Souvenez-vous, c’était il y a six mois ! L’action Apple s’écroulait après une alerte financière que la firme avait émise. La horde des commentateurs et des spécialistes financiers se précipitait alors sur l’événement et en tirait une conclusion morbide : « La firme de Cupertino accumule les risques, sa fin est proche » ! Nous avions quant à nous tiré une toute autre conclusion, relevant la base installée de clients, le trésor de guerre de presque 30 milliards de francs en banque, le soutien indéfectible des éditeurs pour la firme, les clients fidèles… Devinez quoi ? Les analystes de Wall Street et notamment le New York Times viennent de tomber d’accord sur cette conclusion !
La désaffection de la bourse pour le titre Apple, qui était tombé à près de 14 dollars l’action (moins de 100 francs), a correspondu à un creux de la vague où beaucoup s’attendaient à un revirement du marché de l’informatique. Un spécialiste l’avait même prédit à l’été 2000. Cela signifiait-il véritablement qu’Apple était en si mauvaise posture que cela ? La réduction de plus de 50 % de la valeur de son titre reflétait-elle vraiment sa situation ? Et la chute du titre a-t-elle entraîné la chute des autres valeurs plus bas que nécessaire ? Non, non et non ! L’industrie informatique va vraiment mal, mais au milieu des géants qui mettent un genou à terre, le « nain » Apple se porte plutôt mieux.
L’arrivée de Mac OS X a créé un report d’achats
La bonne santé retrouvée d’Apple est sans doute due au fait que la firme a pu détecter très en amont de ses concurrents la désaffection du marché. « Nous avons vu le dos d’âne avant les autres », avait alors souligné Steve Jobs, lors d’une conférence avec les spécialistes. Le ralentissement des ventes d’ordinateurs qu’a connu la firme est plus dû à l’attente des consommateurs pour de nouvelles machines plus puissantes et configurées pour faire tourner Mac OS X. La surprise vient de là : il apparaît qu’un nombre important d’achats de systèmes Apple aient été reportés dans l’attente du lancement du nouvel OS. La relance de la firme ne fait donc que commencer et devrait voir la croissance soutenue des ventes de portables (voir édition du 11 décembre 2000).
Les observateurs l’ont bien remarqué et s’aperçoivent également des autres points de soutien sur lesquels Cupertino peut compter : sa marge de bénéfice sur les ventes est plus élevée que celle de ses concurrents (Apple vend ses machines plus cher, mais a réduit ses coûts de production en standardisant les composants…), la firme s’attend à une croissance de ses revenus de 10 à 15 % (elle a toujours pour objectif de passer de 3 à 10 % de parts de marché), sa base installée est de 24 millions de clients, d’une fidélité quasi indéfectible, une caractéristique que n’ont pas les autres constructeurs d’ordinateurs. Ajoutons à cela les efforts de la firme durant les derniers mois pour rattraper la situation : sur le marché de l’éducation par exemple, avec le rachat de PowerSchool, une firme spécialisée dans les contenus éducatifs, leader sur son marché, et qui l’oriente dans une stratégie de reconquête par les services à valeur ajoutée.
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