D’Apple à Spotify : le streaming musical au rythme du big data
A travers leurs acquisitions de sociétés, Apple et Spotify laissent transparaître une volonté d’approfondir la dimension analytique dans leurs offres de musique en ligne.
Analyser ce qu’écoute l’utilisateur, déterminer ses préférences, cerner son état d’esprit, évaluer sa réceptivité aux tendances du moment, anticiper ses actions et lui recommander du contenu en conséquence : le big data ouvre une infinité de perspectives pour la musique en streaming.
C’est dans cet esprit que Spotify avait, en mars dernier, déboursé 100 millions de dollars pour s’offrir l’Américain The Echo Nest et son moteur de recommandation exploité par plusieurs concurrents (Deezer, Rdio, Rhapsody…). Apple a peut-être suivi la même logique en s’emparant du Britannique Semetric, connu pour sa plate-forme Musicmetric destinée à la collecte et à l’analyse de données sur l’univers de la musique en ligne.
L’opération aurait eu lieu en début d’année à en croire des documents officiels déposés auprès des autorités à Londres… et mis au jour par Musically. Le 12 janvier 2015, Semetric changeait d’adresse et se relocalisait au 100, New Bridge Street (London EC4V 6JA), c’est-à-dire dans les mêmes locaux qu’Apple Europe, représenté par le cabinet d’avocats Baker & McKenzie. Le même jour, Semetric avait livré des détails sur l’investiture, à son board, du dénommé Gene Daniel Levoff, qui n’est autre que le vice-président aux affaires juridiques chez Apple.
D’après le Financial Times, la firme de Cupertino a dépensé autour de 50 millions de dollars pour acquérir Semetric et sa plate-forme Musicmetric dont les différents maillons de l’industrie musicale se servent pour comprendre comment leurs oeuvres sont consommées et accueillies par le public.
Pour déterminer les recettes générées par l’exploitation commerciale, Musicmetric prend en compte les ventes sur des plates-formes de téléchargement légal comme iTunes, mais aussi les échanges sur le réseau BitTorrent, les vues sur YouTube et la diffusion sur des services comme Spotify et Last.fm. Elle scrute aussi les tendances sur les réseaux sociaux pour évaluer la réception des artistes, albums et chansons.
Ces interactions sont synthétisées sur le tableau de bord Musicmetric Pro, que l’on peut connecter à Facebook Insights et à Google Analytics. Parmi les critères de filtrage figurent le style de musique, la popularité sur un média social donné ou encore les lieux dans lesquels un artiste s’est produit.
Lancée en 2008, cette offre s’est élargie, au fil des années, à l’univers cinématographique, aux émissions TV et aux livres. Elle a permis à Semetric de lever 5 millions de dollars, dont 4,8 millions en janvier 2013 (source Crunchbase). A l’heure où la croissance des ventes de musique sur iTunes diminue, Apple est pressenti pour intégrer cette dimension d’analytique dans le service de streaming hérité, l’année passée, du rachat de Beats Electronics (pour 3 milliards de dollars).
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