du simple bon sens. Dès lors, l’introduction d’une nouvelle machine de type Tablet PC appartient davantage au domaine du fantasme.
Une alternative aux Tablet PC ?
Parallèlement, une autre solution pourrait toutefois avoir effleuré les esprits des ingénieurs de Cupertino : l’introduction d’un terminal portable disposant de la reconnaissance d’écriture. Une sorte de périphérique, de la taille d’une demi-feuille A4, avec écran tactile, Airport, Rendezvous, et capable de se connecter à un ordinateur faisant office de serveur. Une configuration répandue dans le monde Unix. Cette architecture client-serveur est même mise en avant par Sun pour commercialiser ses solutions auprès de l’Education nationale en France. Reste qu’une telle rumeur, à l’heure où Apple s’apprête à intégrer de nouvelles puissances de calcul dans ses machines, peut prétendre à une certaine crédibilité. Les processeurs 64 bits que la firme devrait utiliser sous peu disposeront de la puissance nécessaire pour permettre la connexion à distance de tels périphériques et les traitements inhérents. Les dimensions de l’engin ont déjà fait l’objet de quelques bruits de couloir, des images sont même apparues sur le Web. L’engin pourrait déjà être entré en production, tout du moins sa coque en plastique.
Et les observateurs de la Pomme n’ont pas manqué d’évaluer les applications possibles d’un tel objet : pour MacBidouille, il s’apparente au chaînon manquant d’Inkwell, la technologie de reconnaissance d’écriture d’Apple. Pour d’autres, ce dispositif ne servirait pas seulement de « tablette » : ils y voient un terminal à bas coût pour une utilisation dans les écoles (un hybride pouvant se fixer sur un socle en classe), tandis que d’autres l’imaginent dans les entreprises pour de la prise de notes ou de la gestion de serveurs à distance sur réseau Wi-Fi ou par Internet. Enfin, il y a l’hypothétique utilisation à domicile, où la tablette pourrait tout autant servir à écrire des e-mails qu’à surfer sur la Toile ou à lire des séquences multimédias transmises par l’ordinateur de la maison. Très hub numérique ! Toutes ces configurations supposent l’utilisation d’un mode client-serveur, qu’Apple n’a pas encore vraiment mis en avant, en dehors de son logiciel Remote Desktop qui vient justement d’être mis à jour. Coïncidence ? Enfin, pourquoi ne pas permettre à ladite tablette de disposer d’une puissance de calcul, même lorsqu’elle est utilisée sur un mode nomade. Sur un site hotspot utilisant le Wi-Fi, par exemple (voir édition du 8 novembre 2002) : la Pomme a bien déposé le terme « Xgrid » ! Ce qui laisse supposer qu’elle pourrait fournir de la puissance de calcul à distance, comme commence à le faire IBM (voir le dossier de CRN). Dans une telle configuration, la tablette d’Apple offrirait plus, pour moins cher que les Tablet PC. Un rêve ? Peut-être pas tant que cela : l’idée circule depuis quelques années déjà (voir édition du 15 mars 2001), marquant bien que la réflexion est engagée depuis bien longtemps.