Optimiste quant à l’évolution du marché des applications mobiles, Bruxelles émet davantage de réserves sur la question du « freemium« .
Adopté par un nombre croissant d’éditeurs, ce modèle économique pourrait concentrer 80% des revenus du secteur d’ici cinq ans, selon une récente étude du cabinet Distimo. Selon Viviane Reding, il sera nécessaire d’encadrer ce développement. Dans une logique de protection des consommateurs et tout particulièrement des enfants, la vice-présidente de la Commission européenne souhaite notamment imposer une plus grande transparence concernant les achats « in-app », ces dépenses réalisées à l’intérieur des applications mobiles.
Elle estime que dans l’état actuel, faute d’une réglementation définie, de nombreux contenus et services, tout particulièrement les jeux, sont présentés comme « gratuits » alors que certaines fonctionnalités ne sont accessibles qu’en échange d’un paiement. La frontière ténue entre les deux mondes a entraîné de multiples cas de transactions abusives, illustrés dernièrement aux États-Unis.
Pointé du doigt pour défaut d’information de ses clients, Apple a débloqué une enveloppe de 32,5 millions de dollars pour rembourser des parents qui s’étaient plaints de transactions réalisées à leur insu par leurs enfants, sur l’App Store. Une petite fille avait par exemple dépensé 2600 dollars via l’application Tap Pet Hotel (construction d’un hôtel pour animaux de compagnie).
Au-delà du préjudice financier se pose aussi la question de « la crédibilité de ce marché très prometteur », selon Neven Mimica, responsable de la politique des consommateurs. Conviés à la table des négociations aux côtés des autorités de contrôle nationales, éditeurs et plates-formes d’applications se sont vu soumettre plusieurs mesures, parmi lesquelles la mise en place d’un service après-vente par mail.
Il leur appartiendra par ailleurs de s’assurer que toute carte de paiement ne soit débitée qu’avec le consentement explicite de l’utilisateur, mais aussi que les contenus présentés comme « gratuits » n’induisent pas en erreur quant aux coûts réels impliqués. Il s’agira également de ne pas inciter directement les enfants – avec ou sans supervision d’un adulte – à acquérir du contenu payant.
Pour Bruxelles, le marché des applications mobiles emploie actuellement un million de développeurs informatiques et 800 000 personnes dans des fonctions commerciales et de support. Le secteur devrait générer 63 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2018, soit près de quatre fois plus qu’en 2013 (17,5 milliards). Et Viviane Reding d’en conclure : « La Commission européenne s’attend à des réponses très concrètes de l’industrie des applications quant aux préoccupations exprimées par les citoyens et les organisations nationales de consommateurs« .
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