Les informations et les rumeurs ne manquent pas ces temps-ci sur la plate-forme PowerPC ! Côté IBM d’abord : selon le souvent bien informé eWeek, Big Blue a bien été retenu par Apple pour ses prochains Power Mac. Le PPC 970, encore appelé GPUL à l’été 2002 (voir édition du 23 septembre 2002) et dont tout le monde parle depuis des mois, sera bien adopté par la firme de Cupertino et portera le nom de G5 pour préserver la lignée. Rumeur encore : IBM pourrait faire adopter à Apple la version appelée « Gobi » de son G3 (voir édition du 24 janvier 2003), voire introduire son propre G4 sur le marché (en substance, un G3 agrémenté du moteur vectoriel AltiVec de Motorola). IBM en maître de l’AltiVec, après avoir été son plus fervent détracteur ? Surprenant ! Big Blue a en tout cas beaucoup à apprendre dans ce domaine, sa première implémentation du moteur vectoriel ressemblant beaucoup plus à celle des anciens G4 qu’aux modèles les plus récents ! Surprise encore, mais cette fois-ci du côté de Motorola : le fondeur se réveille d’un long coma et annonce avoir intégré dans ses nouvelles itérations de puces PowerPC G4 le procédé Low-k dielectric, une technologie destinée à améliorer l’isolation entre les circuits des processeurs (voir encadré). Disponible depuis cette année, elle pourrait avoir permis à Apple de dépasser la fréquence officielle des G4 embarqués dans ses machines de bureau pour la porter à 1,42 GHz (un procédé appelé overclocking, habituellement réservé aux bidouilleurs d’ordinateurs). Dans le même temps, la firme dévoile l’arrivée sur le marché d’un processeur utilisant ladite technologie à 0,13 micron, disponible dans le courant du mois. Autant dire que celui-ci, le PowerPC 7457, pourra lui aussi être overclocké et dépasser ses limites officielles, soit entre 1 et 1,3 GHz ! Les estimations officieuses discutées sur quelques forums de l’Internet vont jusqu’à 1,85 GHz pour ce processeur, tandis que Motorola parle déjà d’atteindre ou de dépasser la barrière des 2 GHz.Une partie de poker menteurLa concomitance de ces informations (pour certaines invérifiables) s’avère troublante, à l’heure où l’avenir du PowerPC est imprévisible et où la consolidation de l’industrie microélectronique est à l’ordre du jour. Derrière les effets d’annonce et les rumeurs se dessine un champ de bataille touffu : d’une part Apple ferait les gros yeux à Motorola après la calamiteuse relation que les deux industriels ont entretenue depuis 1999 (on parle même d’actions en justice). De leur côté, les aficionados du Mac demandent la tête du fondeur de processeurs. D’autre part, la question de la rentabilité de Motorola suscite toujours l’interrogation : ses dirigeants avaient indiqué que l’activité serait à vendre si la rentabilité n’était pas au rendez-vous. Après les résultats désastreux de la firme la semaine dernière, la division semi-conducteurs se retrouve à nouveau sur le grill. Du coup, Siliconstrategies laisse entendre que STMicroelectronics pourrait reprendre l’affaire. Mais l’intéressé a démenti l’information : STMicroelectronics fait partie (au même titre que Motorola et Philips) d’un partenariat de recherche et développement qui utilise le centre de recherche de Crolles 2 situé dans l’Isère. Les différents acteurs y travaillent sur des technologies de gravure à 90 et 32 nanomètres (0,09 et 0,03 micron). Cette rumeur pointe du doigt la difficulté de conserver un pôle PowerPC à plusieurs têtes : cette activité a toujours été considérée comme viable si Apple faisait partie des clients de l’architecture. Mais sans elle ? Difficile à dire : il faudrait sans doute revoir le modèle économique, un sacré challenge pour un éventuel repreneur ! Ce qui est sûr, c’est que les différents acteurs jouent actuellement une partie de poker menteur : pour Motorola, il s’agit tout autant d’éviter de se faire traîner en justice par Apple que de redorer son blason dans la perspective d’une future acquisition. Pour IBM, il s’agit de montrer qu’il représente l’avenir de l’architecture PowerPC et adopte l’unité de calcul AltiVec. Mais Apple, de son côté, n’a pas vraiment intérêt à ce que l’activité de Motorola disparaisse : elle serait alors dépendante du seul IBM ! Comment préserver les intérêts de chacun ? La réponse risque fort d’être donnée dans les semaines à venir…
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