Apple se fait de l’autoconcurrence
Avec la présentation des nouveaux iMac et iBook, il devient bien difficile de choisir dans la famille Apple : les machines grand public sont quasiment aussi puissantes que les machines dites professionnelles (hormis les multiprocesseurs) et les portables sont quasiment aussi accessibles que les machines de bureau. De façon évidente, le remaniement de la gamme n’est pas terminé.
Le comble du raffinement marketing ! Ou du mauvais rêve pour les clients : Apple vient de réaliser la refonte de deux de ses gammes : l’iBook et l’iMac. Ce faisant, la firme bouscule toutes les règles de commercialisation traditionnelles. En l’espèce : ne jamais faire cohabiter des solutions dont les caractéristiques font qu’elles sont interchangeables ! Sinon, les ventes sont dites cannibalisées par tel produit au détriment de tel autre. Exemple, le portable grand public de la Pomme (voir édition du 9 juillet 2001) : la machine est assez puissante pour faire tourner les applications nécessaires pour un utilisateur lambda. La gamme vient tout juste d’être modifiée. L’entrée de gamme ne change pas : G3 à 500 MHz, écran 12,1 pouces et lecteur de CD-Rom. Seul le prix a été modifié, marchant un peu plus sur les plates-bandes de l’iMac (ancienne version, qui restera en catalogue jusqu’en mars). A 1 399 euros HT, la machine perd 70 euros (100 dollars aux USA), encore loin des 999 euros de l’iMac, mais la portabilité, la finesse et la mémoire en plus ! Ces machines paraissent interchangeables. Et le même cas de conscience peut sûrement se poser à certains professionnels si on compare le nouvel iBook doté d’un écran de 14,1 pouces au Titanium. Bien sûr, le second est basé sur un G4 mais il pèse plus lourd et est surtout plus cher : 2 600 euros contre 2 199 euros.
Nouvel iMac contre PowerMac G4
Même paradoxe avec le nouvel iMac (voir édition du 7 janvier 2002), en vente depuis la discours spectacle de Steve Jobs. La nouvelle machine a tout ce dont peut rêver l’utilisateur néophyte : une place au sol réduite (l’équivalent de deux pochettes de CD mises côte à côte), un écran plat de toute beauté (diminuant très largement la fatigue visuelle après de longues heures de travail) et surtout du répondant (le nouvel iMac embarque le processeur G4 jusqu’ici réservé aux professionnels). Ajoutez à cela la connectique ultra-simple (il n’y a qu’un fil comme sur l’ancienne machine), les solutions destinées aux utilisateurs (iPhoto, iTunes, iMovie et iDVD ainsi que l’Internet facile) et le silence religieux de son fonctionnement (il n’y a pas de ventilateur, comme sur la version précédente ou le G4 Cube). De quoi poser bien des questions aux professionnels ! Et c’est là que le bât blesse : le nouvel iMac, survitaminé, apparaît comme le tueur des PowerMac ! Du moins pour les modèles d’entrée et de milieu de gamme, qui sont concurrencés par la version 800 MHz à SuperDrive du nouveau venu. Pour 2 199 euros HT, même l’écran est inclus ! Le PowerMac G4, vendu à près de 2 000 euros, nécessite l’ajout de 700 euros pour profiter d’un écran 15 pouces Apple. Seule une réduction tarifaire en cours de 500 euros donne le change ! Mais on sent qu’Apple est en train de jongler. L’absence de baies d’extension pourrait manquer sur le nouvel iMac. Mais voilà bien son point fort : c’est le Cube, l’écran en plus et le prix en moins ! Tout ce qu’il faut pour attirer les PME-PMI, les grandes entreprises (pour en faire des terminaux) et les indépendants pour être débarrassés de la lourdeur et de la place des boîtes habituellement utilisées. D’ailleurs, la première commande de 1 000 machines émane de Genentech (voir édition du 22 août 2001), une entreprise spécialisée dans le décodage du génome humain. Mac OS X, désormais installé par défaut sur tous les Mac, s’y trouvera naturellement tout à son aise. Alors, l’iMac et l’iBook vont-ils cannibaliser les ventes professionnelles ? Réponse en avril.