Apple grignote le marché de ses revendeurs

Mobilité

Apple a annoncé l’utilisation de la technologie dite « 1-Click », brevetée par Amazon, sur l’Apple Store. Ce procédé permet de se faire reconnaître immédiatement par le système lors d’un achat. Outre la polémique sur la brevetabilité des logiciels qu’elle a inspirée, cette technologie a également un fort impact sur la politique de distribution d’Apple. De quoi donner des doutes aux revendeurs quant à leur avenir.

L’Apple Store a fait peau neuve. Que vous soyez en France, en Allemagne, aux Etats-Unis ou ailleurs, vous pouvez désormais utiliser une fonction appelée « 1-Click », marque déposée et système breveté par Amazon. Cette fonctionnalité permet au marchand en ligne de ne faire saisir qu’une fois pour toute les informations concernant son client. Lorsque ce dernier revient faire des achats, un seul clic sur le bouton lui permet de valider son achat. Il dispose alors de 90 minutes pour modifier ou annuler sa commande. Le système repose bien sûr sur l’utilisation de cookies. Celui d’Apple est intitulé « AppleID » et permet déjà de reconnaître le client de l’Apple Store à son arrivée sur le site. Il ne restait donc plus à Apple qu’à ajouter la fonction d’achat intuitif, en un clic.

Bien sûr, il y a la polémique qui entoure le brevet déposé par Amazon (voir édition du 16 décembre 1999), et la brevetabilité des logiciels en général (voir édition du 11 juillet 2000). Mais pour Apple, l’adoption de la technologie « 1-Click » marque surtout une étape capitale dans l’évolution de sa politique de distribution. Bien sûr, il y a la démarche marketing dont rêve tout homme de l’art. Le client fournit ses données personnelles de son plein gré pour faciliter sa démarche d’achat. Mais il y a aussi la forte volonté d’Apple de pousser son site de vente en ligne… au détriment de ses revendeurs.

Déjà, certains produits de la Pomme ne sont pas disponibles ailleurs que sur le site. C’est le cas de MacOS X en version bêta, mais aussi du nouvel iBook édition spéciale en couleur « KeyLime », le nouveau vert pomme « fluo » dévoilé par Steve Jobs lors de l’Apple Expo (voir édition du 13 septembre 2000). Et ce n’est pas tout : depuis quelques semaines, le site propose à l’achat nombre de logiciels, dont certains jeux les plus vendus et d’autres particulièrement difficiles à trouver dans le commerce, comme le simulateur de combat Falcon 4.0. Produits en exclusivité et achats faciles, il n’est pas difficile de comprendre la colère des revendeurs.

Une partie de bras de fer est désormais engagée officiellement entre Apple et ses revendeurs (voir notre édition du 13 septembre 2000). La montée en puissance de l’Apple Store est ressentie par les petits distributeurs comme un acte de guerre. Steve Jobs a déclaré la semaine dernière au quotidien Libération qui lui demandait s’il ne risquait pas de heurter son réseau de revendeurs en proposant un coloris d’iBook uniquement sur le site d’Apple : « Nous sommes dans un monde de conflit entre les réseaux de distribution. C’est juste une vérité de la vie ». Interrogé par nos confrères de Radio MacPlus lors de l’Apple Expo, Thomas Lot, le directeur général d’Apple France, a par ailleurs détaillé les réseaux de distribution de la firme en France : l’Apple Store d’abord, les distributeurs spécialisés visant les entreprises et les grands comptes ensuite, et enfin la grande distribution. Apple n’est pas le seul constructeur à peser les avantages de la vente directe. Dans le monde PC, le spécialiste du genre, Dell, s’est accaparé une énorme part de marché et tous ses concurrents (IBM, HP, etc.) se sont lancés dans la même voie.

Pour en savoir plus :

* Le site de l’ADA

* L’achat 1-Click expliqué (en anglais)