Apple joue-t-elle avec les taux de change ?
Malgré l’avantage de l’euro sur le dollar, les tarifs européens de l’iPod Mini semblent bien élevés. Apple utilise-t-elle les taux de change pour se remplir les poches sur le dos des Européens ?
Si l’iPod Mini (voir édition du 7 janvier 2004) est bien en vente depuis le 20 février dernier au tarif de 249 dollars HT (196,64 euros) aux Etats-Unis, il devrait être disponible en Europe en avril à un tarif de 250 euros (316,58 dollars), toujours hors taxes. La différence de prix n’est pas mince : 53,36 euros pour le même appareil suivant qu’il est vendu d’un côté ou de l’autre de l’Atlantique. Plus de 21 % d’écart sur un objet dont le tarif est déjà perçu par de nombreux utilisateurs comme assez élevé. Traditionnellement, la Pomme explique ce différentiel par divers frais de gestion appliqués à la tarification américaine : risques de change, frais de conversion, coûts de transports… Mais le tarif européen de l’iPod Mini (299 euros TTC) dépasse de loin les niveaux de frais habituellement retenus par la firme sur ses produits grand public. Ainsi, l’iBook (voir édition du 23 octobre 2004) voit-il ces frais compris entre 13 et 17 %, tandis que l’iMac (voir édition du 20 novembre 2003) oscille entre 12,3 et 16,89 %. Seuls les PowerBook et les différents modèles de Xserve approchent le niveau retenu pour l’iPod Mini : 21,03 % pour tous les modèles de ces deux gammes, sauf le PowerBook 15 pouces combo (voir édition du 24 septembre 2003) qui se voit attribuer un taux de presque 18 %.
Une pratique courante
En retenant ce niveau de tarification, Apple démarque nettement son nouvel appareil de l’iPod classique, pour lequel on note des différences allant de 19 à 14 % selon les modèles. L’iPod, considéré par la firme comme un produit sans réelle concurrence, se voit ainsi aussi frappé plus fortement de la « taxe de change » sur son entrée de gamme (modèle fortement demandé) et moins sur le haut de gamme (concurrencé par d’autres produits). De tous les ordinateurs frappés de la Pomme, c’est donc l’iMac d’entrée de gamme qui est le moins frappé de la « taxe », tandis que l’iPod Mini (si le tarif annoncé par la direction française est maintenu) décrocherait le titre d’appareil le plus surtaxé. Il s’agit d’une pratique courante parmi les constructeurs informatiques : Dell applique également des taux de 13 à 21 % sur ses propres produits. Reste que les industriels semblent ajuster ce taux en fonction de la concurrence qu’ils rencontrent et de leur politique commerciale. Ainsi les produits les plus exposés à une guerre tarifaire (en général l’entrée de gamme) sont-ils proposés avec une « taxe de change » réduite, tandis que les produits dégageant beaucoup de valeur sont plus fortement « taxés ». C’est principalement le cas de la gamme Powerbook et des Xserve pour Apple. Reste une certitude : confrontée à une guerre des prix aux Etats-Unis, la firme de Cupertino se rattrape sur les marchés internationaux avec quelques produits clés qu’elle renchérit artificiellement sous prétexte de fluctuation entre l’euro et le dollar.