ARCEP : Martin Bouygues ne veut pas d’une compétition 4G uniquement entre « opérateurs riches »
Le Président de Bouygues SA (propriétaire de Bouygues Telecom) souhaite une remise à plat des règles d’attribution des licences 4G (très haut débit mobile) pour éviter un effet d’éviction.
» Je suis favorable à un régulateur puissant mais intelligent, ferme mais équitable. » L’ARCEP n’a plus qu’à se tenir à carreau.
L’intervention de Martin Bouygues, Président de Bouygues SA (propriétaire de Bouygues Telecom), n’a pas manqué de panache lors du colloque ARCEP sur le thème « Innovation, investissement, régulation ».
« Ceux qui ont eu à définir l’environnement règlementaire de notre métier [le volet télécoms, ndlr] se sont trompés parfois lourdement », balance le patron de Bouygues. Considérant que le « régulateur a un droit de vie ou de mort sur les opérateurs ».
Avec la prochaine procédure d’attribution des licences 4G qui sera enclenchée fin mai (confirmée par Eric Besson ce matin), Martin Bouygues craint que les conditions de mises sur le marché avec un système d’enchères favorisent « les opérateurs les plus riches ».
Tout en écartant des challengers qui disposent d’une moindre assise financière (ce serait le cas pour Bouygues Telecom).
Face au système d’enchères qui sera sans doute retenu au final, le dirigeant du groupe Bouygues milite plutôt « pour un prix unique non négociable des licences attribuées par l’Etat ».
Autre risque perçu par Bouygues Telecom : « La quantité de fréquences garantira la qualité et le débit de service (…) Ce sera un avantage compétitif, abusif et discriminatoire. »
Pour éviter un effet d’éviction immédiat, l’opérateur mobile souhaiterait que le seuil de fréquences par lot attribué soit réhaussé (15 MHz au lieu de 10 MHz actuellement) « pour tout candidat recevable » dans la bande des 2600 MHz.
Par ailleurs, Martin Bouygues regrette que l’appel à candidature pour l’attribution des fréquences 4G dans la bande 800 MHz (couverture des zones rurales) n’impose pas de mutualisation.
Une solution qui permettrait à ses yeux d’apporter vraiment du très haut débit mobile dans les plus lointaines contrées.
Jean-Bernard Levy (Vivendi/SFR) et Xavier Niel (Iliad/Free) sont passés avant Martin Bouygues sur le plateau mais on retrouve des doléances communes : cessons l’instauration de nouvelles taxes jugées non légitimes sur les opérateurs (« je suggère aux opérateurs de faire apparaître clairement les prélèvements sur les factures de leurs clients, afin d’éviter que les consommateurs ne leur fassent porter le chapeau »). Et baissons les prix d’accès au réseau cuivre de France Telecom – Orange pour le dégroupage.
Comme ses prédécesseurs sur le plateau de l’ARCEP, Martin Bouygues regrettent les conditions dans lesquelles s’effectue le déploiement de la fibre fondé sur des réseaux parallèles. Synomyne « d’instauration de la concurrence par l’investissement et le cash-flow des opérateurs ».
« Aucun opérateur alternatif ne peut suivre France Telecom dans les zones moins denses », poursuit-il.
Le patron de Bouygues auraît aimé « la construction d’un réseau passif unique avec des réseaux actifs concurrents ».