Le 29 juin 2007, Apple lançait, aux États-Unis, la commercialisation de l’iPhone.
Depuis lors, sept générations se sont succédé pour en arriver aux versions 5s et 5c. L’analyse des résultats financiers de la célèbre firme high-tech laisse suggérer que le cap des 500 millions de ventes vient tout juste d’être franchi.
Pour les équipes impliquées dans la conception du produit, les deux ans et demi qui ont précédé la sortie du premier modèle furent cruciaux. C’est tout du moins ce qui ressort du témoignage de Greg Christie. Dans un entretien accordé au Wall Street Journal, cet ingénieur logiciel est revenu sur les tribulations de Steve Jobs, entre enthousiasme et tergiversation autour de l’interface utilisateur, de l’écosystème applicatif et plus globalement des enjeux d’innovation.
Tout a commencé dans la « war room ». Située au deuxième étage du siège social d’Apple à Cupertino, cette petite pièce à l’accès hautement réglementé a vu naître, en 2005, le projet « Purple ». Confiées à un effectif réduit d’employés triés sur le volet, les démarches se sont accélérées lorsque le CEO Steve Jobs a posé, au mois de février, un ultimatum : « S’il n’y a rien de concret dans deux semaines, je délègue le dossier à une autre équipe. »
L’environnement logiciel s’est progressivement consolidé, avec la fonction d’appel depuis la liste de contacts, le « glisser pour déverrouiller », le lecteur audio, etc. L’une des questions centrales était celle du tout-tactile, y compris pour le clavier, avec un objectif : élaborer un téléphone proposant les mêmes capacités qu’un ordinateur personnel.
Pour Greg Christie, l’aventure avait débuté en 2004. Sollicité par Scott Forstall – l’un des hauts responsables de l’activité Software – pour collaborer sur le fameux projet confidentiel « Purple », l’ingénieur s’était rappelé sa contribution, huit ans plus tôt, au développement du Newton. Avec son écran tactile et son stylet, ce PDA jugé trop en avance sur son temps a connu un échec commercial dans les années 1990. Mais il en a convaincu plus d’un du potentiel d’un tel terminal « ultra-mobile » tenant dans une poche.
La naissance de l’iPhone est tout autant liée à l’existence de l’iPod. Steve Jobs craignait que la concurrence lance des téléphones tactiles dotés d’une fonction de lecture audio mettant en danger le baladeur de « la marque à la Pomme ». Une constellation de fonctionnalités s’est greffée autour de ce noyau : il a fallu mettre en place un système de défilement intuitif ou encore trouver un moyen d’afficher les SMS comme sur un outil de discussion instantanée.
Deux fois par mois, Greg Christie dressait un bilan d’étape, en privé avec Steve Jobs, dans la fameuse « war room ». A mesure que le projet avançait, de nouveaux top managers étaient mis dans la boucle. Notamment Bill Campbell (l’un des plus proches confidents de Steve Jobs) et Jonathan Ive, qui chapeautait le développement du panneau de verre protégeant l’écran de l’iPhone. Tous les membres de ce cercle restreint étaient soumis au secret professionnel. Il leur incombait notamment de travailler, à domicile, sur un ordinateur isolé inaccessible des autres membres du foyer. Il était également obligatoire de chiffrer toutes les informations numériques à propos de l’iPhone.
Venue l’heure des derniers préparatifs, Steve Jobs a pris en main le volet marketing en choisissant « Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band » comme musique pour la présentation officielle du smartphone. Parmi les ultimes modifications intervenues début 2007, la suppression de l’aperçu en écran partagé pour les e-mails, « pas adapté à un si petit écran », selon le charismatique patron d’Apple.
En sept ans, la firme de Cupertino n’avait jamais communiqué sur les origines de l’iPhone. Ses révélations sont stratégiques : elles interviennent avant le début d’un procès majeur contre Samsung. La notion d’innovation sera au coeur de l’argumentaire des deux parties. Apple accuse Samsung de violer plusieurs de ses brevets, parmi lesquels celui relatif au « glisser pour déverrouiller » (« slide-to-unlock »), dont la paternité est attribuée à… Greg Christie.
iPhone : une idée originale de Jean-Marie Hullot ? |
Diplômé de l’ENS et ancien chercheur de l’Inria, Jean-Marie Hullot figure sur la liste des « 100 personnalités françaises qui contribuent à la croissance du secteur numérique » dressée par l’entrepreneur Tariq Krim.Au début des années 2000, il aurait convaincu Steve Jobs de se lancer dans la téléphonie mobile. A la suite de cette rencontre, le CEO d’Apple a monté, à Paris, une cellule de réflexion autour de ce qui allait effectivement devenir l’iPhone. A cette occasion, Jean-Marie Hullot prenait le poste de directeur technique du service des applications au sein de la société. |
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